11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 06:27

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Newt Gingrich était au centre des attentions hier soir à Des Moines (IA), pour le douzième débat républicain de l'année (Photo Getty Images)

 

 

Pressé par tous ses concurrents, Newt Gingrich a fait preuve de beaucoup de maîtrise, hier soir en Iowa, pour esquiver les attaques. En dépit d'une liste de "casseroles" longue comme le bras, l'ancien président de la Chambre des représentants est apparu très préparé, renforçant un peu plus son statut de leader, à la fois dans le premier Etat à voter lors des primaires et à la fois au niveau national.

 

Il n'aura pas fallu attendre très longtemps pour voir l'adversaire N°1 de Gingrich pour la nomination, Mitt Romney, s'en prendre à celui qui domine dans les sondages depuis bientôt deux semaines. Avide de mettre en avant les contrastes qui existent entre lui et Gingrich, Romney a ainsi livré sa première réponse du débat : "Newt Gingrich et moi sommes en désaccord sur de nombreux points. A commencer par son idée d'avoir une colonie qui pourrait extraire du minerai sur la Lune". Une tentative plutôt maladroite de décrédibiliser son adversaire qui augurait d'une soirée relativement médiocre pour l'ancien gouverneur du Massachusetts, habituellement très brillant en débat.

 

Pourtant, Romney a été assisté par ses adversaires dans son entreprise de démolition de Newt Gingrich, qu'il lui faut stopper très vite avant qu'il ne s'envole irrémédiablement vers la victoire lors des caucus de l'Iowa, le 3 janvier prochain. Tour à tour, Michele Bachmann, Ron Paul, Rick Perry et Rick Santorum s'en sont tous pris au bona fides de l'ancien Speaker, qu'ils soupçonnent de ne pas être un conservateur véritable.

 

L'attaque la plus personelle a encore une fois été lancée par le gouverneur du Texas Rick Perry, qui a reproché à Gingrich ses trois mariages et des deux adutères avoués : "L'infidélité envoie un puissant message... Non seulement j'ai fait un serment à mon épouse, mais j'ai aussi fait un serment à Dieu : c'est encore plus fort qu'une poignée de main au Texas. (...) Si vous trompez votre femme, vous tromperez aussi votre partenaire lorsqu'il s'agit d'affaires, c'est pourquoi je pense que le problème de la fidélité est d'une grande importance".

 

Loin de récuser les faits évoqués par Rick Perry, Gingrich a joué la carte du pardon pour tenter de limiter les dégâts que pourrait causer son histoire sentimentale mouvementée en Iowa, un Etat composé à 60% de chrétiens évangélistes : "C'est un vrai problème, en effet. Je crois que les gens doivent répondre de leurs actes. Dans mon cas, je l'ai dit immédiatement, ouvertement, il m'est arrivé de commettre des erreurs. J'ai dû me rendre au chevet de Dieu pour demander pardon".

 

Fidèle à sa réputation de trublion - parfois gaffeur... - Rick Perry a provoqué une faute directe de Mitt Romney sur la question des mandats individuels en matière de sécurité sociale. La mesure que l'ancien gouverneur du Massachusetts a fait appliquer dans son Etat a inspiré le plan national de 2010 de Barack Obama, aujourd'hui devenu la hantise des conservateurs. Hier, lorsque Perry a affirmé à Romney qu'il avait recommandé dans la première édition de son livre, "No Apology" (2010), que son plan de santé soit adopté à l'échelle nationale, avant d'effacer la phrase dans la deuxième édition (2011), Romney lui a lancé une mise de 10.000 dollars. Un pari refusé par Rick Perry (NB : Perry a absolument raison sur ce point : Romney a changé le texte de son livre pour la seconde édition).

 

L'évocation d'une telle somme - un cinquième du salaire annuel moyen américain - ne manquera pas de susciter de vives réactions dans les jours à venir, contribuant à renforcer la perception que Romney est un businessman acquis à la cause de Wall Street. En ces temps de crise économique, l'ancien homme d'affaires compte sur son image de spécialiste des retournements de situation en matière financière pour avancer qu'il est le mieux placé pour remettre l'Amérique sur les rails de la prospérité. 

 

A cet effet, Romney fustige les "politiciens carriéristes" de Washington, et il s'est essayé à ce genre d'attaque hier contre Gingrich directement : "On a pas de besoin de gens qui ont vécu toute leur vie à Washington pour tirer le pays hors du bourbier dans lequel il est empêtré". Malgré plus de vingt ans passés à la Chambre des représentants, Gingrich a répondu à Romney de façon cinglante : "Soyons honnêtes. La seule raison pour laquelle vous n'êtes pas devenu un "politicen carriériste", c'est que vous avez perdu contre Ted Kennedy en 1994 - Romney voulait alors ravir le siège de Kennedy au Sénat fédéral - (...) Si vous aviez gagné, vous auriez une carrière longue de dix-sept ans à Washington à l'heure qu'il est".

 

Entre Romney et Gingrich, la différence entre homme d'affaires et ancien représentant au Congrès était nulle lors du débat d'hier soir : les deux hommes sont des politiciens professionnels qui comprennent que, de plus en plus, la course à la nomination se jouera entre eux deux. Gingrich sort clairement vainqueur de la première joute, mais les candidats ont rendez-vous à Sioux City, de nouveau de l'Iowa, dans quatre jours, pour la deuxième manche de leur duel. A cette occasion, il faudra que Romney livre une performance au moins aussi solide que celle de Gingrich hier pour espérer remporter la victoire le 3 janvier.

 

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