20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 17:00

Mitt Romney, favori de la course à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle américaine, a perdu sa victoire dans le caucus de l’Iowa, acquise aux dépens de Rick Santorum. Le premier de ses rivaux, Newt Gingrich, revient fort et bénéficie désormais du soutien de Rick Perry. Mais l’aile conservatrice du Parti républicain reste divisée.


Dure journée pour Mitt Romney. L’ancien gouverneur du Massachusetts a subi deux coups durs jeudi, à deux jours d’un rendez-vous électoral lourd d’enjeux en Caroline du Sud. A commencer par le retrait de sa victoire dans le caucus de l’Iowa, premier scrutin de la course à l'investiture dont Mitt Romney reste le favori. Le Parti républicain a publié un nouveau décompte des voix. Cette fois, Mitt Romney ne bénéficie plus de la faible marge de huit voix sur Rick Santorum. Ce dernier possède 34 voix d'avance selon le dernier décompte… Mais les résultats de huit circonscriptions restant introuvables, le Parti républicain a préféré proclamer une égalité entre les deux candidats.


Ce retournement vaut surtout pour son influence potentielle dans la suite de la course. "Le caucus de l’Iowa apporte surtout un effet d’entraînement dont Mitt Romney a déjà bien profité après l’annonce de sa victoire", assure Soufian Alsabbagh au JDD.fr. Tout juste cette péripétie apporte-t-elle "un peu de folklore électoral", estime l'auteur d'une biographie sur Mitt Romney. L’Etat ne compte que 28 délégués sur les 2.286 qui désigneront l'adversaire de Barack Obama lors de la convention du 27 août. Et les représentants de l'Iowa seront libres de leur choix au moment de la désignation du candidat républicain. Pour autant, cette nouvelle "complique la situation de Mitt Romney à deux jours de la primaire de Caroline du Sud", explique Tom McGrath au JDD.fr, représentant en France du Parti républicain : "Il n’apparaît plus comme le candidat inévitable présenté après ses deux victoires dans l’Iowa et le New Hampshire."


Perry se retire et soutient Gingrich


Plus que Rick Santorum, le danger pour Mitt Romney est incarné par Newt Gingrich. La candidature du conservateur, auteur de prestations remarquées dans les débats opposant les derniers candidats encore en lice, est désormais renforcée par le retrait de Rick Perry. Le gouverneur du Texas, candidat conservateur du Sud, évoluait sur un créneau similaire à celui de Newt Gingrich. Dépassé dans les sondages, Rick Perry a annoncé jeudi son soutien à l’ancien chef de file des Républicains à la Chambre des représentants, leader de l’opposition pendant les mandats de Bill Clinton.


"La question désormais est de savoir si ce soutien sera suffisamment important pour faire pencher la balance à deux jours de la Caroline du Sud", interroge Soufian Alsabbagh. Plus que les voix qu’il représente (moins de 5% d’intentions de vote pour le scrutin de samedi), le retrait de Rick Perry va désormais libérer l’espace à la droite de Mitt Romney. Pour Tom McGrath, "Newt Gingrich revient à la faveur de ses performances en débat. Maintenant, il va avoir dix minutes de plus pour s’exprimer". "Gingrich a maintenant le momentum. La réponse de Romney passera par un bon débat jeudi soir avec un véritable face à face avec Gingrich", confirme Soufian Alsabbagh.


Gingrich encore limité


Mitt Romney fragilisé, Rick Perry hors du champ, la voie serait-elle libre pour Newt Gingrich? Pas tout à fait. L’aile conservatrice du Parti républicain reste divisée, là où de plus en plus d’électeurs semblent s'accommoder d’une candidature de Mitt Romney. Paradoxalement, la révision des résultats dans l’Iowa serait même "une catastrophe pour Newt Gingrich" aux yeux de Piere Toullec, président de l’association des Amis du Parti républicain, également sollicité par leJDD.fr. "Rick Santorum est renforcé. Il va pouvoir en profiter pour faire les gros titres et dire qu’il fait partie des deux leaders de la course", assure-t-il.


Pour lui, un seul scénario permettrait une victoire de l’aile conservatrice du Parti républicain : "une défaite de Santorum en Caroline du Sud et une large victoire de Gingrich pour forcer à une alliance". Longtemps en tête des intentions de vote pour samedi, Newt Gingrich (26%) a été dépassé par Mitt Romney (33%) après le caucus de l'Iowa. Il lui reste un débat, jeudi soir, pour inverser la tendance. "Avec quelques mauvaises surprises pour Romney et quelques bonnes surprises pour Gingrich, ce qui semblait inévitable – la désignation de Romney – est remis en question", confirme Tom McGrath.


Benoit Vittek - leJDD.fr

jeudi 19 janvier 2012

 

Interview à retrouver sur Internet ici : http://www.lejdd.fr/International/USA/Actualite/La-primaire-republicaine-chamboulee-463057/

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20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 14:28

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Newt Gingrich s'en est violemment pris aux médias lors du débat républicain d'hier soir

en Caroline du Sud (Photo John Moore / Getty Images)

 

 

A moins de vingt-quatre heures de la primaire capitale de Caroline du Sud, il semble qu'il ne reste plus qu'un seul homme qui puisse priver Mitt Romney d'un couronnement que personne n'aurait prévu aussi rapide il y a quelques semaines. Après deux solides performances en débat cette semaine, Newt Gingrich arrive à pleine vitesse sur le "Palmetto State" : l'écart entre Romney et lui ne cesse de faiblir dans les sondages. Laissé pour mort par Romney et Santorum après l'Iowa, l'ancien Speaker peut-il revenir dans la course ?

