Bill Clinton s'adresse aux délégués de la convention démocrate de Charlotte le 5 septembre 2012 (Photo AP)
Tout au long de ses quarante-huit minutes de discours, Bill Clinton s’est fait le défenseur de la cause du président Barack Obama, qui réclame en novembre sa réélection aux Américains. La veille, c’était l’épouse du président sortant, Michelle Obama, qui était montée sur scène pour défendre son président de mari. Placées en « primetime » sur les télévisions américaines, leurs interventions avaient deux objectifs bien différents.
La First Lady mobilise la gauche du parti
Michelle Obama a été appelée en renfort par les stratèges démocrates pour rassurer l’électorat populaire que le président, proche des Américains il y a quatre ans, n’avait pas été changé par l’exercice du pouvoir. Son récit de la vie à l’intérieur de la Maison-Blanche avec un homme demeuré simple avait pour but de démontrer qu’Obama ne s’est jamais coupé des Américains les plus démunis, et que ces derniers ne devaient pas l’abandonner à mi-chemin de son action.
L’une des lignes de la Première Dame les plus applaudies, « being President doesn’t change who you are – it reveals who you are » (être président ne change pas qui vous êtes, cela révèle qui vous êtes) avait donc pour but de mobiliser les jeunes et les minorités qui, en 2008, avaient porté Barack Obama vers la Maison-Blanche.
Les démocrates doivent stopper la démobilisation de leur camp avant le passage dans les urnes. Selon un sondage CNN publié hier, 52% des électeurs inscrits penchent pour le duo Obama/Biden (contre 45% pour la paire Romney/Ryan), mais seulement 48% de ceux qui sont sûrs d’aller voter choisiront de reconduire le ticket sortant, le mettant à égalité avec son rival républicain.
A plus forte raison, l’enthousiasme en berne de la gauche du Part démocrate prive le président sortant d’un avantage financier sur Mitt Romney - dont il jouissait contre John McCain. Moteur de sa levée de fonds en 2008, les petites donations sont à l’avantage des républicains cette année.
Motiver la gauche du parti, gommer l’usure du pouvoir et recréer la magie de 2008, telle était la mission de Michelle Obama mardi – une mission exécutée avec brio.
Bill Clinton rassure les électeurs centristes tentés par l’alternative
Malgré ses soixante-six bougies, soufflées récemment, Bill Clinton n’a rien perdu de son aura et de son énergie. L’ancien président (1993-2001) a souvent versé dans l’improvisation, dépassant son temps de parole de plus de vingt minutes, pour le plus grand bonheur du public de Charlotte.
Clinton, chiffres a l’appui, a passé la plus grande partie de son allocution à démontrer aux Américains que le projet de Mitt Romney n’était pas crédible. En raillant les compétences mathématiques des républicains pour équilibrer un budget, l’ancien président a vivement indiqué aux électeurs centristes ralliés aux démocrates il y a quatre ans la nécessité de poursuivre le projet d’Obama – pour mieux éviter celui de Romney.
Mais plus encore que de s’en prendre directement à ses adversaires, l’intervention de Clinton avait pour but de rappeler aux Américains le bon souvenir de la période de croissance exceptionnelle qu’a connu le pays sous son mandat. L’analogie était évidente : reconduire un président démocrate en 1996 a permis cela, il faut donc en faire de même en 2012.
L’impact de Bill Clinton pourrait être capital, puisque la convention démocrate a été plus suivie que la convention républicaine. Alex Castellanos, ancien conseiller de Mitt Romney lors de sa campagne présidentielle de 2008, a déclaré hier soir sur CNN que Clinton avait peut-être donné la victoire à Obama.
Plutôt que la passion, ranimée par Michelle Obama, Bill Clinton s’est donc chargé hier soir de conserver la raison dans le camp démocrate. Leurs discours, complémentaires et très réussis selon une presse unanime, offrent à Barack Obama une rampe de lancement idéale pour défendre, ce soir, son propre effort de réélection.