Romney et les républicains sont en passe de prendre l'avantage sur Obama et les démocrates (Photo Reuters/Montage Politico)
Le temps où le président Obama se vantait de vouloir lever la bagatelle d'un milliard de dollars pour sa campagne de réélection est révolu. A plus forte raison, les républicains se sont montrés très habiles à rassembler leur camp autour de Mitt Romney, faisant affluer des montagnes de billets vers la campagne de ce dernier. Obama est en passe de perdre l'avantage en matière de financement, ce qui pourrait menacer ses espoirs de victoire.
Conjointement avec le Parti démocrate, la campagne de Barack Obama a levé 71 millions de dollars en un mois, du 1er au 30 juin. Une somme exorbitante néanmoins surpassée par les républicains, qui ont levé 106 millions de dollars, de concert avec leur candidat. Romney s'est montré très habile à capitaliser sur la haine de son camp envers le président sortant. En particulier, le champion du parti de l'éléphant a levé quasiment 5 millions de dollars dans les 48 heures ayant suivi la validation de l'Obamacare par la Cour suprême.
Le camp Obama donne depuis des semaines déjà des signes de panique. Les conseillers du président multiplient les emails destinés à ses électeurs de 2008, avec un message clair : nous avons besoin d'argent. Dans un courrier électronique, le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, confesse "un gros problème à l'heure actuelle". Pour cause, cela fait deux mois de suite que les efforts joints des républicains et de Mitt Romney sont plus prolifiques que ceux des démocrates et de Barack Obama.
Pour Tim Farnam, du Washington Post, cette panique n'est qu'un écran de fumée. Selon lui, le parti de l'âne cherche à effrayer sa base de donateurs pour les inciter à donner davantage d'argent. Quite à mentir à son propre camp, l'équipe d'Obama tire la sonnette d'alarme en faisant notamment valoir que jamais un président sortant a été dépassé financièrement par son challenger, ce qui est pourtant la norme historique.
En un graphique, il est aisé de comprendre le danger qui plane sur la campagne du président sortant. Au rythme actuel, non seulement les républicains prendront bientôt un avantage irréversible sur les démocrates, mais de surcroît, ils pourraient surpasser le record établi en 2008 par Obama et ses troupes.
Pour les démocrates, il subsiste un motif d'espoir cependant : en juin 2008, le parti de l'âne sortait tout juste d'une course à la nomination ardemment disputée entre Hillary Clinton et Barack Obama. En juin 2012, les républicains sont depuis quelques semaines déjà unis autour de leur candidat pour novembre - un temps d'organisation supplémentaire qui permet d'expliquer les chiffres actuels des conservateurs.
En revanche, les démocrates ne s'y trompent pas en appelant au réveil de ses supporters d'il y a quatre ans. Les chiffres officiels présentés ci-dessus ne tiennent en effet pas compte de l'apport majeur des "SuperPACs", ces comités de soutien qui sont autorisés à dépenser sans limite dans l'élection à venir. De ce côté-ci, l'avantage va clairement aux républicains.
Ces derniers sont mieux organisés et récoltent davantage de fonds auprès des grands donateurs. American Crossroads ou Restore Our Future, des "SuperPACs" acquises à la cause des républicains, ont commencé depuis plusieurs semaines le travail de couverture médiatique dans les Etats-clés pour le compte de Romney. Les instances officielles républicaines, tant à l'échelle du candidat que du parti, ont un temps montré des signes de faiblesse face à Obama. Comme le montre le graphique ci-dessus, ceci n'est plus d'actualité.
Sans argent, Barack Obama ne sera pas en mesure de répondre aux attaques des républicains, notamment sur les ondes. En 2008, le candidat démocrate avait dépensé près des deux tiers de ses fonds dans des spots de publicités, à la télévision ou à la radio. Une arme qui sera forcément en possession des républicains cet automne s'ils continuent à lever plus d'argent que le président.