Les huit principaux candidats républicains à Simi Valley (CA), le 7 septembre 2011 (Photo AP)
Deux semaines après les accusations de harcèlement sexuel émises contre Herman Cain, le soutien à l'ancien PDG de Godfather's Pizza commence à s'effriter. La nouvelle donne profite à Newt Gingrich, qui se hisse désormais à la hauteur de Cain, pendant que Perry lutte pour ne pas couler et que Mitt Romney peine à passer le cap des 25% d'intentions de vote.
Jusqu'à hier, la résistance de Cain dans les sondages était surprenante, étant donné le scandale dans lequel il est plongé. Mais plusieurs indicateurs montrent à présent que sa base de supporters est en train de se réduire. Selon CBS, les intentions de vote sont désormais de 18% pour Cain, contre 25% il y a quinze jours, juste avant que sa tourmente ne démarre. Dans plusieurs Etats-clés, notamment l'Iowa et la Caroline du Sud, le baromètre de Cain est à la baisse, un signe certain de la désaffection généralisée du public.
La fuite des électeurs jusqu'alors acquis à Herman Cain profite directement à Newt Gingrich. L'ancien président de la Chambre des représentants voit les intentions de vote en sa faveur augmenter nationalement et dans les Etats-clés dans la même proportion que se réduit le soutien à Cain. En Caroline du Sud, Gingrich passe de 8% à 19%, soit plus qu'un doublement. Ce rebond dans les sondages est plein de promesses pour Gingrich, car il a des effets collatéraux très intéressants : dans une interview, il confie avoir levé plus de fonds "ce mercredi que pendant tout le mois de juillet".
Jusqu'à présent, la course à la nomination a été dirigée par la lutte des militants contre l'establishment du parti, dont la figure de proue est le favori Mitt Romney. Plusieurs candidats ont incarné la passion des proches du Tea Party contre l'évidence que réprésente Romney, Herman Cain étant le dernier en date. Les chiffres de celui-ci pâlissant dans les sondages, tout le soutien se reporte sur Gingrich, très solide en débat, sans que Mitt Romney ne puisse étendre sa propre base de supporters.
Rick Perry, qui de par son importante réserve de fonds, semble être le candidat le plus solide pour empêcher le modéré Romney de fuir avec la nomination, enchaîne les gaffes. Le débat de mercredi, dans le Michigan, nous a offert le spectacle de l'un des plus grands ratés de toute l'histoire politique américaine à la télévision. Certains commentateurs n'ont pas hésité à parler de fin de campagne pour Perry. Hier soir, l'animateur du Daily Show, Jon Stewart, a fait passer un sale quart d'heure au gouverneur du Texas, comme il sait si bien le faire.
Pour tenter de se rattraper, Perry joue sur l'humour : il en a rajouté chez l'animateur David Letterman, jeudi soir, en énonçant une liste de dix excuses pour expliquer sa bourde dans le Michigan. Mais surtout, il joue sur les finances : son équipe a annoncé hier avoir acheté des publicités sur le réseau Fox News moyennant la somme d'un million de dollars. Avec la signature, hier encore, d'un contrat similaire en Caroline du Sud, il est le seul candidat à diffuser de la publicité dans les trois premiers Etats à voter, qui ont un poids immense dans la course à l'investiture.
Si on imagine que Perry, par miracle, arrive à remonter dans les sondages avant que son compte en banque ne soit dans le rouge, alors on pourrait avoir les trois candidats de la droite du parti, Cain, Gingrich et Perry, en position de force en Iowa. Cet Etat très conservateur s'exprimera le premier, le 3 janvier prochain. C'est le plus grand espoir de Romney, qui, stable à 25%, pourrait diviser les votes sur sa droite et remporter le "Hawkeye State" avant de faire la décision une semaine plus tard dans le New Hampshire, où il est le grandissime favori.
Le candidat mormon, en visite cette semaine dans l'Iowa, y a tourné lui aussi un clip de campagne. Ainsi, Romney est prêt, en cas de scénario serré ou d'attaque personnelle, à concurrencer ses adversaires sur les ondes de l'Etat. Preuve de l'hostilité de la droite du parti à son égard, un groupe ultraconservateur à lancé jeudi le site Internet NotMittRomney.com, destiné spécifiquement à barrer la route de l'ancien gouverneur du Massachusetts vers la Maison-Blanche.
Alors que les candidats se réunissent ce soir en Caroline du Sud pour débattre à la télévision nationale, Romney aura fort à faire pour contenir les attaques de ses adversaires. Cain, Gingrich et Perry doivent tous se montrer entreprenants, pour des raisons différentes, sous peine de laisser Romney, d'habitude impérial en débat, filer sans encombre vers la nomination du parti et un duel au sommet contre Barack Obama.