 

Depuis 1980, l'Etat qui avait déclenché la guerre de Sécession a fait un sans-faute lorsqu'il s'est agi de deviner le nom du futur nominé républicain. En outre, depuis Reagan, tous les futurs présidents se sont imposés en Caroline du Sud lors des primaires de leur parti. La symbolique de la victoire, d'un point de vue historique, sera donc très importante demain. Mais surtout, il s'agit de se détacher aux yeux du public avant une primaire sans doute plus importante encore en Floride, le 31 janvier.

 

Jusqu'au premier débat de la semaine, ce lundi, Mitt Romney était perçu comme le leader intouchable dans le "Palmetto State". L'ancien gouverneur du Massachusetts se faisait fort de ses deux victoires initiales en Iowa et dans le New Hampshire plus tôt dans le mois, ainsi que de ses nombreux soutiens politiques et de sa manne financière : Romney est celui qui a le plus investi dans les spots télévisés en Caroline du Sud. Selon NBC News-Marist, le candidat mormon devançait Gingrich de dix points mardi, 34% contre 24%. Un gouffre à seulement cinq jours de la primaire.

 

Seulement, n'ayant plus rien à perdre lundi dernier, Newt Gingrich a joué son va-tout dans le premier débat de la semaine. Précis, éloquent et parfois charmeur, l'ancien président de la Chambre des représentants s'est acquis les faveurs de l'audience ainsi qu'une seconde chance auprès des électeurs. Sans être mauvais, Rick Santorum et Mitt Romney n'ont rien pu faire pour stopper le début de ce qui allait être la tornade Gingrich.

 

En effet, ce dernier a profité du retrait de course du gouverneur du Texas Rick Perry, qui avait perdu toute crédibilité à l'automne en raison de piètres performances en débat. Perry ayant décidé se soutenir officiellement Gingrich hier, celui-ci pourra profiter samedi d'un report de voix estimé entre 3% et 7%. Malgré le soutien réduit dont jouissait Perry, cela pourrait faire la différence contre Romney en cas de scénario serré. Les derniers sondages sont d'ailleurs sans appel : selon l'institut Public Policy Polling, Gingrich repasserait devant Romney, 35% contre 29%. Loin derrière, Ron Paul et Rick Santorum sont à 15%.

 

Le soutien de Perry était hier contrebalancé par les révélations accablantes de libertinage de l'ex-femme de Newt Gingrich, Marianne Gingrich. Celle-ci a révélé à la presse que l'ancien Speaker la trompait en toute impunité à la fin des années 1990, dans leur appartement de Washington avec une stagiaire nommée Callista Bisek, devenue par la suite Callista Gingrich. Or, en ce temps-là, Newt Gingrich menait la fronde républicaine contre les frasques du président démocrate Clinton, secoué par l'affaire Lewingsky. Un comble, et surtout, une terrible accusation auprès de l'électorat républicain de la Caroline du Sud, dont 69% se décrivent comme "conservateurs".

 

Qu'importe, Gingrich a très habilement fait de cette tare un argument de séduction auprès du public. Hier, John King, le modérateur du débat organisé par CNN, a choisi de débuter la joute en demandant une explication à Gingrich sur les révélations de son ex-femme. L'intéressé a provoqué une "standing ovation" du public par sa réponse : "Je crois que la nature destructrice, vicieuse et négative des médias rendent ce pays plus difficile à gouverner (...) Je suis outragé que vous commenciez un débat présidentiel par un tel sujet".

 

 

 

De son côté, Rick Santorum a été très convaincant tout au long de la soirée d'hier. Mais avec sa réponse musclée d'entrée de jeu, Newt Gingrich a tué tout suspense. Comme le dit si bien ce matin Maggie Haberman, de Politico, "aux points, Santorum a gagné le débat. Malheureusement, un débat ne se gagne pas aux points, mais sur les moments clés". Clairement, ceux-ci ont été pour Gingrich : il n'aura suffi que d'une seule réponse de l'ancien Speaker pour écarter toute attaque de ses concurrents hier soir.

 

Si Gingrich en venait finalement à inverser la tendance demain et battre Mitt Romney, il se placerait dans les meilleures conditions possibles pour aborder la primaire de Floride dans dix jours. Dans le "Sunshine State", qui applique la règle du "winner takes all", seule la victoire compte : celui qui arrive en premier en termes de voix remporte tous les délégués de l'Etat. En dépit de l'avantage significatif de Romney en termes de financement et d'organisation, la course serait complètement relancée si Gingrich gagnait en Caroline du Sud.

 

A l'inverse, si l'ancien homme d'affaires parvient à résister jusqu'au bout, alors son investiture sera quasiment certaine. Avec trois victoires en trois scrutins, ses adversaires n'auraient aucun moyen de faire survivre leur campagne car Romney aura pris trop de vitesse pour être stoppé. Les résultats risquent d'être serrés demain soir, mais il semble que Newt Gingrich a plutôt l'avantage : réussira-t-il son comeback ?

 


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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 21:05

http://www.washingtonpost.com/rf/image_606w/2010-2019/WashingtonPost/2012/01/17/National-Politics/Images/Republicans_Debate_0d3b1.jpg

Mitt Romney, hier soir, lors du débat organisé par Fox News en Caroline du Sud (Photo AP)

 

 

Après deux victoires dans les deux Etats inauguraux de la course à l’investiture républicaine, Mitt Romney vise la première place dans l’Etat qui s’exprimera ce samedi, la Caroline du Sud. Selon les derniers sondages, il est crédité de 32% des intentions de vote, devançant Newt Gingrich (21%) et Ron Paul (14%). Si la tendance actuelle se confirme en fin de semaine, Mitt Romney ferait sienne l'investiture, et ce après seulement trois Etats sur cinquante s’étant exprimés. Voici pourquoi.

