1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 06:51

http://www.washingtonpost.com/rf/image_606w/WashingtonPost/Content/Production/Blogs/the-fix/Images/Gingrich_2012_0e53c.jpg?uuid=-jDRvP88EeCx1QVDo8y5Ag

Newt Gingrich à Dallas (TX), le 20 octobre 2011. (AP Photo/Tony Gutierrez)


 

L'ancien président de la Chambre des représentants (Speaker) a vu sa campagne exploser à l'été 2011 parce que sa femme s'est servi des fonds récoltés pour s'acheter des bijoux. Après cinq performances solides en débat, Gingrich commence lentement à sortir la tête de l'eau.

 

Callista Gingrich, l'épouse de l'ancien speaker, a non seulement disposé des fonds de campagne de son mari à hauteur de 500.000$ en mai-juin 2011, mais elle a durablement contribué à la léthargie de son effort présidentiel. Après avoir très tôt acquis le statut de nominé potentiel, en mars 2011, Gingrich a vu sa campagne plonger dans la dette et son staff le quitter en masse en juillet dernier.

 

Toujours dans l'ombre de Romney, impérial en débat en ce début d'automne, Gingrich a profité des perfomances très moyennes de Perry et de Bachmann pour se refaire une santé. Cette stratégie de l'"adulte-dans-la-pièce", telle qu'elle est surnommé par les journaux américains, lui a permis de lever un million de dollars pour le mois d'octobre seulement.

 

L'argent étant le nerf de la guerre, les effets se sont rapidement fait sentir dans les sondages. Selon la dernière consultation du New York Times et CBS News, Gingrich serait placé en troisième position au niveau national si les primaires commençaient demain. Avec 10% des intentions de votes, il reste derrière Cain (25%) et Romney (21%), mais devance Perry (6%) et Bachmann (2%).

 

Une telle trajectoire n'est pas sans rappeler celle de John McCain, vainqueur des primaires républicaines de 2008 et candidat malheureux à la Maison-Blanche quelques mois plus tard. Lui aussi a dû affronter la désertion de son équipe de campagne à l'été 2007, avant de progressivement remonter la pente lors des débats de l'automne. Sa victoire dans le New Hampshire, où il s'était déjà imposé en 2000, l'a ensuite propulsé vers l'investiture du parti de l'éléphant en moins de deux mois.

 

La campagne présidentielle de 2012 étant la première de Gingrich, il ne pourra pas compter sur les mêmes armes que McCain. Cependant, son statut d'ancien Speaker et son attache dans les Etats du Sud - il a représenté la Géorgie à la Chambre pendant deux décennies - pourraient lui être utiles pour freiner un candidat comme Perry, qui vient du Texas, ou comme Cain, qui y jouit d'une popularité très importante. 

 

Surtout, l'"affaire Cain" qui vient d'éclater ravive ses espoirs de prendre la place de l'ancien PDG de Godfather's Pizza comme le "candidat anti-Romney N°1". Si les supporters conservateurs de Cain devaient changer d'avis et passer outre les trois mariages de Gingrich, alors l'ancien Speaker pourrait profiter d'une dynamique très prometteuse à deux mois des premiers scrutins. Un scénario déjà connu en 2008, semble-t-il.

 


Partager cet article
Repost0
31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 09:34

http://images.politico.com/global/news/111030_herman_cain_605_ap.jpg

 

Dimanche soir, le journal américain Politico dévoilait que deux femmes se seraient plaintes auprès de leurs collègues, dans les années 1990, d'une attitude "sexuellement suggestive" de la part d'Herman Cain, alors à la tête de l'Association des restaurants américains. Le favori actuel des médias pourrait rapidement subir les contrecoups politiques de cette affaire, à bientôt deux mois du début des primaires républicaines.

 

Selon Politico, "les deux femmes se seraient plaintes d'une attitude "sexuellement suggestive" qui les aurait mises en colère et dans l'embarras. (...) Elles auraient signé des accords avec le groupe de restauration, celui-ci leur versant des indemnités pour quitter l'association. Les accords incluraient des clauses qui auraient empêché les deux femmes de parler de leur départ."

 

Plus précisément, Politico rapporte que "les incidents porteraient sur des questions sexuellement suggestives dans des hôtels accueillant des conférences, dans les bureaux de l'association présidée par Cain, ainsi que lors d'événements sponsorisés par cette même association". Les sources auraient décrit "des comportements qui ne seraient pas ouvertement sexuels, mais qui auraient mis les employées dans l'embarras dans le cadre d'une relation professionnelle".

