6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 08:44

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Mitt Romney fait campagne de façon intensive dans l'Ohio dans le but de mettre fin aux espoirs d'investiture de Rick Santorum (Photo Reuters / Brian Synder)

 

 

Le suspense n'est pas intense à la veille des résultats du Super Tuesday : Mitt Romney va l'emporter. Que ce soit en termes d'Etats remportés, de vote populaire ou de délégués, les adversaires de l'ancien gouverneur du Massachusetts n'ont qu'une chance infime de devancer le favori du GOP (Grand Old Party). Si, du fait du nombre relativement réduit de délégués en jeu aujourd'hui, il est mathématiquement impossible que Romney remporte la nomination, ce Super Tuesday va pourtant être crucial pour souligner les limites de ses rivaux.

 

Pour le Super Tuesday d'aujourd'hui, 437 délégués au travers de 10 Etats seront en jeu ; sera considéré comme grand vainqueur de cette journée spéciale le candidat qui parviendra à réunir au moins cinq Etats et 219 délégués. A l'examen du rapport de forces Etat par Etat, Romney a de bonnes chances de triompher de ses adversaires. Les raisons en sont connues : Romney est le mieux organisé, il possède plus d'argent et surtout, il a le vent dans le dos après sa série de quatre victoires au cours des quatre dernières semaines (Maine, Michigan, Arizona et Washington).

 

Le plus gros Etat, en termes de délégués, qui sera en jeu aujourd'hui est la Géorgie (76 délégués). Pourtant, la compétition est loin d'y faire rage : Newt Gingrich, qui a représenté le "Peach State" pendant une trentaine d'années au Congrès, joue à domicile et possède une avance plus que confortable sur Romney et Santorum.

 

Si le suspense est absent de la primaire de Géorgie, elle est néanmoins très utile pour montrer les limites de Gingrich, tout autant qu'elle révèle au grand jour la stratégie de Romney. En perte de vitesse depuis la mi-janvier, Gingrich a dû se rabattre sur un seul Etat pour assurer la survie de sa campagne... Ce qui le prive néanmoins de tout espoir de remporter l'investiture. Quant à Romney, même sachant ses chances très limitées de remporter le "Peach State", il sait qu'il est capable de remporter une bonne poignée de délégués aux dépens de Gingrich et a placé ses pions sur la riche banlieue sud d'Atlanta.

 

Cette focalisation sur les délégués plutôt que sur les victoires à proprement parler est, au regard du calendrier, assurément la bonne méthode à adopter. La force de Romney réside dans le fait que même si ses adversaires voulaient adopter la même tactique dans d'autres Etats, ils ne le pourraient tout simplement pas, faute de moyens. Ainsi, si Romney perdra sans doute deux ou trois Etats lors du Super Tuesday, il est d'ores et déjà assuré de ne pas perdre de terrain en termes de délégués.

 

Bien qu'il n'accorde que 66 délégués, le gros prix de cette journée sera sans aucun doute l'Ohio. La victoire dans le "Buckeye State" est psychologiquement importante, l'Ohio étant le faiseur de roi des élections américaines depuis plus de quarante ans. Romney et Santorum s'y livrent une lutte acharnée ; une victoire du premier lui assure plus ou moins l'investiture de facto, tandis que le second y voit l'ultime espoir de relancer sa campagne avant les scrutins de mars.

 

Dans l'Ohio, l'avantage va à Romney, qui attire vers sa candidature tous les électeurs indécis soucieux de se rallier derrière l'homme dont ils pensent qu'il va gagner l'investiture. Pour ne rien arranger au déficit de popularité de Santorum, il devra renoncer à remporter 18 des 66 délégués de l'Ohio, son équipe n'ayant pas rempli les conditions d'inscription exigées par les autorités du "Buckeye State".

 

Sa seule chance de ne pas être hors-sujet lors de ce Super Tuesday sera donc de remporter les deux Etats du Sud dans lesquels Romney ne peut que difficilement prétendre à la victoire. Dans le Tennessee (58) et dans l'Oklahoma (43), il occupe la première place dans les sondages mais voit revenir Newt Gingrich à la dernière minute. Si Gingrich devait remporter la Géorgie, le Tennessee et l'Oklahoma, alors Santorum perdrait l'étiquette d'"anti-Romney N°1".

 

Par ailleurs, trois Etats tiennent aujourd'hui des caucus : l'Alaska (27), le Dakota du Nord (28) et l'Idaho (32). Si Romney est favori pour y remporter la victoire, une surprise est toujours possible ; en effet, ces Etats n'ont fait l'objet d'aucun sondage. Ron Paul, qui a montré une force véritable dans les caucus jusqu'à présent, compte tirer son épingle du jeu et remporter sa première victoire dans ces primaires.

 

Deux Etats sont assurés de figurer dans la colonne des victoires de Romney : le Massachusetts (41), son Etat d'attache, et le Vermont (17), un Etat du Nord-Est fort peu susceptible d'adhérer à la rhétorique ultra-conservatrice de Santorum ou Gingrich. La domination de Romney y est telle que, même en dépit de la semi-proportionnelle qui y est en vigueur, il peut espérer y remporter la totalité des délégués mis en jeu.

 

Enfin, la Virginie (46 délégués) est un cas à part puisque seul Ron Paul et Mitt Romney auront leur nom sur les bulletins de vote. Rick Santorum et Newt Gingrich ont en effet failli dans la tâche imposée par les autorités du "Old Dominion" de soumettre au moins 10.000 signatures de militants : un signe de leur organisation très bancale qui pourrait permettre à Romney de remporter la totalité des délégués en jeu en Virginie.

 

Ce dernier exemple montre parfaitement les limites des adversaires de Romney. Le rôle du Super Tuesday 2012 ne sera pas, contrairement à celui de 2008, de couronner définitivement le champion du GOP ; néanmoins, elle sera un nouveau coup sévère infligé aux espoirs de la droite du parti de prendre l'ascendant sur le candidat de l'establishment. La mesure de ce choc reste encore à être déterminée par les résultats de demain matin.

 

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