Le choix de Romney, qui a récemment parlé devant l'Association nationale pour l'avancement des personnes de couleur (NAACP), devrait être annoncé prochainement (Richard Carson/Reuters)
En plein coeur d'une controverse sur son passé à Bain Capital, Mitt Romney et son équipe ont trouvé le moyen parfait de distraire l'attention des journalistes et du public. Dans un email envoyé hier soir, Matt Rhoades, le directeur de campagne de Romney, a annoncé que le choix du colistier avait été fait, relançant une spéculation propre à éloigner l'orage Bain.
Depuis le début de semaine, Mitt Romney est embourbé dans l' "affaire Bain". Le Boston Globe, un journal idéologiquement proche des démocrates, a en effet révélé que Mitt Romney est resté président et directeur exécutif de Bain Capital, un fond d'investissement prolifique, jusqu'en 2002. Une information qui contredit ce que l'ancien gouvermeur du Massachusetts a toujours clamé, à savoir qu'il a quitté Bain en 1999.
Romney affirme avoir quitté sa société lorsqu'il a été appelé pour prendre la tête du comité d'organisation des Jeux Olympiques d'hiver de Salt Lake City. Selon le Boston Globe, dans un écho repris par tout le camp démocrate, le fait que l'ancien homme d'affaires ait géré des actions de Bain trois années supplémentaires, soit jusqu'à sa campagne pour devenir gouverneur du Massachusetts, n'est pas en phase avec une action dans le service public.
A plus forte raison, ces nouvelles révélations permettent au parti de l'âne de revenir à la charge concernant le refus de Mitt Romney de révéler ses fiches d'impôts antérieures à 2010. L'équipe de Barack Obama exprime ainsi depuis une journée ses craintes renouvelées de découvrir des irrégularités financières dans le passé de Romney - une menace de plusieurs millions de dollars apte à durablement menacer la campagne du candidat mormon.
Pour retourner les "news" en sa faveur, Mitt Romney et son équipe sont d'une habileté déjà démontrée lors des primaires républicaines de l'hiver passé. En ce moment critique, ils ont de nouveau tenté de faire oublier cette actualité négative au profit d'une nouvelle excitante, tant pour les journalistes que pour le public américain. En rupture avec ce que le candidat républicain avançait lui-même depuis quelques semaines, Romney aurait arrêté son choix sur un nom pour être son/sa colistier/colistière.
Il y a fort à parier que cette initiative ait été improvisée au cours des dernières heures. L'idée est brillante, car elle ne manquera pas de relancer l'excitation des journalistes autour de l'identité du futur numéro 2 de Romney. Une vague de prédictions et suppositions basées sur des rumeurs visant à détourner l'attention de tous du tumulte actuel que suscite l'affaire Bain.
Parmi les favoris, on retrouve Bobby Jindal, gouverneur de Louisiane, Kelly Ayotte, sénatrice du New Hampshire, Rob Portman, sénateur de l'Ohio, ou encore Condoleeza Rice, sécrétaire d'Etat sous George W. Bush. En tout, une dizaine de candidats ont été auditionnés par l'état-major républicain au cours des dernières semaines, sous la conduite de Beth Myers, l'une des conseillères les plus proches de Romney.
Reste à déterminer, au cours des prochaines heures, si ce "coup de poker" de l'équipe de l'ancien gouverneur du Massachusetts sera suffisant pour faire oublier les doutes qui planent sur la véracité de ses dires concernant Bain Capital. En attendant, l'idée permettra tout de même à Romney de lever quelques milliers de dollars supplémentaires pour continuer à refaire son retard sur Barack Obama.
Chaque jour la semaine prochaine, retrouvez nos pages spéciales sur les dix candidats favoris pour partager le "ticket" républicain avec Mitt Romney. Leurs avantages, leurs inconvénients, ainsi que leurs chances d'être sélectionnés, notamment selon les prédictions du site de paris politiques Intrade, seront ici passés à la loupe. |