3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 09:34

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Gingrich, Romney et Perry constituent le trio de tête de la course à la nomination républicaine de 2012

 

 

Trente jours nous séparent désormais du début des primaires présidentielles américaines, habituellement lancées par les caucus de l'Etat de l'Iowa, situé dans le centre des Etats-Unis. Le processus de sélection du champion du Parti républicain étant très particulier, les trente jours précédant le scrutin ont sans doute plus d'importance que le scrutin en lui-même. Le point sur la situation.

 

Côté républicain, dans toutes les campagnes de primaires modernes, prendre un bon départ a été vital pour remporter l'investiture du parti. Quelques tendances, de ce point de vue, sont très intéressantes à examiner. Depuis 1980, Iowa et New Hampshire ont toujours été les deux premiers Etats à s'exprimer. Leurs profils sont tout à fait opposés : l'Iowa est un Etat du Midwest, très conservateur et dominé par les chrétiens évangélistes, tandis que le New Hampshire est un Etat modéré du Nord-Est, plutôt favorable aux candidats de l'establishment.

 

Les natures très différentes des deux Etats qui lancent la course à la nomination cimentent habituellement le soutien de chaque bord du parti républicain autour d'un candidat. Pour survivre, il est indispensable de remporter l'un des deux Etats inauguraux. Depuis 1980, la course à la nomination s'est toujours jouée entre les vainqueurs de l'Iowa et du New Hampshire, quand ceux-ci étaient différents.

 

Une autre caractéristique propre aux républicains réside dans le fait que les électeurs du parti de l'éléphant ont l'habitude de trancher vite entre les deux propositions qui émergent de l'Iowa et du New Hampshire. Ainsi, depuis 1980, la Caroline du Sud a toujours donné le nom du vainqueur de la nomination parce qu'elle vote toujours tôt dans le processus des primaires.

 

Si la logique se poursuit en 2012, on pourrait obtenir l'identité du challenger de Barack Obama dès le 21 janvier, date de la primaire de Caroline du Sud. Trois Etats joués, seulement 65 délégués distribués sur les 1.145 nécessaires pour gagner, et l'investiture pourrait être scellée : une curiosité mathématique qui s'appuie sur des règles psychologiques avérées renforçant l'importance capitale du départ des primaires.

 

L'esprit des électeurs est souvent indécis jusqu'au bout, ce qui explique que les primaires durent généralement peu de temps. En effet, les deux premiers Etats à voter, de par leurs caractérisques socio-culturelles, sont propres à donner le "la" pour les scrutins suivants, au premier chef se trouvant la Caroline du Sud. Depuis trente ans, celle-ci a agi comme le poids faisant pencher la balance en faveur de l'un des champions de chaque frange - conservatrice et modérée - du parti républicain. Les électeurs indécis des Etats suivants donnent ensuite leur voix au candidat qui émerge comme le leader parce que, grâce à ses précédentes victoires, les médias se concentrent sur lui.

 

Dans ces conditions, l'importance du dernier mois de campagne avant le début des primaires prend tout son sens. Il s'agit pour chaque candidat d'occuper l'espace politique propre à lui apporter la victoire soit en Iowa, soit dans le New Hampshire, dans l'espoir de rapidement sceller la nomination dans les Etats suivants. En 2008, c'est ainsi que l'élan médiatique (momentum) a propulsé John McCain du statut de perdant en Iowa jusqu'à celui de nominé en moins de deux mois.

 

La force de Mitt Romney, tout au long de l'année, a été de maintenir un soutien très stable d'environ 40% dans le New Hampshire, soit le double de son concurrent le plus proche, qui a tantôt été Pawlenty, Bachmann, Perry, Cain, et maintenant Newt Gingrich. Depuis six mois, il ne fait guère de doute qu'il sera l'homme fort de l'establishment : l'impressionnant nombre de soutiens qu'il a récoltés au sein du parti peut en témoigner.

 

Pour ce qui est de l'Iowa, c'est encore une inconnue. Tous les candidats proches du Tea Party, qui ont Romney en horreur, ont eu leur moment de gloire dans les sondages de cet Etat. Aujourd'hui, Gingrich semble tenir la corde, ce qui est un comble puisque l'ancien Speaker a bâti toute sa carrière à Washington, au Congrès ou dans ses lobbies, des institutions qui sont l'objet des critiques acerbes des électeurs conservateurs. Aussi Rick Perry, malgré toutes ses gaffes, n'est pas à éliminer aussi vite de la course à la victoire en Iowa, un Etat dans lequel il fait actuellement parler sa puissance financière en investissant massivement en spots télévisés.

 

Seulement, le Texan n'est pas le seul à insister férocement sur le Hawkeye State : Mitt Romney s'essaye depuis quelques jours à séduire un électorat qui n'est pas le sien pour tenter d'y forcer la décision, et donc la nomination. En effet, une double victoire Iowa-New Hampshire lui assurerait une investiture quasi-automatique, car il aurait réussi à unifier les deux tendances rivales du Parti républicain, que le feu du Tea Party tente d'opposer depuis des mois.

 

Mais à trente jours des premiers scrutins, rien ne semble joué. La montée de Newt Gingrich pourrait mettre à mal la domination de Romney dans le New Hampshire, tout comme le bona fides modéré de l'ancien président de la Chambre des représentants pourrait revenir au doux souvenir des militants du Tea Party, très présents en Iowa. Bien malin qui pourra dire qui va l'emporter...

 

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