11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 08:16

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Mitt Romney lors de son discours de victoire, hier soir dans le New Hampshire (Photo Elise Amendola / AP)

 

 

Comme prévu depuis des mois, Mitt Romney a largement remporté la primaire du New Hampshire ; avec 39,4% des voix, il devance le libertarien Ron Paul (22,8%) et l'autre modéré mormon de la campagne, Jon Huntsman (16,8%). Newt Gingrich et Rick Santorum, qui se disputent les faveurs de l'électorat conservateur du Parti républicain, finissent loin du vainqueur, avec respectivement 9,4% et 9,3% des voix. Cette victoire sans appel propulse un peu plus Romney sur le chemin de la victoire, mais le chemin vers la nomination, même s'il s'éclaire, est encore long pour l'ancien gouverneur du Massachusetts.

 

Le discours délivré très tôt dans la soirée par Mitt Romney montre à quel point sa victoire était attendue, par la presse comme par son propre camp. Depuis des mois, Romney plaçait ses pions dans le New Hampshire, soutien après soutien, meeting après meeting. Avant même son annonce officielle de candidature, le 2 juin 2011, Romney était donné largement favori de la primaire du "Granite State". Ce discours de lancement, effectué depuis une ferme du New Hampshire, en disait déjà long sur les ambitions du candidat mormon dans l'Etat, qu'il comptait placer au centre de sa stratégie électorale de 2012.

 

Il y a quatre ans, Romney était tombé sous les coups de l'électorat conservateur de l'Iowa, Etat dans lequel il avait beaucoup investi et avait tout perdu d'entrée de jeu. D'où le changement d'optique pour 2012, dans laquelle le New Hampshire, Etat modéré s'il en est, était supposé lui être plus favorable. Les résultats d'hier soir ont donné raison à l'ancien homme d'affaires.

 

Sa surprenante victoire, la semaine dernière en Iowa, ouvre à Romney les portes de l'histoire politique moderne des Etats-Unis, puisqu'il est le premier candidat républicain depuis 1980 à remporter coup sur coup l'Iowa et le New Hampshire. Deux victoires consécutives d'entrée de jeu auraient permis, par le passé, à Romney d'être le nominé de facto du parti, mais 2012 déroge à la règle.

 

Deux raisons expliquent ce changement de scénario par rapport aux années précédentes. La première tient du caractère du candidat lui-même, un mormon modéré du Massachusetts qui peine à joindre les deux bouts idéologiques de son parti. Romney, malgré deux victoires de suite, est toujours largement considéré comme un favori par défaut dans ces primaires, et il lui faudra imprimer sa marque plus avant lors des scrutins à venir avant de voir, peut-être, tout son camp s'unir derrière lui.

 

En deuxième lieu, le calendrier et le système d'attribution des délégués, beaucoup plus concentrés sur le début d'année lors des primaires précédentes, sont cette fois beaucoup plus équilibrés de janvier à juin. En d'autres termes, lorsqu'il était facile pour un candidat de faire la différence très tôt lors des élections précédentes, ce le sera beaucoup moins cette année. D'où un laps de temps plus important avant d'atteindre le "chiffre magique" de 1144 délégués, qui permettra en août l'accès à la partie supérieure du "ticket" républicain.

 

L'étape suivante est la Caroline du Sud. Le "Palmetto State" a toujours correctement deviné le nom du nominé républicain depuis 1980 car il vient habituellement donner l'avantage soit à un conservateur sorti d'Iowa, soit à un modéré sorti du New Hampshire, en le catapultant ensuite vers le Super Tuesday, qui permet de forcer la décision en attribuant un grand nombre de délégués.

 

Mais cette année, le Super Tuesday (6 mars) arrive 7 semaines après la Caroline du Sud (contre seulement 2 en 2008, par exemple), ce qui pourrait donner suffisamment de temps aux adversaires de Romney pour se remettre d'un départ moyen. En outre, il n'attribue que 621 délégués, contre plus de 900 en 2008, soit une proportion moindre du total nécessaire pour l'emporter.

 

Surtout, la frange conservatrice opposée à Romney espère toujours casser l'élan médiatique de ce dernier en Caroline du Sud en s'alliant derrière un unique candidat capable de priver l'ancien gouverneur du Massachusetts d'une victoire qui pourrait être extrêmement importante mais, contrairement aux années précédentes, pas forcément décisive. 

 

Etant donné que l'opposition à Romney est divisée et que la Caroline va voter pour l'homme qu'elle pense être capable de remporter les primaires - et l'élection générale - le candidat mormon possède de bonnes chances de l'emporter. En 2008, un scénario similaire avait permis à John McCain de gagner dans le "Palmetto State" puis de rapidement clore les débats.

 

La Caroline du Sud, si elle avantage Romney, pourrait pousser ses adversaires à abandonner (Perry et Huntsman ont le plus de chances de partir dans dix jours), mais la course continuerait au moins avec Ron Paul et un membre de l'aile conservatrice (Gingrich ou Santorum sans doute) jusqu'au Super Tuesday. Si jamais un conservateur gagne en Caroline du Sud, Romney se verrait freiné mais pourrait compter sur un calendrier favorable en février et une capacité bien plus importante à résister, sur le long terme, pour empocher l'investiture au cours du printemps.

 

Si l'on se fie à la martingale, Romney a besoin d'une victoire en Caroline du Sud pour remporter l'investiture. Mais à la lumière du calendrier, il apparaît que la nomination n'est qu'une question de temps et d'argent. En effet, grâce à deux victoires d'affilée d'entrée de jeu - perfomance inédite dans l'histoire récente - Mitt Romney s'est sans doute assuré un duel au sommet contre le président Obama. Il reste dix jours aux conservateurs pour s'allier, et retarder l'entrée de Romney dans la gotha de l'histoire politique américaine.



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