2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 06:43

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Rick Santorum fait campagne à Sioux City, Iowa, le 1er janvier 2012 (Photo Getty Images pour CNN)

 

 

A son tour, Rick Santorum a le droit à son moment de gloire dans les sondages. Contrairement à ses adversaires de l'aile conservatrice du Parti républicain, Michele Bachmann, Rick Perry ou Newt Gingrich, son ascension a lieu au meilleur moment possible. L'ancien sénateur de Pennsylvanie peut en effet prétendre à la victoire lors des caucus de l'Iowa, qui auront lieu demain soir. Mais aura-t-il le temps de refaire son retard ?

 

C'est incontestable, Rick Santorum possède actuellement l'arme la plus essentielle pour gagner une élection politique américaine : l'effet d'entraînement médiatique (momentum). Un sondage effectué par le journal iowan Des Moines Register donnait samedi Santorum à 15%, derrière Mitt Romney (24%) et Ron Paul (22%). Mais le 1er décembre, le même journal donnait l'ancien sénateur de Pennsylavanie à 6% seulement.

 

Hier, l'institut de sondage Public Policy Polling (qui penche légèrement côté démocrate) confirmait la montée de Rick Santorum dans les opinions des électeurs républicains de l'Iowa. Avec 18%, il semble réduire l'écart avec Ron Paul (20%) et Mitt Romney (19%). Selon PPP, Santorum est le second choix des électeurs acquis à la cause de Rick Perry, Michele Bachmann et Newt Gingrich, tous trois issus de la droite du Parti républicain. Il ne fait donc guère de doute que Rick Santorum tient son soutien grandissant des électeurs souhaitant s'unir derrière une alternative conservatrice au modéré Mitt Romney et au libertarien Ron Paul.

 

La réponse au classement final de Santorum repose donc sur sa capacité, en l'espace de moins de quarante-huit heures, de faire basculer dans son camp les électeurs de Perry, Gingrich et Bachmann. Ceux-ci ne vont bien évidemment pas s'en laisser compter ainsi, même s'il leur sera difficile de lutter contre la tornade médiatique dont bénéficie actuellement Santorum.

 

Ancien sénateur de Pennsylvanie, ce dernier a une connexion avec les électeurs col-bleu, présents en nombre dans le "Keystone State" et qui penchent plutôt pour Romney en Iowa. Surtout, Rick Santorum paraît être l'ultime candidat capable d'unifier les chrétiens évangélistes, qui composent plus de 60% de l'électorat du "Hawkeye State", ce qui lui donne un argument majeur pour prétendre à la victoire mardi soir.

 

Peu de temps avant Noël, Santorum avait reçu le soutien de Robert Vander Plaats, le chef du Family Leader, une puissante organisation d'obédience sociale-conservatrice. Vander Plaats répète ainsi depuis une dizaine de jours le besoin d'unité de la droite chrétienne derrière un unique candidat, sous peine de voir Mitt Romney l'emporter sur un terrain défavorable - ce qui lui donnerait une crédibilité extrêmement forte pour remporter la nomination républicaine.

 

Mitt Romney, en dépit de son "plafond" de 25%, fait pour le moment la course en tête car la droite du Parti républicain est divisée entre quatre candidats différents. L'ancien gouverneur du Massachusetts, lors de sa première campagne présidentielle en 2008, n'avait pas eu cette chance : l'ancien pasteur baptiste Mike Huckabee était en effet parvenu à récolter le soutien de la droite chrétienne pour s'imposer avec 34% des voix. Au grand dam de Mitt Romney, qui avait dépensé plus de 10 millions de dollars en Iowa uniquement.

 

En 2011, l'ancien homme d'affaires a fait profil bas dans le "Hawkeye State" pour éviter de se frotter à l'épineux électorat évangéliste. Ce n'est pas le cas de Santorum, qui est le seul candidat républicain à s'être rendu dans chacun des 99 comtés de l'Etat. L'ancien sénateur est bien connu des électeurs, mais il lui faut maintenant les convaincre de se déplacer dans les bureaux de vote (precincts). Ce dernier point organisationnel est la principale force de Paul et de Romney, qui peuvent compter sur un électorat certes limité, à 20% ou 25% des électeurs, mais qui se déplacera le plus massivement pour voter le 3 janvier.

 

Sentant le souffle de Rick Santorum dans leur dos, les deux favoris ont lancé à leur outsider de dernière minute ses premières piques de la campagne. Ron Paul, dans une interview accordée à CNN, s'est vanté de la taille des foules qui se rendent à ses meetings, comme un signe que son soutien est loin de s'essouffler. Le représentant du Texas au Congrès a même prédit qu'il finirait dans le "Top 2" mardi soir.

 

Romney, de son côté, a fait valoir que "comme Gingrich, le sénateur Santorum a consruit sa carrière au sein des instances fédérales de Washington. Il n'y  rien de mal à cela, mais c'est un background très diffrent que je propose aux électeurs". L'ancien homme d'affaires espère ainsi autant jouer sur son profil d'expert des affaires économiques que sur le mécontentement des Américains envers le Congrès, tout à fait palpable en plein coeur du Midwest iowan.

 

Paul et Romney ne peuvent plus compter sur la télévision pour discréditer Santorum, puisque le temps est trop réduit pour envoyer de nouvelles publicités aux principaux médias. C'est un immense avantage pour l'ancien sénateur, assuré de ne pas connaître en Iowa le même sort que Gingrich, passé de 35% à 15% dans les sondages après plus de deux millions de dollars de spots négatifs (attack ads) lancés de concert par les équipes de Romney, Paul et Perry.

 

En définitive, Santorum ne peut pas lutter avec Romney et Paul d'un point de vue financier, ses moyens étant bien plus limités que les leurs. En revanche, il possède l'élan populaire, qui à en croire les sondages menés en 2011, peut soulever des montagnes. Il n'a en effet fallu que quelques jours à Pawlenty, Bachmann, Perry, Cain et Gingrich pour atteindre des sommets dans les sondages (jusqu'à 35%). Le timing est donc parfait pour Santorum pour espérer la victoire. Les résultats de demain seront l'occasion de voir si ce dernier arrive trop tard, ou bien pile à l'heure.

 

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