Mitt Romney, aux côtés de sa famille, annonce sa victoire lors des caucus de l'Iowa (Photo Win McNamee / Getty Images)
Au bout du suspens, Mitt Romney s'est imposé lors du premier scrutin présidentiel de 2012, qui avait lieu hier en Iowa. Avec 24,6%, il devance Rick Santorum de seulement huit voix. Le libertarien Ron Paul finit à la troisième place (21,4%), loin devant Gingrich (13,3%), Perry (10,3%) et Bachmann (5%). L'écart de voix n'étant pas significatif, qui profite le plus de la victoire ? Le mormon modéré du Massachusetts qui a gagné les faveurs des Iowans sans même courtiser leur vote, ou le champion désigné de la droite chrétienne, qui a fait campagne sans relâche dans l'Etat uniquement pour y effectuer un retour su le fil ?
Romney et Santorum se tiennent dans un mouchoir de poche (huit voix sur plus de 122.000 bulletins enregistrés), mais longtemps on a cru que la course serait plus serrée encore. En effet, jusqu'à 50% de bulletins dépouillés, vers 22H (heure américaine), Ron Paul était encore statistiquement à égalité avec les deux leaders : les trois hommes se tenaient alors en un pourcent.
Puis Paul a été distancé, la course se jouant alors entre Santorum et Romney. Après d'interminables retournements de situation, finalement, la victoire est revenue à Mitt Romney. Matt Strawn, le chef du Parti républicain d'Iowa, a déclaré officielle la victoire du candidat mormon à 1H30 du matin. Comme le rappelait Steve Brusk, de CNN, le scrutin le plus serré de toute l'histoire politique américaine a eu lieu dans le Dakota du Sud, en 1936 (257 voix d'écart). Les caucus de l'Iowa de 2012 resteront donc dans toutes les mémoires.
Au-delà du score, c'est la folle remontée de Rick Santorum qui risque de marquer l'après-Iowa : l'ancien sénateur de Pennsylavanie, battu de 17% lors de sa dernière campagne politique en novembre 2006, s'est imposé en deux semaines seulement comme le favori de la droite chrétienne. Parti de 6% dans les sondages du "Hawkeye State" début décembre, il a progressé de quasiment 20% en un mois. Ce au grand dam de Newt Gingrich, qui fait le chemin inverse et passe de 35% à 13%.
Tout à l'opposé des deux grands vainqueurs, Romney et Santorum, Rick Perry (cinquième avec 10,8% des voix) et Michele Bachmann (5%) sont les deux grands perdants de ce soir. Si la seconde a de nouveau exprimé son souhait de rester dans la course au moins jusqu'en Caroline du Sud, Rick Perry a laissé entendre qu'il allait se retirer au cours des jours à venir en évoquant un retour au Texas pour "réévaluer sa candidature".
Peu après le discours de défaite, le staff de campagne de Perry a annoncé que le gouverneur du Texas annulait son programme de fin de semaine, en Caroline du Sud. Dans la foulée, des sources du journal Politico ont annoncé que Santorum avait essayé de contacter Perry. Les deux conservateurs vont-ils unir leurs forces contre Mitt Romney en vue de la primaire de Caroline du Sud ?
Sans aucun doute, la victoire revient à Romney, mais l'homme de la soirée est Santorum. Son retour canon, au cours des derniers jours, lui vaut d'éclipser de facto les alternatives conservatrices à Romney, Perry et Bachmann en tête, sans oublier Gingrich. Mais qu'en est-il de la nomination républicaine ? Quel est l'impact de la victoire de Romney ?
En dépit de l'excellente performance de Santorum, Romney est parvenu à éliminer de la course deux de ses principaux concurrents (Gingrich et Perry), tout cela en ne dépensant "que" 2 millions de dollars. Perry, en comparaison, a dépensé plus de six millions de dollars dans l'Etat, seulement pour finir cinquième avec 10,3% des voix. Il y a quatre ans, Romney avait dépensé plus de 10 millions de dollars dans le "Hawkeye State" pour réaliser un score similaire à celui d'aujourd'hui.
Du fait de son pedigree modéré, la victoire de Romney en Iowa est une surprise. Elle fait de l'ancien gouverneur du Massachusetts le grand favori pour l'investiture du parti de l'éléphant. Romney bénéficie à présent d'un élan considérable pour aborder les primaires suivantes, New Hampshire (le 10 janvier) et Caroline du Sud (le 21 janvier). Dans le premier de ces deux Etats, il possède une importante marge d'erreur, les instituts de sondages le donnant à plus de 40% des intentions de vote.
Or, une victoire dans le "Granite State" le propulserait encore un peu plus puissamment vers la Caroline du Sud, un Etat conservateur qui lui est a priori défavorable, mais qui a, par le passé, cédé aux sirènes de candidats modérés en pleine lumière médiatique. Le dernier en date n'est autre que John McCain, qui avait réussi à battre le favori des évangélistes Mike Huckabee en plein coeur du Sud américain, pour finalement remporter l'investiture républicaine de 2008.
En s'imposant en Iowa, dans le Midwest conservateur, Mitt Romney s'est donc peut-être directement ouvert les portes de la convention républicaine de Tampa, qui en août prochain, déterminera le nom de celui qui défiera la réélection de Barack Obama. Le seul moyen pour Santorum de stopper l'ancien gouverneur du Massachusetts est d'attirer à lui les faveurs des électeurs de Gingrich et de Bachmann, des candidats qui ne semblent cependant pas prêts à se retirer.