Barack Obama lors de son discours devant la Convention démocrate, le 6 septembre 2012 (D.Goldman/SIPA)
Malgré un discours en demi-teinte du président hier soir, la convention démocrate de Charlotte fut plutôt un succès. A deux mois de l’élection, cette démonstration de force collective n’assure pourtant pas à Barack Obama une réélection confortable. Les chiffres du chômage pour le mois d’août, publiés ce matin, sont venus rappeler aux démocrates la dure réalité que représente la reprise molle de l’économie du pays.
Incontestablement, l’entrain était côté démocrate lorsque l’on compare la convention de Charlotte (Caroline du Nord), à celle de Tampa (Floride), une semaine plus tôt. Même si les allocutions données par Ann Romney, Marco Rubio ou Mitt Romney étaient loin d’être mauvaises, elles ont été balayées par le show donné successivement par Michelle Obama, puis Bill Clinton.
En se lançant dans une attaque en règle du projet républicain, l’ancien président a démontré, à 66 ans, qu’il avait rien perdu de sa verve. Après un discours salué par toute la presse américaine, Bill Clinton va poursuivre sa campagne pour Barack Obama puisqu’il sera en Floride et en Ohio, deux Etats-clés de l’élection, la semaine prochaine.
Barack Obama n’a pas pu égaler la performance de son prédécesseur dans le Bureau Ovale lors de son discours d’hier soir. Pire, il n’a pas su réinventer la magie de ses allocutions de 2008, lorsque, en tant que jeune sénateur, il incarnait l’espoir et le changement aux yeux des Américains.
Obligé de défendre un bilan mitigé, Obama n’a pas pu pointer du doigt l’obstruction permanente des républicains au Congrès. Dans la seconde partie de son discours, il a exposé une version de l’avenir qui n’avait rien à voir avec celle d’il y a quatre ans. En résumé, Obama n’a pas fait du Obama hier soir parce que, comme il l’a souligné, « les temps ont changé (…) Je ne suis plus simplement un candidat, je suis le président. »
Cette posture réaliste s’explique par la reprise lente de l’économie, qui menace grandement les espoirs de réélection de Barack Obama. Alors que les analystes s’attendaient un chiffre de 130.000 nouveaux emplois en août, le ministère du travail américain a annoncé que seulement 96.000 emplois avaient été créés lors du mois dernier. La baisse du taux de chômage, de 8,3% à 8,1%, s’explique par le fait que les milliers d’Américains ont cessé de chercher activement un travail.
A deux mois de l’élection, ces chiffres décevants mettent de l’eau dans le moulin de Mitt Romney. « Hier soir, c’était la fête, et ce matin, c’est la gueule de bois », a réagi le candidat républicain. En effet, tour à tour, le discours prudent de Barack Obama, puis les mauvais chiffres du chômage sont venus rappeler aux démocrates que l’élection est loin d’être jouée d’avance.
En effet, Obama possède toujours l’avantage dans six des sept swing-states les plus importants, mais Romney refait son retard. Surtout, ce dernier dispose d’un avantage financier considérable sur le président sortant, privé à la fois des grosses donations de Wall Street et des petites contributions des middle-class Americans qui l’avaient porté vers la victoire en 2008.
C’est ainsi que, malgré une convention moins réussie, Romney se retrouve avec le vent dans le dos à l’entame du sprint final. Ce n’est pas un avantage décisif, mais c’est un avantage non négligeable avant les débats télévisés en octobre, qui seront cette année d’une importance capitale dans la course à la Maison-Blanche.
Article paru dans Le Plus du Nouvel Observateur le 7 septembre 2012.