 

Pour laisser à Cain la possibilité de s'expliquer, le journal révèle qu'il a attendu 10 jours avant de dévoiler l'affaire au public. Chose que son équipe a refusé de faire. Tout juste le porte-parole de Cain a-t-il annoncé qu'il était "vaguement familier" avec ces accusations. Politico déclare aujourd'hui être en possession du nom des deux femmes, mais que pour des motifs de confidentialité, ceux-ci seraient gardés secrets.

 

En réaction à la publication de l'affaire, le porte parole de Cain a tenté de contre-attaquer : "Puisque les critiques de Cain n'ont pas eu beaucoup de succès en attaquent ses idées, ils s'essayent désormais à l'attaque personnelle. (...) La seule chose que je peux vous dire maintenant, c'est que c'est une affaire par la biais de laquelle l'establishment essaye de s'attaquer à Cain".

 

Le favori des sondages, aujourd'hui en déplacement à Washington pour délivrer un discours au prestigieux National Press Club, ne pourra sans doute pas échapper aux questions de la presse. L'affaire tombe au moment où l'ascension de l'ancien PDG de Godfather's Pizza dans l'opinion en faisait un candidat de plus en plus crédible pour affronter Barack Obama en novembre 2012. Par exemple, il a obtenu, ce mercredi, une rencontre avec les membres républicains du Congrès, ce qui était une bonne occasion de conquérir des soutiens haut-placés. Désormais, ces derniers seront sans doute moins enclins à appuyer la candidature de Cain.

 

L'heure des premiers votes se rapproche dangeureusement : l'Iowa, le premier Etat à voter, se rend aux urnes le 3 janvier prochain. Les jours à venir, marqués par un débat dans l'Illinois le 9 novembre, nous donneront l'occasion de voir si Cain pourra continuer sur sa lancée, en dépit des révélations de Politico.

 

 


Partager cet article
Repost0
27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 13:06

http://talkingpointsmemo.com/assets_c/2011/10/cain-romney-perry-split-cropped-proto-custom_28.jpg

De gauche à droite : Mitt Romney, Herman Cain et Rick Perry

 

 

En visite dans l'Ohio cette semaine, Mitt Romney a semblé hésiter sur le soutien aux lois anti-syndicats du gouverneur Kasich. L'occasion pour ses adversaires de lui reprocher, une fois encore, d'être une "girouette". Mais il semble que Perry et Cain font eux aussi face, à maintenant deux mois des premiers scrutins, à leur lot d'incertitudes.

 

Il y quelques mois, Mitt Romney a déclaré soutenir les lois anti-syndicats du gouverneur Kasich (R-OH), au moment des contestations ouvrières dans l'Etat industriel voisin du Wisconsin. De retour dans le "Buckeye State" ce mardi, Romney a déclaré qu'il resterait neutre dans le référendum lancé par Kasich à propos des droits des syndicats. Et le lendemain, il s'est excusé d'avoir semé la "confusion" et déclaré qu'il soutenait l'initiative de Kasich "à 110%".

 

Ces changements de positions, effectués le "doigt dans le vent" selon un membre de l'équipe de Perry, sont une habitude de l'ancien gouverneur du Massachusetts, qui est en campagne pour la Maison-Blanche depuis cinq ans, quasiment sans interruption. Avortement, droits des homosexuels, port d'armes... Romney a changé d'avis sur à peu près tous les sujets possibles depuis le début de sa carrière politique, en 1994.

 

Les accusations de "girouette" ("flip-flopper") n'ont pas tardé à fuser de la part de ses adversaires. Hier, Rick Perry invitait ses partisans à poster toutes les déclarations contradictoires de Romney sur Twitter, accompagnées du "hashtag" #flipflopmitt. Outre les républicains, les démocrates ne se sont pas privés d'attaquer Romney, un rival potentiellement dangereux s'il devait obtenir la nomination du parti de l'éléphant. Le parti démocrate de l'Ohio est même allé jusqu'à qualifier l'ancien homme d'affaires de "serial flip-flopper".

 

Si Perry se dresse comme le critique-en-chef de Romney, il a lui aussi fait preuve d'indécision au cours de la semaine. Au début de la semaine, il a rejoint le mouvement des "birthers", qui pensent qu'Obama n'est pas Américain. La veille, le gouverneur du Texas avait en effet déjeuné avec Donald Trump, qui en est depuis le printemps dernier le fer de lance. Puis, en milieu de semaine, Perry s'est retracté, sachant que la publication du certificat de naissance d'Obama, en mai 2011, a mis fin aux aspirations présidentielles de Trump.

 

Herman Cain, toujours dans le même registre, y est allé de sa petite gaffe. Ses revirements de position, depuis dix jours, sur le sujet de l'avortement, le mettent en position délicate alors que son avance dans le sondages, au niveau national, commence lentement à s'effriter.

