Mitt Romney, favori de la course à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle américaine, a perdu sa victoire dans le caucus de l’Iowa, acquise aux dépens de Rick Santorum. Le premier de ses rivaux, Newt Gingrich, revient fort et bénéficie désormais du soutien de Rick Perry. Mais l’aile conservatrice du Parti républicain reste divisée.
Dure journée pour Mitt Romney. L’ancien gouverneur du Massachusetts a subi deux coups durs jeudi, à deux jours d’un rendez-vous électoral lourd d’enjeux en Caroline du Sud. A commencer par le retrait de sa victoire dans le caucus de l’Iowa, premier scrutin de la course à l'investiture dont Mitt Romney reste le favori. Le Parti républicain a publié un nouveau décompte des voix. Cette fois, Mitt Romney ne bénéficie plus de la faible marge de huit voix sur Rick Santorum. Ce dernier possède 34 voix d'avance selon le dernier décompte… Mais les résultats de huit circonscriptions restant introuvables, le Parti républicain a préféré proclamer une égalité entre les deux candidats.
Ce retournement vaut surtout pour son influence potentielle dans la suite de la course. "Le caucus de l’Iowa apporte surtout un effet d’entraînement dont Mitt Romney a déjà bien profité après l’annonce de sa victoire", assure Soufian Alsabbagh au JDD.fr. Tout juste cette péripétie apporte-t-elle "un peu de folklore électoral", estime l'auteur d'une biographie sur Mitt Romney. L’Etat ne compte que 28 délégués sur les 2.286 qui désigneront l'adversaire de Barack Obama lors de la convention du 27 août. Et les représentants de l'Iowa seront libres de leur choix au moment de la désignation du candidat républicain. Pour autant, cette nouvelle "complique la situation de Mitt Romney à deux jours de la primaire de Caroline du Sud", explique Tom McGrath au JDD.fr, représentant en France du Parti républicain : "Il n’apparaît plus comme le candidat inévitable présenté après ses deux victoires dans l’Iowa et le New Hampshire."
Perry se retire et soutient Gingrich
Plus que Rick Santorum, le danger pour Mitt Romney est incarné par Newt Gingrich. La candidature du conservateur, auteur de prestations remarquées dans les débats opposant les derniers candidats encore en lice, est désormais renforcée par le retrait de Rick Perry. Le gouverneur du Texas, candidat conservateur du Sud, évoluait sur un créneau similaire à celui de Newt Gingrich. Dépassé dans les sondages, Rick Perry a annoncé jeudi son soutien à l’ancien chef de file des Républicains à la Chambre des représentants, leader de l’opposition pendant les mandats de Bill Clinton.
"La question désormais est de savoir si ce soutien sera suffisamment important pour faire pencher la balance à deux jours de la Caroline du Sud", interroge Soufian Alsabbagh. Plus que les voix qu’il représente (moins de 5% d’intentions de vote pour le scrutin de samedi), le retrait de Rick Perry va désormais libérer l’espace à la droite de Mitt Romney. Pour Tom McGrath, "Newt Gingrich revient à la faveur de ses performances en débat. Maintenant, il va avoir dix minutes de plus pour s’exprimer". "Gingrich a maintenant le momentum. La réponse de Romney passera par un bon débat jeudi soir avec un véritable face à face avec Gingrich", confirme Soufian Alsabbagh.
Mitt Romney fragilisé, Rick Perry hors du champ, la voie serait-elle libre pour Newt Gingrich? Pas tout à fait. L’aile conservatrice du Parti républicain reste divisée, là où de plus en plus d’électeurs semblent s'accommoder d’une candidature de Mitt Romney. Paradoxalement, la révision des résultats dans l’Iowa serait même "une catastrophe pour Newt Gingrich" aux yeux de Piere Toullec, président de l’association des Amis du Parti républicain, également sollicité par leJDD.fr. "Rick Santorum est renforcé. Il va pouvoir en profiter pour faire les gros titres et dire qu’il fait partie des deux leaders de la course", assure-t-il.
Pour lui, un seul scénario permettrait une victoire de l’aile conservatrice du Parti républicain : "une défaite de Santorum en Caroline du Sud et une large victoire de Gingrich pour forcer à une alliance". Longtemps en tête des intentions de vote pour samedi, Newt Gingrich (26%) a été dépassé par Mitt Romney (33%) après le caucus de l'Iowa. Il lui reste un débat, jeudi soir, pour inverser la tendance. "Avec quelques mauvaises surprises pour Romney et quelques bonnes surprises pour Gingrich, ce qui semblait inévitable – la désignation de Romney – est remis en question", confirme Tom McGrath.
Benoit Vittek - leJDD.fr
jeudi 19 janvier 2012
Interview à retrouver sur Internet ici : http://www.lejdd.fr/International/USA/Actualite/La-primaire-republicaine-chamboulee-463057/