22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 10:19

http://www.whitehouse.gov/sites/default/files/imagecache/home_hero_rotator_main/hero_feature/hero_image/hero_afpak-review_PS-0308.jpg            Alors que l’accord entre républicains et démocrates sur le prolongement des baisses d’impôts de l’ère Bush devrait officiellement être voté ce weekend, l’aile ‘liberal’ du parti démocrate peste contre le président, qui, selon eux, a abandonné toutes ses promesses progressistes de 2008. Certains vont même, parmi les observateurs, jusqu’à contester sa renomination pour la présidentielle de 2012.

           

            On l’a compris, le président américain semble être sur la voie de la collaboration avec les républicains, qui verront leur assise s’affirmer en janvier, lorsqu’ils prendront officiellement le contrôle de la Chambre des Représentants. Pour l’heure, le problème d’Obama semble être davantage la frange la plus centriste des démocrates que les républicains eux-mêmes, puisque le parti du président contrôle aujourd’hui toutes les branches du gouvernement1. On devrait plutôt reprocher à Obama de ne pas avoir convaincu la poignée de sénateurs qui n’ont pas voté la fin des baisses d’impôts que d’avoir trouvé un compromis avec les républicains.

            En effet, si l’on y regarde de plus près, l’agenda du dernier mois du 111ème Congrès a été surchargé par le président, qui compte tenter de profiter de sa majorité pour faire passer le nouveau traité START, le DREAM Act, voire l’abolition légale du ‘Don’t ask, don’t tell’ dans l’armée. Pour espérer réussir sur ces trois dossiers – à boucler en trois semaines – il faut convaincre, non pas les républicains, qui voteront dans tous les cas contre, mais l’aile centriste du parti démocrate, fiscalement libérale, mais socialement plus progressiste. Cela fait déjà deux projets sur trois. Pour ce qui est du « New START », le président pourra compter sur une poignée de sénateurs républicains qui le soutiendront2, mais qui lui auraient sans doute tourné le dos s’il n’avait pas accepté l’accord sur les allègements fiscaux.

            Ainsi, si le clan progressiste ne cesse actuellement de demander un challenger à Obama pour 2012, il pourrait revoir sa copie à la fin du mois, si jamais le président devait arriver à ses fins. Les ‘liberals’ pourraient revenir à la charge en 2011, en fonction de l’attitude qu’Obama adoptera envers un Congrès divisé entre républicains à la Chambre et démocrates au Sénat.

            Quand bien même, les sondages montrent qu’Obama est actuellement à un niveau de popularité supérieur à celui de Clinton et Reagan au moment des ‘midterms’ de leur premier mandat. Les deux hommes furent réélus très confortablement3. Un challenger à Obama pour les primaires est idéologiquement une bonne solution, politiquement une mauvaise. Parmi les quatre derniers présidents ‘one-termers’ (Bush Sr., Carter, Ford et Johnson), tous avaient eu à face faire à des primaires. Proposer un challenger affecte ainsi la base du parti et augmente l’abstention générale, et les statistiques montrent que cette dernière est toujours plus favorable aux Républicains4.

 

            Obama doit donc faire en sorte, à très court-terme, de soigner sa droite. Et quand bien même, à moyen-long-terme, collaborer de la sorte avec les républicains ne peut lui être que nuisible, il aura gouverné en tentant d’obtenir « le moins pire » au sein d’un Congrès où les mesures volontairement bipartisanes ne sont plus d’actualité. Il sera bien temps pour lui de durcir ses positions, quand le cycle pour l’élection de 2012 sera plus avancé et que la pression des républicains sur la Maison-Blanche se fera davantage sentir.

 


1- Les Républicains ont toujours la possibilité de bloquer les démocrates au Sénat via la flibuste, mais ces derniers possèdent une nette majorité (59 Sénateurs incluant deux indépendants).

2- Cf. l’article du Washington Independent du 30 mars dernier : « How many votes can Dick Lugar command ? »

3- 49,2% pour Clinton dans une course à trois en 1996, 58,8% pour Reagan en 1984.

 4- En moyenne, les électeurs républicains se déplacent pour 83% des scrutins, contre 78% pour les démocrates (Source : 2004 American National Election Study).

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