 

Tous les sujets sont aujourd'hui abordés très fébrilement par tous les candidats républicains. Ceux-ci, voyant les primaires s'approcher rapidement, ne veulent contrarier aucune portion de leur très volatile électorat. En l'absence d'un leader incontestable, la moindre erreur rhétorique peut se transformer en une perte rapide de soutiens.

 

Ainsi, en jouant tous au jeu de la "girouette", les candidats s'assurent de ne pas subir de trop dommages, leurs adversaires en faisant de même. Cela montre que le plateau républicain pour 2012 est beaucoup plus faible que lors des années précédentes. Gagner du temps de la sorte leur assure de brouiller les pistes jusqu'à l'hiver, rendant l'issue de la course aussi incertaine que les valeurs en lesquelles ils croient vraiment.

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 14:34

http://images.politico.com/global/news/110917_rick_perry_ap_605.jpg

 

 

Son sursaut d'orgueil est encore dans toutes les têtes. A Las Vegas, il y a une semaine précisément, Rick Perry s'en prenait directement à son adversaire Mitt Romney, parvenant à faire sortir l'inébranlable homme d'affaires de ses gonds. En difficulté dans les sondages depuis un mois, Perry entend s'appuyer sur cet épisode marquant pour remettre sa campagne sur de bons rails. A 70 jours des premiers scrutins, le gouverneur du Texas a engagé une véritable refondation de son effort présidentiel.

 

Entré en campagne en grande pompe le 13 août dernier, Rick Perry a vu ses chiffres décoller dans les sondages - jusqu'à 38% - laissant loin derrière lui le favori de l'establishment républicain Mitt Romney. Mais miné par des performances très médiocres lors des quatre premiers débats, il a dû laisser filer l'étiquette de "candidat anti-Romney N°1" à Herman Cain. Aujourd'hui, dans le dernier sondage national de CBS et du New York Times, Perry pointe seulement à 6% des intentions de vote.

 

Mais plusieurs signes montrent, depuis quelques jours, que sa candidature est loin d'être terminée. Tout d'abord, les finances du gouverneur du Texas sont au beau fixe. Il y a dix jours, la Comission électorale fédérale dévoilait que Perry, avec 15 millions de dollars, avait levé plus de fonds que Romney. Or, en matière d'élections aux Etats-Unis, l'argent est le nerf de la guerre.

 

Avide de transformer ce capital monétaire en un redécollage efficace dans les sondages, Perry a annoncé avoir investi 200.000 dollars en publicités dans l'Etat de l'Iowa. Le 3 janvier prochain, le "Hawkeye State" s'exprimera en premier dans la course à la nomination républicaine ; il possède donc une importance considérable. Dès demain, les habitants de l'Iowa pourront sans aucun doute voir défiler des spots télévisés de Perry dirigés directement contre l'ancien gouverneur du Massachusetts.

 

Perry n'aura de cesse, au cours des 70 prochains jours, de déboulonner la campagne de Romney, jusqu'ici remarquable de stabilité. Pour ce faire, le Texan a fait le ménage parmi son équipe de hauts conseillers pour faire appel à des poids lourds du parti de l'éléphant. Par exemple, le gouverneur de Floride Rick Scott a mis à la disposition de Perry quelques uns de ses émissaires spécialistes en matière de provocation.

 

Pour illustrer le ton agressif de l'équipe de Perry, une source proche de Perry a confié ce matin au journal Politico : "Mitt Romney est sur le point de découvrir ce que c'est que de ramener un couteau pour un combat de rue". Aujourd'hui, dans une interview avec CNBC, Perry lui-même a déclaré qu'il "considérait que Romney est un gros minet", en référence à la fortune de l'ancien homme d'affaires, récemment estimée à plus de 250 millions de dollars.

 

Ce nouveau départ de Rick Perry intervient juste au moment où Cain, perdu par des déclarations maladroites sur l'avortement, est en perte de vitesse. Quant à Romney, il fait toujours la course en tête, mais sans parvenir à se détacher clairement de ses adversaires. Malgré des sondages au plus bas, les conseillers de Perry ont choisi le bon tempo pour rappeler que leur poulain est loin d'être mort et enterré.

 


Partager cet article
Repost0
22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 22:48

http://nimg.sulekha.com/others/thumbnailfull/danny-tarkanian-amy-tarkanian-2010-6-8-12-4-13.jpg

La chef du parti républicain du Nevada, Amy Tarkanian (en bleu), a plié sous la pression du New Hampshire

 

 

En acceptant de reculer sa consultation du 14 janvier au 4 février 2012, le Nevada a troqué son statut de "numéro 3" dans la course à la nomination contre celui de "numéro 5". En votant plus tard, le "Silver State" perd en importance dans le processus d'investiture du challenger de Barack Obama, lequel sera connu au printemps 2012. A qui la nouvelle donne profite-t-elle ?

