14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 08:43

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Alors que Julian Castro et Michelle Obama ont, tour à tour, électrisé la convention nationale démocrate hier, les républicains tentent depuis le début de la semaine de détourner l’attention du camp de l’âne en suggérant aux électeurs une analogie entre le président Obama et l’ancien président Jimmy Carter, battu en 1980 par Ronald Reagan. L’équipe de campagne de Mitt Romney est en effet avide de démontrer que tout comme l’unique mandat de Carter, le premier mandat de Barack Obama à la Maison-Blanche est un échec. La comparaison entre les deux hommes est-elle valable ?

 

 

 

 

 

 

Deux mandats plombés par la crise économique

 

 

De façon successive, les deux chocs pétroliers de 1974 et 1979 sont venus mettre fin aux trente années de croissance qui avaient suivi la fin de la deuxième guerre mondiale. Au moment de sa campagne de réélection, en 1980, le président démocrate Jimmy Carter, élu quatre ans plus tôt, devait donc composer avec un bilan économique catastrophique.


 

Plus précisément, Carter a dû faire face à six mois de faiblesse marquée de l’économie qui, arrivée au plus mauvais moment pour lui lors de l’année 1980, a contribué en grande partie à sa défaite contre Ronald Reagan.


En posant la question « Are you better off than you were four years ago ? » (Votre situation est-elle meilleure qu’elle ne l’était il y a quatre ans ?) dans un débat télévisé en octobre 1980, Reagan cherchait à démontrer aux Américains l’évidence des mauvais résultats économiques sous le mandat de son rival.


 

 

 

En cela, la situation d’Obama est très différente de celle de Carter. Le président actuel bénéficie en effet, contrairement à son lointain prédécesseur, d’une reprise – certes lente, mais une reprise tout de même – sur l’ensemble de son mandat. Le PIB, qui perdait 6,7% au premier trimestre de 2009, a progressé de 1,7% au second semestre de 2012.


Problème pour Obama : la croissance n’est pas suffisamment importante pour lui permettre de faire baisser les chiffres du chômage. Pire, malgré 388.000 emplois créés ces quatre derniers mois, le taux de chômage est passé de 8,1% en mai à 8,3% en août 2012.


 

Romney a-t-il la carrure de Ronald Reagan ?

 

Si les chiffres publiés ce vendredi 7 septembre par le ministère du Travail américain sont en hausse, Mitt Romney et les républicains redoubleront d’efforts pour mettre la question « are you better off ? » au centre de la campagne. Pour autant, comme le rappellent Mark Landler et John Harwood dans le New York Times ce matin, « une campagne basée sur la résignation des gens n’est pas suffisante pour gagner ».


Pour que l’analogie entre Obama et Carter prenne vraiment forme, il faut également à Romney incarner la figure de Ronald Reagan, un homme dont la carrure serait suffisamment solide aux yeux des Américains pour risquer de ne pas reconduire un président sortant (sur les treize derniers présidents-candidats, dix l’ont emporté).


S’il ne fait guère de doute que le programme très à droite du Parti républicain offre une alternative claire à l’agenda proposé par Barack Obama, la figure de Romney n’est pas à même de rassurer les Américains. La faute à un passé de girouette politique, et sans doute à une étiquette de businessman millionnaire coupé des préoccupations de la classe moyenne américaine.


Malgré les efforts fournis à la convention républicaine la semaine dernière, Romney a toujours un déficit d’image à combler sur le président. Il lui reste à présent un mois et un jour pour corriger le tir et atteindre le chiffre magique de 270 grands électeurs. La mission n’est pas impossible pour le parti de l’éléphant, mais sans aucun doute, le temps presse. Une fois que Barack Obama aura accepté la nomination de son parti jeudi, la course sera bel et bien lancée.

 

 

Paru dans Le Plus du Nouvel Observateur le 6 septembre 2012.

 


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