REUTERS/Kevin Lamarque
Dans un an exactement, le président sortant Barack Obama sera en pleine campagne de réélection contre un adversaire républicain dont le nom est pour l'heure toujours inconnu. En revanche, une chose est certaine : sa présidence est en panne. Par manque de capital politique, le camp démocrate ne lui répond plus. Sans une ou deux législations majeures avant novembre 2012, la défense du bilan de son premier mandat risque d'être très compliquée.
Il y a un mois, Barack Obama a établi son plan de relance de l'emploi dans le but de lancer sa campagne de réélection. Les électeurs lui accorderont sans doute le mérite d'avoir essayé, mais en tant que président sortant, un projet de loi qui reste sur le coin du bureau du Congrès ne sera pas suffisant. L'an prochain, le président américain devra défendre un bilan composé de mesures concrètes, et non de simples intentions.
Or, sans l'appui de sa majorité démocrate au Sénat, hésitante à travailler sur le projet de loi, Obama n'a aucune chance de tirer les fruits de son action. Son idée consiste à faire pression sur la Chambre des représentants, détenue par les républicains, pour montrer une fois de plus que le parti de l'éléphant n'a qu'un seul objectif : placer l'un des siens à la Maison-Blanche en novembre 2012.
Pourquoi donc Harry Reid, le leader démocrate du Sénat, est-il si peu pressé d'aider le président ? La réponse, très simple, est livrée par un important stratégiste démocrate au Washington Post : "Nous sommes maintenant à un an des élections, et les sénateurs se consacrent à leur propre réélection".
Les tactiques personnelles qui s'appliquent au parti républicain s'appliquent tout aussi bien aux sénateurs démocrates. En effet, les élections américaines sont générales et les membres de l'organe délibératif le plus puissant du monde ont eux aussi des places à défendre. Il n'ont aucune intention de laisser la cote de popularité décroissante du président plomber leurs chances de réélection.
L'an prochain, les démocrates devront défendre la bagatelle de 23 sièges, dont une demi-douzaine se trouvent dans des "swing-states" où l'écart entre républicains et démocrates promet d'être serré. C'est par exemple le cas de Ben Nelson dans le Nebraska, Bill Nelson en Floride, ou encore Claire McCaskill dans le Missouri. A l'heure où ces sénateurs savent qu'ils vont devoir modérer leurs positions jusqu'à l'extrême-droite du parti démocrate, il s'agit pour eux de tenter de s'émanciper de l'image d'un président de plus en plus impopulaire.
L'enjeu est de taille car la course pour le contrôle du Sénat s'annonce très incertaine. Le parti républicain possède une véritable occasion de contrôler toutes les branches du gouvernement en novembre 2012 parce que la panne de la présidence Obama rend vulnérable l'intégralité du camp démocrate.
Face à des cadors de son propres parti résolus à "jouer personnel", il ne reste au président qu'à mettre en place une stratégie similaire. A vrai dire, le scénario est déjà connu. En 1995, à l'orée du lancement de sa campagne de réélection, le président démocrate Bill Clinton s'était heurté au même problème. En travaillant sans relâche à bâtir une "troisième voie", il s'est frayé un chemin au Congrès avant d'être reconduit par les Américains un an plus tard.
Pour Obama, il reste à savoir si les choses se passeront de la même façon. De l'avis de nombreux experts, cela n'en prend décidément pas le chemin.