 

Au coeur de la controverse menant à l'imboglio du calendrier des primaires républicaines se trouve une intense lutte d'influence. En résumé, quatre Etats se sont vus accordés par le "parti de l'éléphant" le droit de tenir leurs primaires plus tôt dans l'année 2012. Il s'agit, dans cet ordre, de l'Iowa (caucus), du New Hampshire (primaire), du Nevada (caucus) et de la Caroline du Sud (primaire).


Tandis que l'Iowa organisera ses caucus le 3 janvier, le Nevada a décidé, le 5 octobre dernier, de tenir ses élections le samedi 14 février. Seulement, coincé entre les deux, le New Hampshire menaçait de "sauter" l'Iowa et de tenir ses primaires en décembre. La raison en est simple : la fenêtre de onze jours séparant Iowa et Nevada n'est pas conforme à la loi du New Hampshire, qui en réclame au moins quatorze.


Depuis bientôt trois semaines, la lutte de pouvoir faisait donc rage entre Nevada et New Hampshire. Ne pouvant tenir ses caucus un mardi - pour des raisons d'organisation - le Nevada a été contraint de reculer jusqu'au samedi 4 février, ce qui le place après la Floride, qui votera le 31 janvier.


S'exprimer tôt, comme l'ont montré les confrontations des années précédentes, permet d'attirer l'attention des médias et donc de donner une importance exacerbée à son Etat. Ainsi, même en ayant un poids politique limité, les premiers Etats qui votent profitent d'un élan médiatique considérable. C'est le cas du Nevada, du New Hampshire et de l'Iowa, qui sont tous trois de petits Etats.


Le précédant schéma était censé, en théorie, avantager Mitt Romney. Tout est une question d'enchaînement. Romney comptait sur ses victoires dans le New Hampshire et au Nevada pour tenter de forcer la décision en Floride, fin janvier. Or, avec le recul du Nevada dans le calendrier, c'est un maillon majeur de sa chaîne qui vient de sauter.


En pratique, Romney n'est pas favori en Iowa et en Caroline du Sud ; perdre dans ces deux Etats le mettrait en mauvaise position pour aborder la Floride. Mais dans le camp Romney, on ne semble pas s'alarmer du bouleversement hiérarchique. Hier, l'équipe de l'ancien gouverneur du Massachusetts a même demandé aux instances républicaines du Nevada de reculer ses caucus.


En effet, en dépit de trois défaites potentielles sur quatre en janvier, Romney compte à présent sur un sans-faute en février. Le Nevada, le Maine, le Minnesota, le Colorado, l'Arizona et le Michigan, qui s'exprimeront du 4 au 28 février 2012, lui sont a priori tous favorables.


Cependant, comme ce fut le cas lors des années précédentes, celui qui sort vainqueur des premiers affrontements est largement perçu par les électeurs des Etats suivants comme le favori, ce qui oriente leur vote. En 2008, par exemple, on peut dire que McCain a remporté la nomination dès la primaire de Caroline du Sud, qui s'exprimait alors en cinquième position.


A première vue, le recul des caucus du Nevada est une bonne nouvelle pour Rick Perry et Herman Cain. Mais il leur faudra faire la différence très tôt en janvier, sous peine de voir Mitt Romney refaire son retard en février et empocher la nomination.


Partager cet article
Repost0
21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 13:32

http://www.washingtonpost.com/rf/image_606w/WashingtonPost/Content/Production/Blogs/the-fix/Images/2011-10-20T171935Z_01_LAV06_RTRIDSP_3_USA-CAMPAIGN-DEBATE.jpg?uuid=XAbbYPtCEeCg_hVJzCzPqA

Herman Cain au Western Republican Leadership Conference de Las Vegas (NV), le 19 octobre 2011. REUTERS/Las Vegas Sun/Steve Marcus

 

 

Invité par Piers Morgan à son show sur CNN mercredi soir, l'ancien homme d'affaires Herman Cain s'est déclaré en faveur du droit à l'avortement (pro-choice), avant de modérer sa position dès le lendemain. Une hésitation qui pourrait faire tâche au sein d'un parti composé à 68% d'opposants à l'IVG (chiffres Gallup, 2011).

