Herman Cain au Western Republican Leadership Conference de Las Vegas (NV), le 19 octobre 2011. REUTERS/Las Vegas Sun/Steve Marcus
Invité par Piers Morgan à son show sur CNN mercredi soir, l'ancien homme d'affaires Herman Cain s'est déclaré en faveur du droit à l'avortement (pro-choice), avant de modérer sa position dès le lendemain. Une hésitation qui pourrait faire tâche au sein d'un parti composé à 68% d'opposants à l'IVG (chiffres Gallup, 2011).
L'ancien PDG de Godfather's Pizza, sans expérience élective aucune, se surexpose depuis sa victoire au P5 Florida Straw Poll, un scrutin consultatif, il y a un mois. Son interview, mercredi soir, avec Piers Morgan l'a vu une fois encore prendre une position controversée sur un sujet qui l'est tout autant. Au sein d'un parti dominé par la droite chrétienne de Sarah Palin et Rick Perry, se prononcer en faveur de l'avortement n'est en effet pas le meilleur moyen d'obtenir la nomination du camp de l'éléphant.
Depuis 1973 et l'arrêt de la Cour suprême Roe vs. Wade, l'avortement est légal aux Etats-Unis. Selon Cain, "le gouvernement ne devrait pas essayer de dire aux gens ce qu'ils doivent faire, surtout lorsqu'il s'agit d'une décision d'ordre social qu'ils ont à prendre. Celle-ci revient à la famille, et quelque soit ce qu'ils décident, ils décident". Son opinion suggère qu'il est personnellement en bons termes avec l'avortement, en tant qu'elle est une décision familiale et personnelle.
Au delà de son avis en lui-même, c'est le manque de clarté de Cain qui ne manquera pas de faire débat. En effet, il avait déclaré une semaine avant à Fox Business Network que "l'avortement ne devrait pas être légal". Et hier soir, le fulgurant favori des médias déclarait via Twitter : "Je suis 100% opposé à l'avortement. Fin de l'histoire". Ce manque de consistence idéologique l'expose aux attaques de ses adversaires, car ceux-ci vont tenter de faire passer Cain pour un novice.
De surcroît, ce qui vaut pour l'avortement vaut également pour de nombreuses autres questions sur lesquelles son avis a brusquement changé. C'est par exemple le cas de la place des musulmans au sein du gouvernement américain, de l'électrification de la frontière américano-mexicaine ou encore du dialogue avec les terroristes. A chaque fois, du jour au lendemain, Cain renverse sa position et invoque des excuses telles que la blague ou le moment d'inattention.
Le moment est crucial pour la candidature de Cain, arrivé en tête des sondages sans se distinguer particulièrement de ses adversaires. Il profite, comme Rick Perry il y a deux mois, du fait que les électeurs sont souvent enthousiastes autour des personnalités qu'ils connaissent peu.
Or, les convictions qu'Herman Cain présente aux militants républicains avides de le connaître plus avant sont toutes controversées. Sa maladresse pourrait finir par le heurter à moyen-terme et le priver du statut de favori. Sans aucun soutien de poids, son effort présidentiel serait stoppé net si ses chiffres dans les sondages s'effondraient.
A cet effet, se déclarer "pro-choice" est sans aucun doute extrêmement efficace. Les maladresses à répétition de Cain tombent au plus mauvais moment car pendant ce temps-là, le gouverneur du Texas Rick Perry revient lentement, mais sûrement, vers la place de "candidat anti-Romney N°1" qui lui a récemment échappé.