Ann et Mitt Romney fêtent leur victoire, hier soir dans l'Illinois (Photo AP)
La victoire de Mitt Romney, hier soir dans l'Illinois, a été l'occasion - pour la première fois en trois mois de campagne - pour la presse de reconnaître que s'acharner à présenter la course comme un duel serré entre Romney et Santorum ne rimait pas à grand-chose. En toute logique, et sauf accident de parcours majeur, l'ancien gouverneur du Massachusetts est quasiment assuré de porter les couleurs de son parti lors de l'élection générale de novembre.
D'après les estimations livrées par l'Associated Press, le candidat mormon possèderait à présent 300 délégués d'avance sur son plus proche rival, Rick Santorum, tandis que Newt Gingrich et Ron Paul sont quasiment, mathématiquement parlant, hors course. Les trois adversaires de Romney ne se font guère d'illusions quant à leur capacité à engranger les 1144 délégués qui permettent de figurer en haut du "ticket" lors de l'élection de novembre, mais leur espoir est d'accumuler suffisamment de voix pour peser sur la convention nationale républicaine du mois d'août, qui investira officellement le champion du parti de l'éléphant.
Essayons donc de nous projeter sur les trois mois de primaires restants pour tenter d'y voir plus clair : Romney parviendra-t-il à atteindre le chiffre fatidique de 1144 délégués, qui rendrait son investiture inévitable ?
Pour tenter d'être le plus précis possible, il s'agit de se pencher sur les sondages réalisés dans chaque Etat pour tenter de dégager une juste estimation du vote populaire. Cette donnée dépend aussi de la composition de l'électorat républicain dans chaque Etat. Le pourcentage attribué à chaque candidat se base également sur la façon dont les Etats précédents ont voté. Par exemple, l'Ohio et la Michigan, où Romney s'est imposé, avaient des compositions idéologiques relativement proches, et les scores des candidats y ont été à peu près semblables.
Le plus compliqué réside dans l'attribution des délégués en fonction du vote populaire : il s'agit de tenir compte du système d'attribution de chaque Etat pour obtenir la conversion la plus fidèle possible des voix en termes de représentants à la convention. Par exemple, la Floride applique un système "tout au vainqueur" (winner takes all) à l'échelle de l'Etat, tandis que le Maryland applique ce système à la fois par district et à l'échelle de l'Etat.
Enfin, ces estimations se basent sur la supposition qu'aucun des quatre candidats actuellement en lice ne se retirera avant le 26 juin. Or, il se pourrait que l'un d'eux renonce, auquel cas le vote populaire, et donc l'attribution des délégués, se verraient considérablement modifiés. En outre, en fonction de chaque Etat, tous les délégués n'ont pas forcément été attribués : le cas échéant, la différence provient de la non-attribution des super-délégués, qui sont libres de choisir le candidat de leur choix lors de la convention républicaine et qui n'ont pas encore fait connaître leur préférence à la presse.
Ce samedi aura lieu la primaire de Louisiane. Situé dans le Sud des Etats-Unis, la Louisiane comporte une importante communauté protestante, des électeurs très conservateurs qui sont susceptibles de pencher pour Rick Santorum, comme cela a été le cas la semaine dernière dans l'Alabama et le Mississippi. Et comme il y a sept jours, Romney devrait profiter de son standing grandissant auprès de cet électorat pour sauver les meubles. Gingrich, en perte de vitesse, sera vraisemblablement plus loin, tout comme Ron Paul, qui sera en terrain hostile.
LOUISIANE | Vote populaire | Délégués | Total délégués |
Santorum | 44% | 20 | 283 |
Romney | 35% | 13 | 576 |
Gingrich | 16% | 4 | 139 |
Paul | 5% | 0 | 50 |
Selon cette projection, Romney sera en possession de la moitié des 1144 délégués nécessaires pour remporter la nomination au sortir de la Louisiane. Par la suite, les "primaires du Potomac", qui auront lieu le mardi 3 avril dans le Maryland et à Washington, DC, marquent à la fois la moitié du calendrier et la moitié de la distribution de délégués au travers des Etats-Unis. Romney, dès début avril, serait donc dans le bon tempo pour décrocher la majorité à la convention républicaine.
Outre le Maryland et Washington, DC, votera le 3 avril le Wisconsin, un Etat qui pourrait pencher pour Santorum. Romney devrait s'imposer dans le Maryland sans difficulté, tandis que Washington, DC, lui offre une bonne occasion de se démarquer de Santorum : l'ancien sénateur de Pennsylvanie a échoué lors de la procédure d'inscription sur les listes électorales et ne pourra pas prétendre à l'obtention d'un seul délégué.
WISCONSIN | Vote populaire | Délégués | Total délégués |
Santorum | 47% | 33 | 316 |
Romney | 40% | 9 | 585 |
Gingrich | 13% | 0 | 139 |
Paul | 5% | 0 | 50 |
WASH’N, DC | Vote populaire | Délégués | Total délégués |
Santorum | 0% | 0 | 316 |
Romney | 65% | 16 | 601 |
Gingrich | 25% | 0 | 139 |
Paul | 10% | 0 | 50 |
MARYLAND | Vote populaire | Délégués | Total délégués |
Santorum | 34% | 6 | 322 |
Romney | 50% | 31 | 632 |
Gingrich | 11% | 0 | 139 |
Paul | 5% | 0 | 50 |
Après une pause de trois semaines, les candidats ont rendez-vous pour le "North-Eastern Swing". Sur un terrain très favorable à Romney, Santorum ne pourra compter que sur son Etat d'attache, la Pennsylvanie, pour remplir son tableau de victoires. Après le vote de New York, du Delaware, du Connecticut et de Rhode Island, l'ancien gouverneur du Massachusetts devrait entamer le mois de mai avec une avance plus que significative sur Santorum (421 délégués).
NEW YORK | Vote populaire | Délégués | Total délégués |
Santorum | 26% | 5 | 327 |
Romney | 58% | 87 | 719 |
Gingrich | 5% | 0 | 139 |
Paul | 13% | 0 | 50 |
DELAWARE | Vote populaire | Délégués | Total délégués |
Santorum | 33% | 0 | 327 |
Romney | 48% | 17 | 736 |
Gingrich | 7% | 0 | 139 |
Paul | 12% | 0 | 50 |
CONNEC’T | Vote populaire | Délégués | Total délégués |
Santorum | 26% | 3 | 330 |
Romney | 60% | 22 | 758 |
Gingrich | 4% | 0 | 139 |
Paul | 10% | 0 | 50 |
RHODE ISL. | Vote populaire | Délégués | Total délégués |
Santorum | 28% | 6 | 336 |
Romney | 55% | 10 | 768 |
Gingrich | 7% | 0 | 139 |
Paul | 10% | 0 | 50 |
PENNSYLV. | Vote populaire | Délégués | Total délégués |
Santorum | 48% | 35 | 371 |
Romney | 40% | 24 | 792 |
Gingrich | 6% | 0 | 139 |
Paul | 6% | 0 | 50 |
(Suite de l'article "La course aux délégués : projection jusqu'à juin (1/2)") : cliquer ici.