Mercredi soir, les candidats républicains prendront part à leur sixième joute en deux mois (Hanover, NH, 11 octobre 2011)
Les trois dernières semaines de campagne, bien que privées de débat, ont été bien chargées. La confrontation de ce soir, à Rochester (Michigan), inaugure une série de cinq rencontres qui mènera les prétendants républicains à la Maison-Blanche jusqu'aux caucus de l'Iowa qui, le 3 janvier, marqueront le début des primaires. Quels sont les enjeux auxquels les candidats devront faire face ?
Cela fait maintenant dix jours que les accusations d'harcèlement sexuel s'enchaînent contre Herman Cain, qui a pris la tête de nombreux sondages au cours du mois d'octobre. Pour le moment, même si son indice de favorabilité pâlit, ses chiffres ne s'érodent pas dans les consultations. Lundi, un sondage Washington Post/ABC News a même montré que la majorité des électeurs républicains ne croyaient pas que les allégations à l'égard de Cain étaient sérieuses.
Toutefois, il est d'ores et déjà acquis qu'Herman Cain ne pourra pas éviter les questions gênantes du modérateur du débat organisé par la chaîne CNBC. Cette dernière, bien qu'ayant prévu de privilégier les questions économiques, a déclaré via son porte-parole qu'il n'y aurait "aucune restriction". Reste à savoir si les adversaires de Cain aborderont le sujet pour tenter de mettre l'ancien PDG de Godfather's Pizza encore un peu plus en difficulté.
Alors que les militants sont de plus en plus nombreux à attendre un mea culpa de la part de Cain, ses concurrents restent très prudents quant à la tactique à adopter. En fin de semaine dernière, Jon Huntsman et Newt Gingrich avaient déjà appelé Herman Cain à s'expliquer sur les faits qui lui sont maintenant reprochés par cinq femmes différentes. Hier, Mitt Romney est allé un petit peu plus loin en soulignant "l'importance de reconnaître qu'un certain nombre de femmes ont fait part d'un problème". "Les charges émises par ces femmes sont particulièrement dérangeantes, et elles sont sérieuses", a-t-il ajouté sur ABC News.
Le scandale qui touche Herman Cain est une occasion pour Romney de montrer, lors du débat de ce soir, qu'il est bel et bien le favori des primaires. Pourtant, ses changements de positions, son passé de gouverneur d'un Etat progressiste, ainsi que sa religion mormone le rendent très impopulaire au sein de la droite chrétienne. Samedi dernier, l'organisation du Tea Party de Floride a déclaré la guerre à ce candidat "que l'establishment veut nous forcer à sélectionner".
Selon Alex Castellanos, le manager de la campagne présidentielle de Romney en 2008, "son plus grand problème n'est pas la flexibilité de ses opinions, mais son actuel manque de passion". Ce soir, à défaut de passionner le public, l'objectif de Romney sera de montrer une fois de plus son assurance en débat. Comme les médias américains le soulignent depuis septembre, cette caractéristique fait de lui le candidat le plus présidentiable au milieu de candidats médiocres.
Ainsi, tout en jouant de la période trouble dans laquelle Herman Cain se trouve, Romney devra veiller à contenir les ardeurs de ses concurrents, qui savent qu'à moins de deux mois de l'Iowa, le temps est compté pour occuper le devant de la scène. Newt Gingrich aura à coeur de montrer ses talents d'orateur, déjà démontrés en septembre et en octobre. L'ancien président de la Chambre des représentants s'essaye à la même tactique que celle de John McCain en 2007, qui consiste à faire son comeback via de solides performances en débat.
Par ailleurs, Rick Perry doit à tout prix se faire remarquer pour stopper la fuite des électeurs qui le touche depuis maintenant un mois. Si cela passe par une attaque sommaire contre Mitt Romney, comme ce fut déjà le cas il y a trois semaines, le gouverneur du Texas n'hésitera pas à se lancer. Il lui faut impérativement remonter dans les sondages pour espérer bien figurer en Iowa et en Caroline du Sud, des scrutins qui lui étaient très favorables avant l'arrivée au sommet de Cain.
L'économie sera au centre des deux heures de débat ; a priori, cela avantage Mitt Romney, perçu comme très solide en la matière. Néanmoins, ce dernier n'aura pas la partie facile, car au fur et à mesure que les primaires s'approchent, ses adversaires vont se faire de plus en plus agressifs.