Le juge conservateur John Roberts, qui a voté pour le projet présidentiel avec les progressistes, a été la cible des insultes des républicains aussitôt le verdict de la Cour suprême annoncé.
La Cour suprême des Etats-Unis a validé hier la constitutionnalité de l’intégralité du plan de couverture maladie universelle de Barack Obama, y compris le controversé individual mandate. C’est sans conteste une grande victoire pour la Maison-Blanche, les démocrates ayant fait d’ « Obamacare » la signature législative principale du président. A seulement quatre mois de l’élection, comment son adversaire républicain Mitt Romney va-t-il pouvoir réagir ?
Le président Obama s’est retenu hier de toute effusion de joie dans son allocution au peuple américain. « La décision d’aujourd’hui est une victoire pour tous dans ce pays ; vos vies seront plus en sécurité grâce à cette loi et à la décision de la Cour suprême de confirmer sa constitutionalité », a dit Barack Obama. Mais dans la pratique, les démocrates ont gagné et les républicains ont perdu. En témoigne l’agitation des supporters et des critiques de la loi, massivement rassemblés devant le bâtiment de la Cour suprême hier à Washington.
Mais passée l’annonce, sujette à une confusion provoquée par une erreur de CNN, les analystes démocrates ont rapidement repris leur calme. Il existe en effet pour eux de nombreux motifs d’inquiétude : les arguments ne manquent pas pour montrer que la bataille n’en est peut-être qu’à ses débuts.
Premièrement, la prudence de la Maison-Blanche s’explique par le fait que la décision ne peut que galvaniser plus encore les républicains autour de leur candidat, Mitt Romney. Sorti vainqueur des primaires sans panache, l’ancien gouverneur du Massachusetts pourra visiblement compter sur une participation massive de son électorat en novembre. Déjà, hier, sa campagne a levé 300.000 dollars dans les deux heures ayant suivi le verdict de la plus haute cour juridictionnelle américaine.
Plus inquiétant encore pour le président, les électeurs centristes qui décideront du sort de l’élection dans des Etats-clés comme la Floride, l’Ohio ou la Virginie n’ont jamais été séduits par Obamacare. Malgré des portions très populaires dans le texte de la loi, sa pierre angulaire, le « mandat individuel », n’est approuvé que par 30% des Américains. Les républicains ne manqueront pas de souligner ce point dans leur campagne de publicités négatives à venir, laquelle s’annonce aussi massive que féroce grâce à l’appui des SuperPACs.
Avec cette bataille du message politique commence officiellement la campagne présidentielle. Les républicains feront valoir avec force à la majorité d’Américains qui sont en désaccord avec la loi sur la santé que leur dernier recours pour empêcher son application est de voter pour Mitt Romney. Dans une démarche symbolique, la majorité républicaine à la Chambre des représentants votera le 11 juillet pour l’abolition du plan de couverture-santé universelle.
Aucune surprise donc à voir Mitt Romney se précipiter, seulement une heure après le verdict, vers les caméras de télévision pour mettre en avant le contraste entre le président et lui-même. « La seule solution pour se débarrasser d’Obamacare est de se débarrasser du président Obama », a déclaré le candidat mormon.
Dans la pratique, les choses sont un peu plus compliquées. En effet, il faudrait aux républicains remporter la Maison-Blanche et le Sénat, ainsi que conserver leur majorité à la Chambre en novembre pour espérer agir sur Obamacare. Une réelle possibilité aujourd’hui, puisque les sondages entre Obama et Romney montrent un net resserrement entre les deux candidats. Même tendance entre les deux partis pour le contrôle du Sénat.
Le jugement de la Cour suprême a sans conteste apporté une dimension dramatique à la campagne présidentielle. En novembre, les Américains auront devant eux deux solutions bien distinctes : un plan de santé universel ou… Rien. Malgré le slogan « Abolir et remplacer », Romney n’a pas encore expliqué quelle solution alternative à Obamacare il mettrait en place s’il entrait à la Maison-Blanche. Ce qui pourrait se révéler très problématique pour les républicains.