 

Les deux victoires d’affilée de Mitt Romney, dans l’Iowa et le New Hampshire, sont historiques, aucun candidat républicain n’ayant réussi cette prouesse depuis 1980. Mais si la martingale se poursuit, une victoire de Romney en Caroline du Sud lui assurerait la nomination : depuis 1980, tous les candidats républicains s’étant imposés dans le « Palmetto State » ont remporté l’investiture par la suite.

 

Le moins que l'on puisse dire, c’est que tout semble sourire au candidat mormon. Il semble que le scénario de la primaire de 2008 soit tout juste en train de se répéter, le candidat de l’aile modérée du Parti républicain s’imposant à la faveur d’une très nette division sur sa droite. Perry, Gingrich et Santorum jouent ici les Thompson et Huckabee de 2008. Pendant que l’alter ego du modéré John McCain poursuit tranquillement sa route la l’investiture.

 

Newt Gingrich l’a confirmé après le New Hampshire : difficile pour lui de rester en course sans la victoire en Caroline du Sud. Il a déjà laissé entendre qu’en cas de résultat défavorable lors de la primaire de samedi, il jetterait ses forces derrière Rick Santorum pour faire barrage à Mitt Romney.

 

Si les choses devaient se passer ainsi, alors la répétition du scénario de 2008 serait parfaite. Après la Caroline du Sud, les conservateurs seraient de nouveau unis derrière un seul candidat (Santorum en 2012, Huckabee en 2008), mais arriveraient bien trop tard pour stopper le candidat modéré, favori de l'establishment, qui enchaîne les victoires en "surfant" sur la vague d'entraînement des médias (Romney en 2012, McCain en 2008). Avec, toujours en embuscade, le libertarien Ron Paul, déterminé à faire entendre sa voix jusqu'au bout.

 

En effet, l'Etat qui suit la Caroline du Sud, la Floride (31 janvier), ne présente que des avantages pour Romney ; ce dernier pourrait y écarter définitivement toute menace sur la nomination. Le "Sunshine State" est un grand Etat, ce qui nécessite beaucoup d'argent pour y faire entendre son message par le biais de publicités radiophoniques ou télévisuelles, d'envoi de courrier, ou encore d'organisation de grands meetings. Electoralement, la Floride met en avant les points forts de Romney, à savoir les modérés et les seniors, deux groupes avec lesquels il a plus de succès que n'importe lequel de ses concurrents.

 

Par la suite, une rapide analyse des Etats votant en février révèle que trois d'entre eux - et non des moindres - comportent une importante minorité mormone : le Nevada (4 février), le Colorado (7 février) et l'Arizona (28 février) sont donc a priori favorables à l'ancien gouverneur du Massachusetts. Le Nevada, en particulier, a voté pour Romney à plus de 50% en 2008 ; l'ancien homme d'affaires y possède déjà les réseaux hérités de sa première campagne présidentielle.

 

De plus, la majorité des Etats s'exprimant en février le font sous forme de caucus, non de primaires, un format qui demande davantage d'organisation, et donc d'argent : il s'agit pour les candidats de motiver les électeurs à se réunir, pour au moins trois heures, dans une salle de classe ou une église, et ceci pour débattre du nom du champion de leur parti à l'élection générale. En plus des caucus du Nevada et du Colorado sont ainsi au programme les caucus du Minnesota (7 février) et du Maine (11 février). De surcroît, ces quatre Etats ont été remportés par Romney en 2008.

 

Pour ne rien arranger aux affaires de l'opposition républicaine à Romney, le Michigan vote en même temps que l'Arizona, le 28 février. Dans le "Wolverine State", Romney "joue à domicile" puisqu'il est né à Detroit et que son père, George Romney, a été gouverneur de l'Etat de 1963 à 1969.

 

C'est ainsi que Mitt Romney arriverait à pleine vitesse sur le "Super Mardi" (Super Tuesday) du 6 mars, lors duquel plus de 650 délégués, répartis sur 12 Etats, seront attribués le même jour. Si les choses se passent comme le prévoit Romney, alors peut-être n'atteindra-t-il pas le "chiffre magique" de 1144 délégués ce jour-là, mais à tout le moins, la course à la nomination sera définitivement terminée.

 

La chute de dominos semble inéluctable pour Romney s'il parvient à s'imposer samedi. Le débat républicain d'hier soir a montré que Newt Gingrich a encore de l'énergie à revendre, mais tous les instituts de sondages montrent que Romney dispose d'une avance très confortable, à maintenant quatre jours du scrutin. Surtout, les électeurs du parti de l'éléphant ne semblent plus douter de la victoire du candidat mormon : le sentiment d'inévitabilité qui entoure la candidature de Romney depuis des semaines commence à réellement faire sens, et ce au meilleur moment possible.

 

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 06:23

http://i2.crtcdn1.net/images/ed/2012/01/11/256605.jpg

Ron Paul en campagne dans le New Hampshire, le 9 janvier dernier (Photo Getty Images)


 

Ron Paul ne remportera pas l'investiture du Parti républicain en 2012. Mais il ne faut pas s'y tromper : le libertarien n'entend pas laisser le champ libre au nominé qui sera choisi par les militants au printemps. Pour ce faire, Paul entend remporter suffisamment de délégués pour peser sur la convention républicaine d'août 2012, qui investira officiellement le candidat qui affrontera Barack Obama. Et ainsi faire intégrer quelques unes de ses idées au programme officiel du parti de l'éléphant.

