Les Etats-Unis sont plus désunis que jamais. Républicains et démocrates, à l’occasion de l’élection présidentielle de novembre 2012, vont encore se livrer une lutte sans merci pour le contrôle de la Maison-Blanche. Conservateurs fiscaux et traditionalistes religieux contre progressistes économiques et modérés sociaux, la droite et la gauche américaine forment aujourd’hui deux blocs absolument distincts, insécables, irréconciliables. Il n’en fut pas toujours ainsi.
Les Etats-Unis se distinguent de la France, et du régime de la Ve République en particulier, par la volonté originelle de promouvoir le consensus et l’intérêt général plutôt que la dictature d’un parti sur l’autre. Le « fait majoritaire » en vigueur à l’Assemblée nationale n’existe pas au Congrès : là où les règles législatives permettent en France à la majorité d’écraser la minorité cinq ans durant, elles contraignent les partis américains à travailler ensemble, faire des compromis, modérer leurs positions.
Depuis une trentaine d’années, les signes ne manquent pas pour montrer que le Congrès ne fonctionne pas comme les "Pères fondateurs" — George Washington, Thomas Jefferson et consorts — l’ont voulu. Les consensus deviennent de plus en plus rares, l’obstruction parlementaire de plus en plus banalisée. Les partis américains, autrefois idéologiquement et géographiquement divers, deviennent des formations rigides et centralisées à l’européenne. Au sein du régime présidentiel américain, cette « parlementarisation » des partis représente un danger évident.
Comme le montre leur historique de vote à la Chambre des représentants et au Sénat, jamais les républicains n'ont été aussi conservateurs. Leur éloignement du centre idéologique est responsable du blocage institutionnel du Congrès américain.
Ce livre a pour but de démontrer que si la situation politique contemporaine des Etats-Unis ne fait qu’empirer, cela est en immense partie dû à la radicalisation du Parti républicain. La présidence de Barack Obama, régulièrement qualifié de « communiste » ou de « musulman » par l’opposition, représente un témoignage incontestable du chemin de croix parcouru par la droite américaine modérée, de Dwight Eisenhower jusqu’à Sarah Palin, en passant par Ronald Reagan et George W. Bush.
Le Parti républicain est un parti dogmatique, aujourd’hui incompatible avec les vertus d’une Constitution dont les conservateurs se réclament pourtant les plus fervents défenseurs. Le Tea Party, mouvement anciennement indépendant devenu une succursale véritable du « parti de l’éléphant », ne jure que par une idéologie radicale qui n’amènera pas au Congrès le consensus nécessaire pour sortir le pays de la crise politique.
La Nouvelle Droite Américaine revient sur la trentaine d’années qui ont vu le « parti de Lincoln » devenir celui de Michele Bachmann ou Rick Santorum. Cet essai décrypte les développements des quatre années au pouvoir de Barack Obama, et sa lutte contre la coalition du Parti républicain, de la droite chrétienne et du Tea Party.
Tous les sujets y sont abordés, de l'avortement à la politique étrangère des Etats-Unis, d'Obamacare à la fiscalité, sans oublier le port d'armes ou l'immigration. C'est un outil indispensable pour comprendre les enjeux de l’élection présidentielle de 2012, et en particulier le programme du nominé républicain Mitt Romney.