2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 08:33

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Mitt Romney donne son discours de défaite, le 7 novembre 2012 à Boston (Massachussetts) (C. Dharapak/AP/SIPA)

 

 

La défaite de Mitt Romney face à Barack Obama à la présidentielle américaine n'est pas uniquement conjoncturelle. Elle est aussi et surtout structurelle, eu égard à l'architecture actuelle du Parti républicain.


Ce dernier a poursuivi année après année sa radicalisation, rendant la victoire très difficile pour son candidat en 2012. A présent, une vraie réflexion doit être engagée du côté républicain : que faire de ce parti ?

 

La droitisation fonctionne bien pour mobiliser pendant une campagne, le temps des primaires, mais nettement moins dans une élection nationale. Parler du viol et de l'avortement en les termes employés par l'équipe de Mitt Romney, c'est insupportable pour toute une frange de la population, notamment les électeurs centristes.


Selon les premiers sondages sortis des urnes, le vote des femmes penche en faveur de Barack Obama avec 12 points d'avance. Plus encore chez les Latinos : + 40 points ! Les démocrates disposent d'un collège électoral beaucoup plus large, cela s'est vu dès le début de la soirée électorale mardi.

 

Les républicains font donc face à un problème démographique notoire. Ils ont perdu quatre des six dernières grandes élections, même cinq si l'on compte le vote populaire pour Al Gore en 2000.


Depuis 1988, qu'ils aient gagné ou perdu une présidentielle, ils n'ont jamais recueilli plus de 287 votes de grands électeurs (le curseur de la victoire s'établissant à 270). En comparaison, quand les démocrates gagnent, c'est systématiquement avec 300 à 330 voix.


Si le parti républicain continue sur sa pente actuelle, il ne gagnera jamais une élection nationale.

 

Les résultats pour les élections du Congrès – puisque les Américains votaient également mardi pour renouveler leur Chambre des représentants et une partie du Sénat – viennent renforcer ce constat. Cela fait deux fois que les républicains ratent l'obtention de la majorité au Sénat. C'est le prix à payer pour avoir envoyé des candidats imbéciles – il faut le dire – comme Todd Akin, qui arguait en campagne qu'une femme ne pouvait pas tomber enceinte après "un véritable viol".


Le parti républicain américain doit revoir sa structure et sa stratégie. Il y a un problème de raison dans son positionnement au sein d'une Amérique qui change. La campagne de Mitt Romney n'a pas été mauvaise. Il a certes fait quelques gaffes, mais a été bon dans les débats. Le problème ne se situe pas là, mais dans la base même de son parti.


Les républicains doivent se remettre en question, et ma crainte, pour le bien du système politique américain, qui a besoin de bipartisme, est qu'ils ne le fassent pas.

 

 

Propos receuillis par Hélène Decommer, du Plus du Nouvel Observateur. Article paru le 7 novembre 2012.

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