 

Si l'on se fie aux chiffres, Mitt Romney et Ron Paul ont tous deux autant de chances de décrocher l'investiture républicaine ; selon nos estimations - après deux Etats - le premier posséderait 13 délégués, le second 9... Sur 1144 nécessaires pour l'emporter. Mais Romney se trouve dans un fauteuil grâce à ses deux victoires d'entrée de jeu, un fait inédit dans l'histoire des primaires modernes (depuis 1980).

 

Surtout, Paul fait figure d'électron libre au sein du Parti républicain. Son soutien lui vient uniquement d'électeurs déçus par l'establishment. En dépit de l'impopularité supposée du leader Romney, ses positions libertariennes lui vaudront, tôt ou tard, la désaffection des membres les plus conservateurs du parti. Par exemple, si l'on imagine que tous les candidats à la primaire décident de jeter l'éponge, laissant Ron Paul et Mitt Romney seuls candidats, alors nul doute que même en dépit de leurs amères rivalités, des hommes comme Rick Santorum et Newt Gingrich se rangeraient derrière Mitt Romney.


Ron Paul ne peut pas envisager la victoire, même s'il dispose sans doute de suffisamment de ressources financières pour tenir la distance et aller au bout des primaires. En 2011, il s’est classé deuxième derrière Romney en matière de levée de fonds, avec un pactole de plus de 22 millions de dollars. Samedi, il a organisé une moneybomb, sorte de « téléthon » téléphonique, dont certaines sources estiment la récolte à plus d'un million de dollars.


De plus, Ron Paul utilise son argent avec beaucoup de parcimonie, en renforçant, Etat par Etat, l’organisation héritée de sa première campagne présidentielle de 2008. Il possède par exemple des bureaux dans le Dakota du Nord, le Kansas et le Missouri, entre autres. Le placement de ces Etats dans le calendrier des primaires montre bien où se trouvent les intentions de Paul. Bien que son équipe se défende d’adopter un tel raisonnement, sa stratégie est d’accumuler les délégués, sans pour autant avoir l’espoir d’atteindre le chiffre magique de 1144, qui ouvre les portes du haut du ticket républicain à la convention.


Un exemple très clair pour illustrer cette stratégie : Ron Paul ne fera pas campagne en Floride, un grand Etat qui coûte très cher et qui n’attribue de délégués qu’au candidat qui y remporte le plus de voix (winner takes all). Son staff a annoncé vouloir se tourner, immédiatement après la Caroline du Sud, vers les caucus de février, des scrutins qui pèsent moins lourd en termes de représentation, mais dans lesquels il est plus facile de remporter des délégués.


Ainsi, la stratégie de Ron Paul, axée sur le nombre de délégués plutôt que sur la victoire dans les Etats, a été comparée à celle de Barack Obama en 2008. Il est vrai, l’ancien sénateur de l’Illinois avait très tôt annoncé que sa campagne raisonnerait en ces termes, mais uniquement pour diminuer les attentes du public et la pression autour de sa candidature. En creux, Barack Obama a toujours été là pour gagner, car il avait clairement les moyens d’y parvenir – un raisonnement et un constat qui ne s’appliquent absolument pas à Ron Paul en 2012.


Comme rappelé auparavant, ses idées libertariennes ne pourront triompher d’un parti d’establishment comme le GOP. Mais difficile d’ignorer le soutien à Ron Paul, très important dans ces primaires. Preuve en est, comparé à 2008, Paul a gagné 11% de voix supplémentaires en Iowa et 16% dans le New Hampshire. Une candidature indépendante à l’élection générale de sa part aurait donc sans aucun doute un très bon potentiel.


Mais l’intéressé a, à plusieurs reprises, repoussé l’idée d’un revers de main. La dernière fois il y a quelques jours, quand il a déclaré qu'il n'avait pas l'intention de se lancer dans une candidature pour un parti tiers à l'élection générale. Son intense implication dans les primaires républicaines est un signe irréfutable que le représentant du Texas au Congrès a l’intention de jouer selon les règles républicaines.


En 2008 déjà, il avait été le dernier à résister, jusqu’au bout, à l’investiture de John McCain. Paul avait officiellement renoncé en juin, alors que le sénateur de l'Arizona avait suffisamment de délégués depuis début mars pour s’assurer de porter le projet républicain lors de l’élection générale. L’influence de son mouvement, imprimée sur la durée, avait été considérable : les origines du Tea Party remontent directement à la campagne de Paul en 2008. Mais institutionnellement, il n’en reste rien aujourd’hui : après avoir brillé lors des élections de mi-mandat de 2010, la mouvance ultraconservatrice n’est pas rentrée en force dans l'appareil du parti.


Les primaires de 2012 sont très révélatrices à cet égard. Les militants du Tea Party sont dispersés sur tout le spectre idéologique du parti de l’éléphant, représentés chacun par un candidat. La victoire attendue de Mitt Romney, un de ses éléments modérés, est à percevoir comme l’échec ultime de la mise en orbite institutionnelle du Tea Party.


Ron Paul espère donc, cette fois, en amassant le plus de délégués possibles, peser sur les institutions. Il est donc bien moins question de la victoire finale que d’une dernière impulsion voulue par un libertarien qui se retirera de la vie politique à la fin de l’année : en 2011, il a annoncé qu'il ne se représenterait pas pour un nouveau mandat de deux ans au Congrès.


Pour prendre la suite, son successeur est tout trouvé : Rand Paul, son fils, sénateur du Kentucky depuis janvier 2011, est déjà vu comme un grand espoir de la scène politique nationale pour les années à venir. Si Barack Obama devait être réélu en novembre, on entendra encore parler des idées libertariennes du Tea Party lors des primaires de 2016 ; c’est au fond, tout ce que souhaite Ron Paul.

