8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 06:20

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A la différence de celle de Mitt Romney, la soirée de Karen et Rick Santorum fut très bonne hier (Photo AP)

 

 

Hier soir, Rick Santorum a créé la surprise en s'imposant dans les trois scrutins dans le Colorado, le Minnesota et le Missouri. L'ancien sénateur de Pennsylvanie totalise maintenant plus de victoires que quiconque dans ces primaires - malgré un déficit toujours important en termes de délégués. Les résultats d'hier soir sont une massive contreperformance pour Mitt Romney, tandis que Newt Gingrich perd son statut de numéro deux. Quelle sera l'influence de ce retournement de situation sur la suite de la course ?

 

Après deux larges victoires en Floride et dans le Nevada, Mitt Romney s'avançait vers les scrutins de février (Colorado et Minnesota hier, Maine samedi, Arizona et Michiagn dans trois semaines) comme le grandissime favori des primaires républicaines. Un statut qu'il possédait déjà après sa victoire dans le New Hampshire, mais qui a été mis à mal par la victoire à l'arrachée de Newt Gingrich, dix jours plus tard en Caroline du Sud.

 

Ici, le scénario est peu ou prou similaire : Mitt Romney n'arrive tout simplement pas à faire la différence de façon décisive. La campagne de Gingrich étant en perdition, les électeurs républicains s'en remettent à Santorum pour incarner l'alternative au "mormon modéré du Massachusetts", Mitt Romney. C'est le principal message des trois scrutins d'hier soir.

 

Les sondages montraient que Rick Santorum avait toutes ses chances dans le Minnesota et dans le Missouri - qui a tenu des primaires simplement consultatives. Se sachant battu en Floride et dans le Nevada, Santorum a fait le choix de laisser Romney crucifier Gingrich et s'est rapidement tourné vers les scrutins d'hier avec pour but de relancer sa campagne. Un choix gagnant pour l'ancien sénateur de Pennsylvanie.

 

En revanche, sa victoire dans le Colorado est beaucoup plus importante, car c'est un Etat qu'il a littéralement arraché des mains de Mitt Romney. L'ancien homme d'affaires s'y était imposé avec 60% des voix il y a quatre ans ; ces derniers jours, il avait concentré ses efforts sur le "Centennial State", misant sur la forte minorité mormone présente dans l'Etat pour de nouveau lui apporter une large victoire. Romney est finalement battu de cinq points par Santorum, 40,2% contre 34,9%.

 

"La cause conservatrice est vivante et semble même se porter très bien dans le Missouri et dans le Minnesota", réagissait hier l'ancien sénateur de Pennsylvanie. "Je suis là pour incarner l'alternative conservatrice à Barack Obama (...) Il me semble que le Minnesota va changer l'optique de la course à l'investiture ce soir".

 

Sa victoire dans le Minnesota apporte à Santorum 17 délégués (6 pour Romney), tandis que celle dans le Colorado lui en apporte 13 (12 pour Romney). Sa victoire dans le Missouri est importante psychologiquement et médiatiquement, mais sur le plan mathématique, elle ne lui apporte aucun délégué. C'est seulement le 17 mars que le Missouri tiendra des caucus qui décideront de l'allocation des représentants de l'Etat à la convention républicaine de la fin août.

 

Battu sèchement hier soir, le camp Romney tentait hier soir de relativiser l'impact des résultats sur la suite de la course, notamment en insistant sur le fait que le Missouri n'était qu'un "concours de beauté". Le grand perdant de la soirée est sans aucun doute Gingrich, qui a très peu fait campagne dans les Etats ayant voté hier soir. Il a passé le plus clair des cinq derniers jours à rassurer les médias sur sa stratégie : frapper fort lors du Super Tuesday (6 mars), lors duquel plusieurs Etats du Sud - son point fort - voteront (Tennessee, Oklahoma, Géorgie). Hier soir, l'ancien Speaker était présent à un meeting dans l'Ohio, qui votera lui aussi le 6 mars.

 

Au regard de la performance de Santorum, il est légitime de dire que les cartes sont aujourd'hui rebattues. Pour autant, la course n'est pas relancée car Romney reste le favori : il possède toujours une soixantaine de délégués d'avance sur Gingrich et Santorum. Les scrutins à la proportionnelle, qui seront les plus courants jusqu'au mois d'avril, rendent l'écart avec Romney beaucoup plus difficile à combler pour ses concurrents.

 

Le scrutin qui aura lieu en Arizona le 28 février prend donc une importance nouvelle. Le gagnant y remportera la totalité des 29 délégués mis en jeu, ainsi qu'un élan médiatique considérable seulement une semaine avant le crucial Super Tuesday. Le 6 mars prochain, plus de 400 délégués seront mis en jeu le même jour aux travers de 10 Etats : impossible de faire campagne partout, d'où l'importance d'arriver avec l'étiquette de favori. L'Arizona sera peut-être donc le théâtre de la sortie de course définitive de Newt Gingrich... Ou encore une fois, de son comeback fracassant.

 

Toujours est-il, si Santorum est maintenant bien positionné pour déloger Newt Gingrich, ses victoires d'hier soir ne lui vaudront que le privilège d'un déferlement massif de spots de publicités négatives de la part des Super PAC au service de Mitt Romney. Ce dernier a levé environ 55 millions de dollars en 2011, tandis que ses comités de soutien ont rassemblé environ 32 millions de dollars. Un trésor de guerre indispensable pour acheter du temps d'antenne à la télévision. 

 

Hier, Stuart Stevens, conseiller spécial de Romney, a réagi aux résultats en esquissant l'angle d'attaque avec lequel le candidat mormon compte s'en prendre à Santorum : "Il est quelqu'un qui a passé beaucoup de temps à Washington, et ce n'est absolument pas la même approche que celle du gouverneur Romney (...) Je ne crois simplement pas qu'il soit temps de demander à des personnes ayant travaillé à Washington de régler les problèmes qu'ils ont eux-mêmes causés à Washington".

 

Cet argument d'"outsider" aux affaires fédérales avait déjà été utilisé pour déboulonner - avec succès - la candidature de Newt Gingrich. De plus, si Santorum profite aujourd'hui du soutien de la frange conservatrice du parti, exprimé avec force hier soir, c'est sans doute parce que son passé n'a pas été l'objet d'un examen poussé par les électeurs. Un manque d'information qui ne tardera pas à être comblé par les équipes de Mitt Romney.

 


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