Obama contre Romney, le duel de l'année 2012 ? (Montage Getty Images pour CNN)
Même si son trésor de guerre est au moins deux fois supérieur à celui de tous les prétendants républicains réunis, Barack Obama semble l'utiliser contre l'un d'entre eux uniquement : Mitt Romney. Depuis quelques semaines, l'équipe de campagne du président et le parti démocrate enchaînent les clips dévastateurs sur Internet, et bientôt à la télévision, dans le but de décrédibiliser la candidature de l'ancien gouverneur du Massachusetts. Le choix de la cible d'Obama ne relève d'aucun hasard.
Hier, l'équipe de campagne de Romney mettait d'intéressantes informations à la disposition du public, via un mail dont l'objet tient en un mot : "Obsédé". Twitter, Facebook et vidéos sur Youtube : partout et tout le temps depuis plus d'un mois, Obama attaque Romney sans relâche. Toujours selon le mail du staff de Romney, "la machine politique d'Obama préfère consacrer son temps et son énergie à attaquer le gouverneur Romney, plutôt que de s'occuper de l'économie".
Plus précisément, les offensives du président sont concentrées sur le pedigree modéré de l'ancien homme d'affaires. La vidéo lancée par Priorities USA Action, le comité d'action politique d'Obama, le 1er novembre est un modèle du genre. Aliéner définitivement le soutien des conservateurs à Romney, déjà fort peu enclins à en accepter la suprématie, est pour Obama essentiel s'il veut barrer le chemin de l'investiture au candidat mormon.
Le président se fera l'âme généreuse de n'importe quel candidat de la droite du parti républicain qui pourra s'imposer comme une alternative solide à Romney. Cependant, c'est là que le bât blesse pour le locataire actuel de la Maison-Blanche, puisque ni Rick Perry, ni désormais Herman Cain ne se sont révélés assez solides pour défier Mitt Romney. Newt Gingrich, le nouveau chouchou des médias, a un long passé de controverses prêt à être analysé par les électeurs et qui pourrait déboucher sur un chancèlement similaire à celui de ses rivaux Cain et Perry.
Par ailleurs, le débat de samedi, en Caroline du Sud, l'a encore montré : Gingrich comme les autres prétendants républicains se refusent à attaquer Romney, qui sort toujours des débats sans une égratignure. Cette attitude est très symptomatique du champ des candidats dans son ensemble, qui, à force d'attendre l'auto-destruction de l'ancien gouverneur du "Bay State", pourrait bien finir par le laisser filer vers l'élection générale de novembre.
Cela, le président Obama ne le veut à aucun prix, c'est pourquoi il se charge du travail de sape dont les candidats républicains devraient normalement s'occuper. Le plan d'Obama est d'attaquer Romney pour disposer du candidat le plus faible possible (Perry, Cain, Gingrich ou un autre) pour l'élection de novembre 2012. Mais surtout, il s'agit pour le président sortant d'éviter le candidat le plus fort, un statut que l'on peut difficilement refuser à Romney au vu des dernières semaines.
Romney serait de loin le candidat le plus dangereux pour Obama puisque, situé sur la gauche du parti républicain, il pourrait disputer au président l'électorat indépendant qui lui a donné la victoire dans les Etats-clés de l'élection de 2008. Tenter de stopper la marche en avant du candidat mormon, riche à millions, est assurément un bon moyen pour Obama d'augmenter ses chances de rélection.
On peut bel et bien parler de marche en avant, car après la chute de Perry et de Cain dans les sondages, Romney donne de plus en plus impression qu'il sera le dernier homme debout. L'inévitabilité de l'investiture de Romney est depuis hier plus clairement ressentie par les journalistes américains. Début novembre, un sondage Gallup révélait que, peu importe leur propre vote, 45% des électeurs républicains avaient le sentiment que Mitt Romney l'allait l'emporter.
Cependant, il reste encore sept semaines de campagne avant les caucus de l'Iowa, le 3 janvier 2012. Et en dépit de tous les sondages, de toutes les prédictions des analystes, une seule conclusion est pour l'instant de mise : la campagne des primaires républicaines a été jusqu'à présent absolument imprévisible, et bien plus mouvante que lors des années précédentes. En s'attaquant uniquement à Romney, Obama a-t-il misé sur le bon cheval ?