 


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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 08:16

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Mitt Romney lors de son discours de victoire, hier soir dans le New Hampshire (Photo Elise Amendola / AP)

 

 

Comme prévu depuis des mois, Mitt Romney a largement remporté la primaire du New Hampshire ; avec 39,4% des voix, il devance le libertarien Ron Paul (22,8%) et l'autre modéré mormon de la campagne, Jon Huntsman (16,8%). Newt Gingrich et Rick Santorum, qui se disputent les faveurs de l'électorat conservateur du Parti républicain, finissent loin du vainqueur, avec respectivement 9,4% et 9,3% des voix. Cette victoire sans appel propulse un peu plus Romney sur le chemin de la victoire, mais le chemin vers la nomination, même s'il s'éclaire, est encore long pour l'ancien gouverneur du Massachusetts.

 

Le discours délivré très tôt dans la soirée par Mitt Romney montre à quel point sa victoire était attendue, par la presse comme par son propre camp. Depuis des mois, Romney plaçait ses pions dans le New Hampshire, soutien après soutien, meeting après meeting. Avant même son annonce officielle de candidature, le 2 juin 2011, Romney était donné largement favori de la primaire du "Granite State". Ce discours de lancement, effectué depuis une ferme du New Hampshire, en disait déjà long sur les ambitions du candidat mormon dans l'Etat, qu'il comptait placer au centre de sa stratégie électorale de 2012.

 

Il y a quatre ans, Romney était tombé sous les coups de l'électorat conservateur de l'Iowa, Etat dans lequel il avait beaucoup investi et avait tout perdu d'entrée de jeu. D'où le changement d'optique pour 2012, dans laquelle le New Hampshire, Etat modéré s'il en est, était supposé lui être plus favorable. Les résultats d'hier soir ont donné raison à l'ancien homme d'affaires.

 

Sa surprenante victoire, la semaine dernière en Iowa, ouvre à Romney les portes de l'histoire politique moderne des Etats-Unis, puisqu'il est le premier candidat républicain depuis 1980 à remporter coup sur coup l'Iowa et le New Hampshire. Deux victoires consécutives d'entrée de jeu auraient permis, par le passé, à Romney d'être le nominé de facto du parti, mais 2012 déroge à la règle.

 

Deux raisons expliquent ce changement de scénario par rapport aux années précédentes. La première tient du caractère du candidat lui-même, un mormon modéré du Massachusetts qui peine à joindre les deux bouts idéologiques de son parti. Romney, malgré deux victoires de suite, est toujours largement considéré comme un favori par défaut dans ces primaires, et il lui faudra imprimer sa marque plus avant lors des scrutins à venir avant de voir, peut-être, tout son camp s'unir derrière lui.

 

En deuxième lieu, le calendrier et le système d'attribution des délégués, beaucoup plus concentrés sur le début d'année lors des primaires précédentes, sont cette fois beaucoup plus équilibrés de janvier à juin. En d'autres termes, lorsqu'il était facile pour un candidat de faire la différence très tôt lors des élections précédentes, ce le sera beaucoup moins cette année. D'où un laps de temps plus important avant d'atteindre le "chiffre magique" de 1144 délégués, qui permettra en août l'accès à la partie supérieure du "ticket" républicain.

 

L'étape suivante est la Caroline du Sud. Le "Palmetto State" a toujours correctement deviné le nom du nominé républicain depuis 1980 car il vient habituellement donner l'avantage soit à un conservateur sorti d'Iowa, soit à un modéré sorti du New Hampshire, en le catapultant ensuite vers le Super Tuesday, qui permet de forcer la décision en attribuant un grand nombre de délégués.

 

Mais cette année, le Super Tuesday (6 mars) arrive 7 semaines après la Caroline du Sud (contre seulement 2 en 2008, par exemple), ce qui pourrait donner suffisamment de temps aux adversaires de Romney pour se remettre d'un départ moyen. En outre, il n'attribue que 621 délégués, contre plus de 900 en 2008, soit une proportion moindre du total nécessaire pour l'emporter.

 

Surtout, la frange conservatrice opposée à Romney espère toujours casser l'élan médiatique de ce dernier en Caroline du Sud en s'alliant derrière un unique candidat capable de priver l'ancien gouverneur du Massachusetts d'une victoire qui pourrait être extrêmement importante mais, contrairement aux années précédentes, pas forcément décisive. 

 

Etant donné que l'opposition à Romney est divisée et que la Caroline va voter pour l'homme qu'elle pense être capable de remporter les primaires - et l'élection générale - le candidat mormon possède de bonnes chances de l'emporter. En 2008, un scénario similaire avait permis à John McCain de gagner dans le "Palmetto State" puis de rapidement clore les débats.

 

La Caroline du Sud, si elle avantage Romney, pourrait pousser ses adversaires à abandonner (Perry et Huntsman ont le plus de chances de partir dans dix jours), mais la course continuerait au moins avec Ron Paul et un membre de l'aile conservatrice (Gingrich ou Santorum sans doute) jusqu'au Super Tuesday. Si jamais un conservateur gagne en Caroline du Sud, Romney se verrait freiné mais pourrait compter sur un calendrier favorable en février et une capacité bien plus importante à résister, sur le long terme, pour empocher l'investiture au cours du printemps.

 

Si l'on se fie à la martingale, Romney a besoin d'une victoire en Caroline du Sud pour remporter l'investiture. Mais à la lumière du calendrier, il apparaît que la nomination n'est qu'une question de temps et d'argent. En effet, grâce à deux victoires d'affilée d'entrée de jeu - perfomance inédite dans l'histoire récente - Mitt Romney s'est sans doute assuré un duel au sommet contre le président Obama. Il reste dix jours aux conservateurs pour s'allier, et retarder l'entrée de Romney dans la gotha de l'histoire politique américaine.