 

L'ancien PDG de Godfather's Pizza, sans expérience élective aucune, se surexpose depuis sa victoire au P5 Florida Straw Poll, un scrutin consultatif, il y a un mois. Son interview, mercredi soir, avec Piers Morgan l'a vu une fois encore prendre une position controversée sur un sujet qui l'est tout autant. Au sein d'un parti dominé par la droite chrétienne de Sarah Palin et Rick Perry, se prononcer en faveur de l'avortement n'est en effet pas le meilleur moyen d'obtenir la nomination du camp de l'éléphant.


Depuis 1973 et l'arrêt de la Cour suprême Roe vs. Wade, l'avortement est légal aux Etats-Unis. Selon Cain, "le gouvernement ne devrait pas essayer de dire aux gens ce qu'ils doivent faire, surtout lorsqu'il s'agit d'une décision d'ordre social qu'ils ont à prendre. Celle-ci revient à la famille, et quelque soit ce qu'ils décident, ils décident". Son opinion suggère qu'il est personnellement en bons termes avec l'avortement, en tant qu'elle est une décision familiale et personnelle. 

 

Au delà de son avis en lui-même, c'est le manque de clarté de Cain qui ne manquera pas de faire débat. En effet, il avait déclaré une semaine avant à Fox Business Network que "l'avortement ne devrait pas être légal". Et hier soir, le fulgurant favori des médias déclarait via Twitter : "Je suis 100% opposé à l'avortement. Fin de l'histoire". Ce manque de consistence idéologique l'expose aux attaques de ses adversaires, car ceux-ci vont tenter de faire passer Cain pour un novice.

 

De surcroît, ce qui vaut pour l'avortement vaut également pour de nombreuses autres questions sur lesquelles son avis a brusquement changé. C'est par exemple le cas de la place des musulmans au sein du gouvernement américain, de l'électrification de la frontière américano-mexicaine ou encore du dialogue avec les terroristes. A chaque fois, du jour au lendemain, Cain renverse sa position et invoque des excuses telles que la blague ou le moment d'inattention.

 

Le moment est crucial pour la candidature de Cain, arrivé en tête des sondages sans se distinguer particulièrement de ses adversaires. Il profite, comme Rick Perry il y a deux mois, du fait que les électeurs sont souvent enthousiastes autour des personnalités qu'ils connaissent peu. 

 

Or, les convictions qu'Herman Cain présente aux militants républicains avides de le connaître plus avant sont toutes controversées. Sa maladresse pourrait finir par le heurter à moyen-terme et le priver du statut de favori. Sans aucun soutien de poids, son effort présidentiel serait stoppé net si ses chiffres dans les sondages s'effondraient.

 

A cet effet, se déclarer "pro-choice" est sans aucun doute extrêmement efficace. Les maladresses à répétition de Cain tombent au plus mauvais moment car pendant ce temps-là, le gouverneur du Texas Rick Perry revient lentement, mais sûrement, vers la place de "candidat anti-Romney N°1" qui lui a récemment échappé.

 


Partager cet article
Repost0
19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 06:54

http://images.politico.com/global/news/111018_reuters_perry_romney_328.jpg

Le ton monte entre Romney, cravate bleue, et Perry, cravate rouge (Reuters)

 

 

Le cinquième débat en 50 jours, hier à Las Vegas (NV), a vu Rick Perry s'en prendre aggressivement à l'ancien homme d'affaires Mitt Romney. Tombé très bas dans les sondages après quatre performances très moyennes, le gouverneur du Texas n'avait pas d'autre choix que de passer à l'offensive pour raviver sa candidature. A court de solutions, Perry s'en est remis au bon vieil artifice de l'attaque personnelle.

 

Pour sûr, celle-ci a été bien préparée. Rien ne laissait présager d'une telle estocade quand Perry a répondu à une question sur l'immigration illégale de façon musclée : "Ils viennent ici parce que le gouvernement fédéral n'a pas été capable de sécuriser cette frontière [américano-mexicaine, NDLR] et parce qu'ils sont attirés par nos emplois. Les personnes qui emploient ces immigrants illégaux doivent être pénalisées". Un bilan approuvé du regard par Romney. Puis le gouverneur du Texas s'est tourné vers le candidat mormon, situé à sa droite, pour lui lancer : "Mitt, pour moi, vous perdez toute crédibilité sur le sujet parce que vous avez embauché des immigrants illégaux pour votre propre maison. Pendant une année entière, vous saviez qu'ils ne devaient pas être là. Le fait que vous vous teniez ici, devant nous, en vous vantant de la solidité de votre politique en la matière, c'est le sommet de l'hypocrisie".


