9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 08:53

LE PLUS. Vu de France, les Républicains US peuvent paraître extrémistes : un candidat mormon, un autre connu pour avoir prôné l’étude obligatoire du créationnisme dans les écoles, un troisième considéré comme le père spirituel du Tea Party… Soufian Alsabbagh, auteur de "L'Amérique de Mitt Romney", explique d'où provient ce décalage.

Edité et parrainé par Hélène Decommer


Sur le plan économique tout comme sur le plan social, on peut dire que Nicolas Sarkozy et Barack Obama se situent à peu près sur les mêmes lignes. Par contre, les Républicains américains sont nettement plus à droite que notre droite française, ce qui explique la vision très conservatrice et même extrémiste que nous avons d'eux. 


La religion, ciment de la société américaine

 

Le principal facteur qui consolide cette distinction est la religion. Il faut bien comprendre qu'aux Etats-Unis, l'attachement au religieux est beaucoup plus important qu'en France. Pour donner un ordre de grandeur, 65% des Américains déclarent que la religion tient une place importante dans leur vie quotidienne, quand seuls 25% des Français répondent la même chose.

 

Or l'impact du religieux est sans aucun doute plus fort chez les Républicains que chez les Démocrates, les premiers s'attachant davantage aux dogmes du christianisme, dans lesquels mormons et protestants se retrouvent. Les protestants constituent l'aile la plus dure du parti républicain, alors que les mormons - représentés par Mitt Romney et Jon Huntsman dans la primaire actuelle - sont généralement plus à gauche. Cela peut paraître surprenant vu de France, où nous les associons à une communauté renfermée sur elle-même et ultra-conservatrice. Ceci se vérifie sans doute au niveau de la société, mais pas en politique : la droite du parti étant déjà occupée par les protestants bien ancrés, les mormons ont dû se décaler sur la gauche pour obtenir davantage d'audience.

 

L'influence du religieux mène à une cristallisation autour de certains thèmes - l'avortement, le mariage homosexuel - qui attire donc particulièrement l'œil français.

 

Le second facteur qui confère une image extrémiste aux Républicains américains est lié à leurs positions en matière d'économie. Au fil du temps, le parti est devenu de plus en plus jusqu'au-boutiste sur les questions de fiscalité.

 

Après la présidence de Ronald Reagan, les Républicains ont systématiquement poussé le parti vers la droite, au point de ne vouloir entendre parler aujourd'hui ni d'impôt ni de taxe. C'est leur leitmotiv depuis 30 ans, renforcé actuellement grâce à la crise. Finalement, Reagan, que l'on disait très conservateur, s'entendait mieux avec les Démocrates que Barack Obama ne s'entend aujourd'hui avec les Républicains !

 

Le parti républicain n'est pas l'équivalent de notre FN

 

Si l'on devait transposer les choses sur l'échiquier politique français, il n'y aurait pas vraiment d'équivalence concernant les Républicains.

 

Fiscalement, ils sont nettement plus à droite que l'UMP, sans pour autant coller au Front national, qui défend d'autres mécanismes économiques. Ils ne sont pas non plus assimilables à la Droite populaire, qui reste dans le giron de l'UMP ayant décidé, par exemple, de taxer les hauts revenus, chose impensable côté républicain.

 

Socialement, on peut rapprocher la tendance Tea Party des Républicains du Front national, mais pas l'intégralité du parti. Mitt Romney refuse par exemple de stigmatiser les minorités et passe pour un modéré face à Marine Le Pen.

 

Et chez nous, en France, qui pourrait se situer par transposition chez les Républicains ? Là encore, les comparaisons doivent être établies avec précaution. On peut penser à Christine Boutin pour l'aspect religieux. Ayant à plusieurs reprises déclaré qu’elle n’était pas favorable à l’avortement, elle pourrait être comparée à une Républicaine US.

 

Propos recueillis par Hélène Decommer.

 

A paraître le 12 janvier : "L'Amérique de Mitt Romney"

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