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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 08:53

LE PLUS. Vu de France, les Républicains US peuvent paraître extrémistes : un candidat mormon, un autre connu pour avoir prôné l’étude obligatoire du créationnisme dans les écoles, un troisième considéré comme le père spirituel du Tea Party… Soufian Alsabbagh, auteur de "L'Amérique de Mitt Romney", explique d'où provient ce décalage.

Edité et parrainé par Hélène Decommer


Sur le plan économique tout comme sur le plan social, on peut dire que Nicolas Sarkozy et Barack Obama se situent à peu près sur les mêmes lignes. Par contre, les Républicains américains sont nettement plus à droite que notre droite française, ce qui explique la vision très conservatrice et même extrémiste que nous avons d'eux. 


La religion, ciment de la société américaine

 

Le principal facteur qui consolide cette distinction est la religion. Il faut bien comprendre qu'aux Etats-Unis, l'attachement au religieux est beaucoup plus important qu'en France. Pour donner un ordre de grandeur, 65% des Américains déclarent que la religion tient une place importante dans leur vie quotidienne, quand seuls 25% des Français répondent la même chose.

 

Or l'impact du religieux est sans aucun doute plus fort chez les Républicains que chez les Démocrates, les premiers s'attachant davantage aux dogmes du christianisme, dans lesquels mormons et protestants se retrouvent. Les protestants constituent l'aile la plus dure du parti républicain, alors que les mormons - représentés par Mitt Romney et Jon Huntsman dans la primaire actuelle - sont généralement plus à gauche. Cela peut paraître surprenant vu de France, où nous les associons à une communauté renfermée sur elle-même et ultra-conservatrice. Ceci se vérifie sans doute au niveau de la société, mais pas en politique : la droite du parti étant déjà occupée par les protestants bien ancrés, les mormons ont dû se décaler sur la gauche pour obtenir davantage d'audience.

 

L'influence du religieux mène à une cristallisation autour de certains thèmes - l'avortement, le mariage homosexuel - qui attire donc particulièrement l'œil français.

 

Le second facteur qui confère une image extrémiste aux Républicains américains est lié à leurs positions en matière d'économie. Au fil du temps, le parti est devenu de plus en plus jusqu'au-boutiste sur les questions de fiscalité.

 

Après la présidence de Ronald Reagan, les Républicains ont systématiquement poussé le parti vers la droite, au point de ne vouloir entendre parler aujourd'hui ni d'impôt ni de taxe. C'est leur leitmotiv depuis 30 ans, renforcé actuellement grâce à la crise. Finalement, Reagan, que l'on disait très conservateur, s'entendait mieux avec les Démocrates que Barack Obama ne s'entend aujourd'hui avec les Républicains !

 

Le parti républicain n'est pas l'équivalent de notre FN

 

Si l'on devait transposer les choses sur l'échiquier politique français, il n'y aurait pas vraiment d'équivalence concernant les Républicains.

 

Fiscalement, ils sont nettement plus à droite que l'UMP, sans pour autant coller au Front national, qui défend d'autres mécanismes économiques. Ils ne sont pas non plus assimilables à la Droite populaire, qui reste dans le giron de l'UMP ayant décidé, par exemple, de taxer les hauts revenus, chose impensable côté républicain.

 

Socialement, on peut rapprocher la tendance Tea Party des Républicains du Front national, mais pas l'intégralité du parti. Mitt Romney refuse par exemple de stigmatiser les minorités et passe pour un modéré face à Marine Le Pen.

 

Et chez nous, en France, qui pourrait se situer par transposition chez les Républicains ? Là encore, les comparaisons doivent être établies avec précaution. On peut penser à Christine Boutin pour l'aspect religieux. Ayant à plusieurs reprises déclaré qu’elle n’était pas favorable à l’avortement, elle pourrait être comparée à une Républicaine US.

 

Propos recueillis par Hélène Decommer.

 

A paraître le 12 janvier : "L'Amérique de Mitt Romney"

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 08:42

Après une victoire étriquée lors du caucus de l’Iowa, Mitt Romney a pris le meilleur départ possible dans la course à l’investiture républicaine, qui servira à choisir l’adversaire de Barack Obama lors de la présidentielle américaine de 2012. L’ancien gouverneur du Massachusetts réaliserait même la campagne idéale pour Soufian Alsabbagh, auteur d’une biographie à paraître sur Mitt Romney*.                                     

La victoire de Mitt Romney dans l’Iowa est-elle déjà significative dans cette investiture républicaine?

Elle est significative mais pas encore décisive. S’il s’était imposé de façon assez large, il aurait pu tuer le match. Pour contrer sa candidature, la frange conservatrice du Parti républicain avait besoin d’une nette victoire d’entrée. Elle ne l’a pas eu. Mais son principal candidat, Rick Santorum, a perdu de huit voix seulement 

Cette victoire a-t-elle donc davantage une portée symbolique?

Oui, l’important est surtout qu’il n’ait rien perdu dans ce caucus. L’Iowa ne le favorisait pas. Mitt Romney est modéré et il a réussi à s’imposer en terre conservatrice – 80% de l’électorat républicain de cet Etat se déclarant comme tel. En récoltant 25% des suffrages, il a donc réussi à grappiller quelques voix. Et en cas d’une nouvelle victoire dans le New Hampshire le 10 janvier puis en Caroline du Sud le 21, l’effet d’entraînement sera par la suite inévitable.