S'en est suivi un vif échange entre les deux hommes. Au delà de l'attaque, Romney a semblé davantage contrarié par le fait que Rick Perry n'a pas respecté le temps de parole de trente secondes imparti pour sa réponse. Hué par le public du Nevada, acquis à la cause de l'ancien gouverneur du Massachusetts, Perry a dû laisser son adversaire répondre. Romney a nié savoir que ses employés n'avaient pas de papiers valides au moment de leur embauche. Surtout, il a rappelé que l'Etat du Texas, sous la gouvernance de Perry, avait connu une augmentation du nombre immigrés illégaux à hauteur de 60%.

 

Le regard des deux hommes, plus que leurs mots, en disait long sur l'intensité de leur rivalité. Après le débat, Ann Romney, l'épouse de l'ancien homme d'affaires, a même parlé d'"animosité" entre les deux favoris. Selon le porte-parole de Romney, Eric Fehrstrom, "la stratégie de Rick Perry, c'était de participer à ce débat pour tuer Mitt. Je crois qu'il a fini par se tuer lui-même". Dans une campagne où il suffit de faire parler de soi pour prendre la tête des sondages, Perry est d'ores et déjà assuré que son idée était la bonne. En revanche, s'en prendre à Romney dans le Nevada, un bastion mormon de l'ancien gouverneur du Massachusetts - en 2008, il s'est imposé avec 40 points d'avance dans cet Etat -  était plutôt maladroit.


A 75 jours des premiers votes dans l'Iowa, cette attaque sonnait déjà comme un baroud d'honneur pour le gouverneur du Texas. Elle a nourri les opinions des spécialistes selon lesquels Perry a été meilleur que d'habitude en débat. Certains, plus railleurs, le félicitent de ne pas s'être endormi. Mais pour beaucoup d'observateurs, Romney reste au-dessus car il a, pour la cinquième fois consécutive, maitrîsé l'ensemble de la soirée. En tant que favori désormais indiscutable, il était pourtant l'objet de toutes les attentions - bonnes ou mauvaises - de ses adversaires.

 

Perry a fourni aux médias de quoi alimenter l'intérêt des électeurs autour de sa candidature. C'était bien là l'essentiel, alors que la campagne préisdentielle, privée de débat jusqu'au 9 novembre, se tourne vers une nouvelle phase. Avec les dates limites d'inscription s'approchant dans tous les Etats, la lutte sur le terrain reprend ses droits. Et avec elle, encore, son lot de petites phrases assassines. 




 


Partager cet article
Repost0
18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 04:21

http://images.politico.com/global/news/110523_cain_romney_ap_328.jpg

Les deux hommes d'affaires partagent actuellement le haut de l'affiche (Montage Politico)

 

 

Mitt Romney fait preuve, depuis le début de l'année 2011, d'une régularité remarquable : son soutien est stable depuis maintenant 10 mois, oscillant entre 20 et 25% des militants républicains. Mais certains spécialistes n'hésitent pas à signaler que, les primaires commençant dans moins de 80 jours, le fait que Romney n'arrive pas à atteindre le tiers d'intentions de vote au niveau national révèle un manque latent de popularité. De fait, on a vu tout au long de l'année des candidats au profil plus ou moins connu incarner l'alternative à l'ancien gouverneur du Massachusetts. Depuis début octobre, ce rôle incombe à Herman Cain.

 

 

L'ancien PDG de Godfather's Pizza avait déjà connu une forte montée dans les sondages, mi-juin, juste avant que Michelle Bachmann n'annonce sa candidature. Miné par des déclarations catastrophiques à la télévision, la "bulle" Herman Cain n'avait alors pas fait long feu. En effet, à la manière d'un phénomène bien connu en ces temps de crise, les candidats républicains font, tour à tour, office de bulle spéculative pour tenter de contrer l'irrésistible marche de Romney vers la nomination.

Tout d'abord, il y a eu Donald Trump, entre fin avril et mi-mai. Le milliardaire a dû renoncer du fait du pic de popularité d'Obama en mai, provoqué par la publication de son certificat de naissance et de l'élimination d'Oussama Ben Laden. Puis ce fut, brièvement, la période Tim Pawlenty, de mi-mai à mi-juin, qui lui-même fut écarté par Michele Bachmann de mi-juin à début août. La victoire de cette dernière à l'Ames Straw Poll du 13 août a poussé d'ailleurs poussé Pawlenty à mettre fin à son effort présidentiel.

La valse des candidats anti-Romney s'est poursuivie ce même 13 août 2011, lorsque le gouverneur du Texas Rick Perry a décidé d'entrer en course pour l'investiture. Il grimpe immédiatement à 40% des intentions de vote au niveau national, mais à cause de ses performances plus que médiocres en débat, il laisse filer le P5 Straw Poll de Floride du 25 septembre dernier à Herman Cain. Cette date marque la fin de la "bulle Perry" au profit de la "bulle Cain" d'aujourd'hui.

