Le président a formellement lancé sa campagne dans l'Ohio en mai dernier (Photo AP)
Tel le rendez-vous principal des primaires américaines, le « Super Mardi » (Super Tuesday), la journée de demain, jeudi, aura quasiment la valeur d’un test électoral pour Barack Obama. Les développements de l’affaire Holder et la décision de la Cour suprême sur la réforme de la santé du président, à quatre mois de l’élection, pourraient marquer un tournant de la campagne électorale.
Jeudi après-midi se tiendront à la Chambre des représentants les auditions qui détermineront si l’administration Obama a outrepassé ses pouvoirs dans l’affaire dite « Fast and Furious ». A la demande des républicains, au contrôle de la Chambre basse du Congrès, le ministre de la Justice Eric Holder devra répondre de la couverture apportée par le gouvernement américain à un trafic d’armes organisé à la frontière mexicaine. Les républicains exigent d’Holder qu’il dévoile des documents classés confidentiels pour prouver que les démocrates ont les mains propres.
Ces derniers se défendent de toute irrégularité en faisant valoir que ces documents sont soumis au secret présidentiel, une prérogative légale de l’exécutif américain. L’exemple de l’opération menée en mai 2011 par les NavySEALS pour éliminer Oussama Ben Laden, dans la discrétion la plus absolue, ne manquera pas d’être mentionné par Holder dans sa défense.
Avec le concours de rares démocrates ayant d’ores et déjà annoncé leur volonté de sanctionner l’administration Obama, le vote devrait suivre les lignes partisanes et donc permettre la victoire des républicains. Si ceux-ci obtenaient gain de cause, leur candidat à la présidentielle, Mitt Romney, bénéficierait d’un argument de poids pour arguer de l’échec de la présidence Obama.
Dans l’autre point fort de la journée de jeudi, la Cour suprême rendra son verdict sur la constitutionnalité de la réforme de la santé du président, dite « Obamacare ». Objet de multiples recours dans des juridictions locales contrôlées par des conservateurs, l’Affordable Care Act de 2010 se voit notamment reprocher le non-respect du 10e Amendement à la Constitution, sur les droits des Etats fédérés par rapport à l’Etat fédéral, et un excès tacite de la « Commerce Clause » du Premier Article de la Constitution - avec la possibilité pour le Congrès d’obliger les citoyens à souscrire à une assurance privée (individual mandate).
La Cour suprême aura trois solutions devant elle. Soit elle décide de déclarer l’intégralité de la loi conforme à la Constitution, soit elle décide d’invalider le mandat individuel mais de laisser le reste de la loi intacte, soit elle décide d’invalider l’intégralité de la loi.
Les deux derniers cas de figure, en même temps qu’ils sont les plus probables, joueraient largement en faveur des républicains. Opposé à Barack Obama en novembre, Mitt Romney aura libre cours de reprocher au président d’avoir outrepassé ses pouvoirs en privilégiant la volonté de Washington sur celle des Etats fédérés et des citoyens.
Une validation intégrale de la loi n’est pas impossible, mais plutôt difficile à imaginer dans une cour dominée par les conservateurs. Deux juges en particulier, Anthony Kennedy et John Roberts, le Chief Justice, auront une influence déterminante sur l’issue du vote. Peu d’experts imaginent Roberts faire front avec les quatre juges progressistes pour valider Obamacare, ce qui fait de Kennedy le seul espoir de l’administration en place de valider tout ou partie de sa loi sur un vote de 5-4.
Alors qu'il est en ballotage défavorable dans les sondages par rapport aux normes historiques pour un président sortant, il est capital pour Barack Obama d’obtenir de bonnes nouvelles demain. Sans quoi son « Super Thursday » pourrait tourner en un Super Jeudi pour son adversaire Mitt Romney.