Y aura-t-il un duel entre lui et Rick Santorum? Ce dernier reste bas dans les sondages nationaux…

La course se jouant Etat par Etat, les sondages nationaux ne veulent rien dire. C’est surtout l’enchaînement des bonnes performances qui propulse un candidat. Avec ce résultat en Iowa, Rick Santorum va forcément monter dans les intentions de votes. Les deux prochains rendez-vous seront cruciaux pour savoir s’il va réussir à rassembler l’ensemble du camp conservateur. Il sera donc important de surveiller quand interviendront les abandons des autres candidats. Newt Gingrich par exemple, qui ne semble pas vouloir jeter l’éponge, pourrait siphonner des voix à Rick Santorum.

L’éclosion tour à tour des candidats conservateurs dans cette campagne – Michèle Bachmann, Rick Perry, Herman Cain, Newt Gingrich et maintenant Rick Santorum – semble en tout cas montrer que Mitt Romney n’est pas l’homme providentiel…

De nombreux républicains reprochent à Mitt Romney un manque de charisme et des changements de positions sur plusieurs sujets. Mais c’est probablement la plus grande chance du Parti républicain pour battre Barack Obama en 2012. L’élection présidentielle va certainement se jouer au centre et le président l’a bien compris. Le mieux pour les républicains serait donc d’être représenté par un modéré pour ne pas perdre trop de voix auprès de cet électorat.

Mais Romney, s’il est élu, réussira-t-il à rassembler son camp?

Les républicains le soutiendront une fois investi, ce n’est pas un problème. En revanche, il y a une frange très conservatrice qui peut très bien lancer un candidat lors de la présidentielle. Il faut par exemple faire attention à Ron Paul, qui possède d’importants moyens financiers et qui représente les libertariens – ceux qui sont opposés à toute forme d’Etat. A la différence des autres conservateurs qui préfèrent mener leur combat à l’intérieur du Parti républicain, Ron Paul a déjà été candidat à l’élection présidentielle en 1988 sous cette étiquette libertarienne.

Malgré ce risque de dispersion des voix, Mitt Romney reste-t-il le plus à même de battre Barack Obama?  

Oui car au-delà de cette importance de l’électorat indépendant, l’aspect géographique doit être pris en compte. Mitt Romney sera très fort dans les "Etats bleus", ceux qui votent majoritairement démocrates. Prenons l’exemple du Massachussetts, dans lequel il a été gouverneur. Il est aussi né dans le Michigan et il aura donc davantage de voix qu’un autre républicain. Et puis il y a tous les "swing states", tantôt démocrate, tantôt républicain, qui pourront condamner la politique d’Obama en 2012.

 Fait-il un parcours sans faute, selon vous?

Il ne fait pas campagne pour remporter la nomination républicaine mais bien pour gagner l’élection présidentielle. Comparé à sa candidature en 2008, il a gagné en expérience. Il ne refait pas les erreurs du passé, comme la gestion de ses finances par exemple. Il avait énormément dépensé dès le mois de janvier et il avait tout perdu.

Ses attaques ciblent d’ailleurs davantage Barack Obama que ses autres adversaires du parti. N’est-ce pas trop tôt pour cela?

C’est une bonne chose pour se donner une image présidentielle. Il laisse le boulot ingrat à ses comités de soutien, qui se chargent d’attaquer ses concurrents. Et cela lui réussit.

 

* L’Amérique de Mitt Romney, Demopolis, 272 pages, 21€. Parution le 12 janvier.

 

Arnaud Focraud - leJDD.fr

mercredi 04 janvier 2012
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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 08:36

 

CONFERENCES :

 

- Conférence à l'EDHEC Lille, le 24 octobre 2016 de 18h30 à 20h.

 

- Conférence à la Sorbonne, Paris, le 9 novembre 2016 de 19h à 21h.

 

- Conférence à l'Institut d'Etudes Politiques de Lille, le 16 novembre 2016 de 19h à 20h30.

 

 

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Published by Soufian ALSABBAGH - dans Evénements
5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 17:54

http://www.washingtonpost.com/rf/image_606w/2010-2019/WashingtonPost/2012/01/04/National-Politics/Images/SANTORUM_2012_0416c.jpg

Karen Santorum félicite son mari Rick, qui a pris mardi la deuxième place lors des caucus de l'Iowa (Photo Charlie Riedel / AP)

 

 

La victoire de Mitt Romney en Iowa pourrait être suivie, mardi prochain, d'un deuxième succès dans le New Hampshire, où l'ancien gouverneur du Massachusetts est donné largement favori. L'Etat suivant, la Caroline du Sud (21 janvier) est de tendance conservatrice et semble être pour Rick Santorum le terrain parfait pour stopper la marche de son adversaire mormon vers la nomination. Problème : la droite du parti est divisée.

 

Comme le titrait justement le journal Politico ce matin : "Le New Hampshire est le suivant, mais la Caroline du Sud est la clé". Situé dans le sud du pays, l'Etat qui a lancé la guerre de Sécession possède un électorat républicain dominé, comme en Iowa, par les conservateurs évangélistes. Selon CNN, Santorum a largement surpassé Romney parmi les électeurs se définissant comme "très conservateurs" en Iowa (35% contre 14%).

 

Par chance pour Romney, l'électorat républicain de Caroline du Sud possède une proportion de modérés plus importante (31% lors des primaires de 2008, selon CNN), contre seulement 17% en Iowa mardi. De la même façon, les électeurs se définissant comme "très conservateurs" étaient 47% mardi en Iowa, mais si les chiffres de 2008 se confirment, ils ne seront que 35% en Caroline du Sud dans quinze jours.