 

Comme Rick Perry il y a quelques semaines, Herman Cain tutoie Mitt Romney dans de nombreux sondages. Au niveau national, CNN rapporte hier que les deux hommes sont statistiquement à égalité, 26% pour le candidat mormon et 25% pour l'ancien patron de Godfather's Pizza. Dans le Nevada, un Etat où Romney a gagné avec 51% des voix en 2008, l'ancien gouverneur ne possède que cinq points d'avance sur Cain (31 contre 26%).

Tout augure d'un destin similaire à celui qu'ont connu les précédents candidats anti-Romney. Cain multiplie en effet les interviews à la télévision plutôt que de laisser l'élan médiatique paisiblement travailler en sa faveur. Les médias lui ont donné le statut de favori, mais il commet l'erreur de surexposer sa candidature aux attaques de ses adversaires. Depuis quelques jours, les critiques sur son plan fiscal "9-9-9" pleuvent, tandis que sa doctrine en matière de politique étrangère consiste à dire aux journalistes : "Je ne connais pas la réponse à cette question, mais je vous le dirai une fois que je serai président".

Surtout, si les premiers Etats à voter le plaçent statistiquement en position d'inquiéter Romney, Cain a pourtant choisi une stratégie électorale peu commune. Celle-ci consiste à faire campagne dans des Etats qui votent plus tard dans le processus des primaires, et donc qui n'ont aucun impact réel sur l'issue de la course. Par exemple, Cain fait campagne en Arkansas, au Texas, en Alabama ou Indiana au lieu de se concentrer sur l'Iowa, où il ne s'est pas rendu depuis août.

 

 

A court-terme, ses interviews "rock n' roll" sont un réel danger pour sa candidature. Comme pour tous les candidats mis en lumière précédemment, les électeurs quitterront Cain au fur et à mesure qu'ils le connaîtront plus avant. Ainsi, le moyen-terme verra Cain s'effondrer lors des premiers scrutins, car sa stratégie n'est pas la bonne. Qu'importe, il semble que seul le long-terme lui importe : la vente de son livre et l'obtention de son propre show sur Fox News. De ce point de vue-là, il faut l'avouer, Cain est plutôt bien parti.

Dans quelques semaines, le "phénomène Cain" sera passé de mode. Il nous restera alors à découvrir vers qui les républicains se tourneront pour incarner la nouvelle alternative à Romney.

 


Partager cet article
Repost0
16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 15:17

http://www.journaldunet.com/economie/magazine/occupy-wall-street/image/occupy-wall-street-1012016.jpg 

Le mouvement "Occupy Wall Street" est la version américaine des "Indignés" européens. (Erwan Gallen / JDN)

 

 

Depuis quelques jours, la colère des "Indignés" américains s'abat sur Wall Street. Alors que la campagne républicaine pour la nomination du parti bat son plein, les prétendants du camp de l'éléphant n'ont de cesse de critiquer les régulations de Barack Obama, consacrées à l'été 2010 par la loi Dodd-Frank. Le président, entré officiellement en campagne depuis de longs mois, ne va pas manquer une si belle occasion de se démarquer de ses adversaires, Mitt Romney en tête.

 

Invité ce dimanche de l'émission "This Week" diffusée sur ABC, le directeur de campagne d'Obama, David Axelrod, s'en est vivement pris aux deux favoris républicains pour la nomination, Rick Perry et Mitt Romney. Selon lui, "aucun Américain n'est impressionné d'entendre le gouverneur Romney et tous les candidats républicains dire que la première chose qu'il feraient, c'est de revenir sur les réformes de Wall Street, et donc de revenir là où l'on était avant la crise en laissant Wall Street dicter sa propre loi".

C'est sans surprise que la campagne d'Obama concentre sur ces attaques sur le mormon Mitt Romney. Son statut de modéré pourrait causer bien du tort au président sortant dans les Etats indécis qui décideront du sort de l'élection présidentielle. Toujours selon Axelrod, "le soutien à Romney n'augmente pas car [...] les gens ne savent pas ce en quoi il croit. Il est en campagne depuis vingt ans [...] et incesamment, il change ses positions. On a l'impression qu'il n'a aucun principe plus important que son appétit électoral".

La campagne de Romney sait qu'Obama redoute l'ancien gouverneur du Massachusetts plus que tout autre adversaire potentiel. Depuis des mois, l'ancien homme d'affaires critique le bilan d'Obama, mais jeudi, une vidéo montrait la posture de défi que Romney, actuellement en tête d'une écrasante majorité de sondages, a pris envers le président démocrate. Les insinuations de ce spot de 47 secondes, intitulé "Nerveux ?" viennent d'être confirmées par le camp Obama via l'interview de David Axelrod.

