L'American Jobs Act du président a été rejeté hier par le Sénat américain, par 50 voix contre 49, échouant de seulement deux législateurs. Alors que Barack Obama et la Maison-Blanche se font fort de ce projet conteant des mesures votées à la fois par des démocrates et des républicains par le passé, comment se fait-il que le projet de loi soit resté lettre morte ?
La réponse se trouve sans doute dans les chiffres. La crise fait toujours sentir ses effets - le taux de chômage est resté stable le mois dernier, à 9,1% - et les Américains ont élu les républicains, en novembre 2010, pour réduire les impôts. Le plan présidentiel, d'un coût d'environ 447 milliards de dollars, est largement financé par une augmentation des prélèvements obligatoires, contrebalancé par des économies sur le budget 2012 voté il y a trois semaines.
Seulement, les législateurs démocrates les plus centristes ne sont plus prêts à s'associer de près au président Obama, dont l'impopularité croissante menace leurs chances de réélection. Ainsi, quelque soient le coût des mesures pour l'emploi et la façon de les financer, ces sénateurs monayeront cher leur soutien à l'American Jobs Act.
Pour n'en citer que deux, Jon Tester (D-MT) et Ben Nelson (D-NE) sont des exemples qui illustrent très bien la situation actuelle. hier, ils ont voté contre le projet présidentiel. Tous deux sénateurs d'Etats indécis, leurs chances de réélection sont incertaines. En effet, l'électorat indépendant qui a penché en leur faveur en 2006, au moment où les démocrates étaient au sommet de leur popularité, menace de se retourner contre eux l'an prochain.
La raison en est simple : en tant que démocrates, tout ce que pourra faire le président Obama se interprété par les électeurs comme leur propre action. En votant contre un projet de loi vital pour la survie de l'administration actuelle, ils se démarquent des autres sénateurs démocrates en signalant leur indépendance. Refuser de faire avancer les choses à l'échelle nationale est, en somme, leur unique moyen de préserver leur siège à l'échelle locale.
Mais parce que sur le long-terme, un refus continuel sera leur sera forcément préjudiaciable, il n'y a aucun doute à avoir sur le fait que la poignée de sénateurs centristes votera en faveur d'un plan pour l'emploi considérablement amendé. Chose que ne feront pas, une fois de plus, les républicains, et qui pourrait, comme ce fut le cas lors des réélections de Clinton et de Truman, les priver de la reconquête de la Maison-Blanche.
Une adoption de l'American Jobs Act, même tardive, sera toujours plus favorable au président qu'à la majorité au Congrès. C'est aujourd'hui l'une des certitudes les plus fermes de Barack Obama.