 

Ces chiffres questionnent directement la capacité de Santorum à mettre des bâtons dans les roues de Romney, sachant que par le passé, les candidats de l'aile modérée du GOP se sont déjà imposés dans le "Palmetto State". Le dernier en date, John McCain, a remporté la nomination républicaine de 2008 et a publiquement annoncé, hier, son soutien à Mitt Romney.

 

Ce dernier, à en croire les sondages, arrivera à pleine vitesse sur la Caroline du Sud car il est largement favori dans le New Hampshire. Si jamais le candidat mormon en venait à remporter le "Granite State", il serait le premier républicain de l'histoire moderne des primaires à remporter à la fois l'Iowa et le New Hampshire. De surcroît, c'est à mettre au crédit de Romney, le passé montre que la Caroline du Sud a la double habitude de sélectionner des vainqueurs.

 

Premièrement, depuis 1980, la Caroline du Sud s'est plus alignée avec le gagnant de l'Etat modéré du New Hampshire qu'avec celui de l'Etat conservateur de l'Iowa (trois fois contre deux). Cela s'explique par un élan médiatique plus important : la primaire du "Granite State" étant plus rapprochée de celle de la Caroline du Sud, comparée à celle du "Hawkeye State", le vainqueur du New Hampshire arrive avec plus de "fraîcheur médiatique" aux yeux des électeurs. 

 

Deuxièmement, la Caroline du Sud a toujours correctement prédit le nom du nominé républicain, et ce depuis 32 ans. Pourquoi ? Parce que sa primaire vient trancher entre deux alternatives, toujours différentes, sortant d'Iowa et du New Hampshire, entre un conservateur et un modéré. Comme indiqué ci-dessus, en général au profit du candidat le plus centriste. Selon Tom Davis, sénateur au sein de la chambre haute du "Palmetto State", "les gens, ici en Caroline du Sud, sont très économes politiquement : ils tendent à voter utile et aiment soutenir le candidat qu'ils perçoivent comme quelqu'un qui peut gagner l'élection générale".

 

L'enjeu est de taille, car si jamais Mitt Romney réalisait un parcours parfait dans les "early-states" en gagnant en Iowa, dans le New Hampshire et en Caroline du Sud, les portes de la Floride, le 31 janvier, lui seront grandes ouvertes. Il pourra profiter, dans le "Sunshine State", à la fois d'un électorat modéré, mais surtout d'un effet d'entraînement médiatique considérable. Les deux Etats du Sud sont cruciaux car, en plus d'être placés au début du calendrier, ils pratiquent la règle du "winner takes all" : celui qui arrive premier remporte tous les délégués mis en jeu.

 

Dans ces conditions, Rick Santorum pourrait-il refaire son retard ? Bien que désigné favori de la droite chrétienne par l'Iowa, son infrastructure de campagne est minime par rapport à celle de Romney. Celui-ci a insisté mercredi : "Il s'est concentré sur l'Iowa. Moi, je mène une campagne nationale." Rick Santorum pourrait ainsi connaître le même destin que Mike Huckabee, exactement dans la même position il y a quatre ans, mais qui était rapidement arrivé à cours d'argent. Le million de dollars récolté hier par l'ancien sénateur de Pennsylvanie fera peu pour compenser le gigantesque retard qu'il accuse sur Romney, qui a amassé environ 55 millions de dollars en 2011.

 

Mais plus important encore, le favori de l'establishment jouit d'une division palpable à droite. Les volte-face de Perry et de Bachmann, le premier indiquant qu'il allait se retirer dès mardi soir, au contraire de la seconde - les deux changeant d'avis par la suite - laissent à Santorum la lourde tâche de livrer bataille contre deux adversaires conservateurs (Perry et Gingrich) moins bien placés de par leur résultat en Iowa, mais sans aucun doute plus solides en termes d'organisation et de finances.

 

En outre, Perry et Gingrich ont beaucoup misé sur la Caroline du Sud, un Etat duquel ils sont proches idéologiquement et géographiquement : tous deux sont bien implantés dans le Sud, Perry étant gouverneur du Texas et Gingrich ayant longtemps été réprésentant pour la Géorgie au Congrès. En restant dans la course, les deux hommes montrent qu'ils ne font pas confiance à Santorum pour battre Romney.

 

Gingrich, en particulier, possède encore 9 millions de dollars dans son compte de campagne et a clairement indiqué vouloir s'en servir pour bousculer Mitt Romney. L'ancien Speaker, coulé par plus de 3 millions de dollars de spots publicitaires négatifs en Iowa, a récemment troqué son costume "d'adulte dans la pièce" pour celui de fervent pourfendeur de Romney. Le 3 janvier, jour des caucus, il n'a pas hésité à qualifier son adversaire de "menteur" dans une interview accordée à CBS.

 

En restant en course, les deux candidats autrefois perçus comme les plus dangereux pour Mitt Romney, Rick Perry et Newt Gingrich, font peut-être le plus beau cadeau possible à leur rival. En 2008, le conservateur Fred Thompson était arrivé troisième en Iowa (13%) et, sachant que John McCain était intouchable dans le New Hampshire, l'ancien sénateur du Tennessee (Sud) avait alors tout misé sur la Caroline du Sud, un Etat voisin du sien. In fine, il n'avait fait que siphonner les voix des évangélistes à Mike Huckabee, finalement battu par McCain, devenu quelques semaines plus tard le nominé républicain.

 

C'est ainsi qu'en 2008, la base du parti s'était retrouvée obligée de soutenir un candidat qu'elle n'avait pas voulu. Une fois encore, l'embuscade des conservateurs en Caroline du Sud est promise à l'échec s'ils ne parviennent pas à s'unir derrière un seul homme. Et que ce soit pour Santorum, Gingrich ou Perry, la tâche promet d'être ardue.

 

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 11:02

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