 

Faire passer Mitt Romney, un businessman multi-millionaire du Nord-Est, est chose aisée pour les démocrates. Plus largement, il est très facile pour Obama de se faire le défenseur des "Indignés", unis contre les défenseurs de Wall Street que sont les républicains. Ces derniers n'ont aucune autre intention que de démanteler les régulations financières de 2010 et l'ont encore répété mardi dernier, lors d'un débat dans le New Hampshire consacré aux questions économiques.

Les chiffres du troisième trimestre de levée de fonds, qui viennent d'être publiés par la Commission électorale fédérale (FEC) montrent un gouffre entre Barack Obama (70 millions de dollars) et Rick Perry, en tête du côté du parti de l'éléphant avec 17 millions de dollars. Plus intéressant, il apparaît que 1,5 des 14,2 millions de dollars récoltés par Mitt Romney proviennent directement de Wall Street.

En comparaison, Obama n'a récolté que 270.000 dollars auprès des grandes entreprises et reste fidèle à sa volonté de ne faire grossir son trésor de guerre qu'avec des petites contributions. Avec les "Indignés", le président démocrate tient une occasion en or de montrer que les républicains ont tort de vouloir faire machine arrière sur les régulations financières. De sucroît, les chiffres de la FEC appuyent la thèse selon laquelle Wall Street est la machine à sous du parti républicain.

 

En mal de résultats sur le front de l'emploi, Barack Obama a besoin des "Indignés" pour rassurer sa base électorale. C'est d'ailleurs le sens de son allocution d'aujourd'hui, consacrée à l'héritage de Martin Luther King. Mais en attendant, attaquer Mitt Romney est le moins qu'il puisse faire pour espérer conserver les faveurs de l'électorat centriste qui lui a donné la victoire en 2008.

Partager cet article
Repost0
13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 07:58

http://t2.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcSJQZ3v6-aym02GeQNe4407qP86i_4phelfmi2eR3UGs_YjjsGm

 

 

L'American Jobs Act du président a été rejeté hier par le Sénat américain, par 50 voix contre 49, échouant de seulement deux législateurs. Alors que Barack Obama et la Maison-Blanche se font fort de ce projet conteant des mesures votées à la fois par des démocrates et des républicains par le passé, comment se fait-il que le projet de loi soit resté lettre morte ?

 

La réponse se trouve sans doute dans les chiffres. La crise fait toujours sentir ses effets - le taux de chômage est resté stable le mois dernier, à 9,1% - et les Américains ont élu les républicains, en novembre 2010, pour réduire les impôts. Le plan présidentiel, d'un coût d'environ 447 milliards de dollars, est largement financé par une augmentation des prélèvements obligatoires, contrebalancé par des économies sur le budget 2012 voté il y a trois semaines.

Seulement, les législateurs démocrates les plus centristes ne sont plus prêts à s'associer de près au président Obama, dont l'impopularité croissante menace leurs chances de réélection. Ainsi, quelque soient le coût des mesures pour l'emploi et la façon de les financer, ces sénateurs monayeront cher leur soutien à l'American Jobs Act.

 

Pour n'en citer que deux, Jon Tester (D-MT) et Ben Nelson (D-NE) sont des exemples qui illustrent très bien la situation actuelle. hier, ils ont voté contre le projet présidentiel. Tous deux sénateurs d'Etats indécis, leurs chances de réélection sont incertaines. En effet, l'électorat indépendant qui a penché en leur faveur en 2006, au moment où les démocrates étaient au sommet de leur popularité, menace de se retourner contre eux l'an prochain.

La raison en est simple : en tant que démocrates, tout ce que pourra faire le président Obama se interprété par les électeurs comme leur propre action. En votant contre un projet de loi vital pour la survie de l'administration actuelle, ils se démarquent des autres sénateurs démocrates en signalant leur indépendance. Refuser de faire avancer les choses à l'échelle nationale est, en somme, leur unique moyen de préserver leur siège à l'échelle locale.

 

Mais parce que sur le long-terme, un refus continuel sera leur sera forcément préjudiaciable, il n'y a aucun doute à avoir sur le fait que la poignée de sénateurs centristes votera en faveur d'un plan pour l'emploi considérablement amendé. Chose que ne feront pas, une fois de plus, les républicains, et qui pourrait, comme ce fut le cas lors des réélections de Clinton et de Truman, les priver de la reconquête de la Maison-Blanche.

Une adoption de l'American Jobs Act, même tardive, sera toujours plus favorable au président qu'à la majorité au Congrès. C'est aujourd'hui l'une des certitudes les plus fermes de Barack Obama.

 

Partager cet article
Repost0