6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 02:23

http://images.huffingtonpost.com/2012-08-31-rROMNEYlarge570.jpg

 

Paru dans le Huffington Post, 01-09-2012.

 

 

Toute la semaine, il a été question dans les médias de l’humanisation de Mitt Romney lors de la convention républicaine de Tampa (Floride). Le discours en grande pompe de son épouse Ann, les interviews multiples de ses cinq fils sur les grandes chaînes américaines, les documentaires préparés par son équipe de campagne… Tout a été fait pour remplacer le concret par du superficiel – confirmant que ces rassemblements politiques quadriennaux ne sont plus que pur folklore.


Même dans le discours du colistier de Romney, Paul Ryan, que l’on attendait bourré de spécificités sur son budget controversé, il s’est agi de moquer les goûts musicaux du candidat mormon. Par conséquent, il était inutile d’attendre la moindre annonce dans le discours de ce dernier, qui clôturait la convention. A la place, des anecdotes sur son père, sur sa jeunesse, sur Neil Armstrong… Pour la première fois, aussi, Romney s’est risqué à exposer les effets positifs de sa religion mormone sur sa vie.

 

 

 


Entre quelques piques lancées au président Obama, le nominé républicain s’est donc bien gardé d’avancer les détails de son programme. Tout juste s’est-il contenté de l’exposition de ses cinq points magiques pour relancer l’économie, et d’un maigre aperçu de sa philosophie d’ « exceptionnalisme républicain » en matière de politique étrangère. En tout et pour tout, 260 mots pour décrire ses intentions politiques. Comment expliquer un tel choix de privilégier la forme sur le fond ?


Premièrement, par le fait que le programme du Parti républicain de 2012 est radical. En matière d’économie, le ticket Romney/Ryan promet d’équilibrer les comptes de l’Etat fédéral en augmentant les dépenses militaires, tout en préservant Medicare et le système de retraites – la moitié du budget américain – pour les dix prochaines années. Il ne resterait alors plus que les programmes pour les plus pauvres pour faire des économies (Medicaid, les bons alimentaires, les bourses scolaires, les formations pour les sans-emplois, etc.). Cerise sur le gâteau, le programme fiscal de Paul Ryan garantirait à des millionnaires comme Romney d’être imposé à un taux proche de zéro, grâce à des retours sur investissement en capital provenant de l’étranger.

 

 

 

 

Le programme économique de Romney et Ryan est couplé à une plateforme républicaine plus conservatrice que jamais sur les questions de société. La comparaison permanente des républicains d’aujourd’hui à Ronald Reagan est de ce point de vue injustifiée, puisque le programme de 1980 était bien plus modéré. Pareillement, inutile d’évoquer les positions de Romney en matière de politique étrangère, qui ne rappellent que trop les deux mandats de George W. Bush, toujours fortement impopulaire quatre ans après la fin de sa présidence.


Deuxièmement, l’opacité de Romney lors de son discours et sa volonté de faire usage d’éléments de langage superficiels indiquent que l’ancien gouverneur du Massachusetts a pris le pari qu’il n’a pas besoin d’être spécifique pour l’emporter. Romney compte quasi-exclusivement sur une économie suffisamment mauvaise dans les deux mois à venir pour priver Barack Obama d’un second mandat. Inutile donc d’exciter la base du parti, ou de tenter de diviser plus encore les Américains : selon le calcul du camp républicain, être présentable sera suffisant si le taux de chômage (8,3% en août) ne descend pas d’ici au 6 novembre. Pour cela, Romney doit réussir le tour de force de se forger une image de candidat modéré, ouvert et acceptable avec un programme qui ne l’est absolument pas.


Là était toute l’utilité de la convention républicaine de Tampa. Avec son discours, Mitt Romney a fait le premier pas vers l’acquisition d’une image nécessaire pour atteindre la présidence. Mais si l’économie en décide autrement, cela ne sera peut-être pas suffisant.

 

 

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