Pendant que Romney lui parlait, Obama a passé le plus clair de son temps à regarder ses notes. Erreur majeure du président sortant. (Photo AP)
La presse américaine et française sont assez formelles sur ce point : c'est Mitt Romney, le candidat républicain, qui a dominé le premier débat de la campagne électorale américaine, alors même qu'Obama bénéficie d'une large avance dans les sondages. L'avis des téléspectateurs américains est lui aussi tranché : 67% jugent que Romney a gagné cet échange.
Par quels biais le républicain a-t-il pris le dessus ? Trois points peuvent être mis en évidence.
1- Une domination physique
La forme est toujours importante dans un débat en face à face. Cette nuit, la confrontation physique entre les deux hommes fut assez marquée.
Mitt Romney a particulièrement réussi son entrée en matière, à savoir la première demi-heure du débat. Cela lui a d'emblée conféré l'avantage. Il savait qu'il devait attaquer fort et y est parvenu.
Puis les postures physiques ont beaucoup joué sur l'aspect visuel du débat. D'un côté, un Barack Obama très (trop ?) présidentiel, droit dans ses bottes, qui regardait la caméra ou le modérateur et prenait des notes lorsque son adversaire s'exprimait. De l'autre, un Romney tout feu tout flammes, physiquement animé, qui regardait Obama dès qu'il s'exprimait et se tournait également vers lui lorsqu'il exposait quelque chose.
Enfin, Mitt Romney a largement marché sur les platebandes du modérateur – d'ailleurs beaucoup critiqué aujourd'hui par ses confrères journalistes américains -, en empiètant sur le temps de parole de son adversaire. Le modérateur du débat s'est laissé déborder et ne l'a pas coupé. C'est ainsi que seulement cinq thèmes économiques sur six ont été abordés
2- Une meilleure préparation chez Romney
La primaire républicaine comprenait 20 débats, qui ont permis à Romney de se faire la main. Par ailleurs, lorsque les démocrates tenaient leur convention à Charlotte il y a un mois, Mitt Romney était déjà en train de se préparer au débat d'hier soir. Il a passé quatre jours reclus chez lui, avec son équipe rapprochée, à s'entraîner. Cela s'est nettement vu dans l'échange d'hier.
En face, Barack Obama n'avait consacré qu'une semaine à la préparation du débat. Trop court. En guise de riposte, il a fait preuve de suffisance et a pris son adversaire un peu de haut. Mais Romney étant très entraîné sur le fond comme sur la forme, il a conservé son avantage.
Le candidat républicain avait préparé bon nombre de petites phrases et astuces qui font l'histoire des débats politiques. Lorsqu'Obama lui a fait valoir que son bilan aurait pu être bien pire, Romney a répondu : "Je suis père de cinq fils et habitué aux gens qui savent que ce qu'ils disent est faux, mais continuent à le répéter".
Romney s'est surtout attaché à parler des classes moyennes, se détachant de son image de millionnaire coupé du peuple. Il n'a cessé de les défendre, de prendre des exemples, de relater ses rencontres sur le terrain. Au total, il a consacré au moins dix occurrences aux classes moyennes.
D'autres petites phrases cinglantes sur les impôts et la réforme du médicare semblaient préparées à l'avance et ont été bien envoyées.
Au final, Mitt Romney n'a jamais été pris au dépourvu, il est toujours parvenu à répliquer quelque chose à son adversaire.
3- Un fact-checking astucieux
Mitt Romney s'est livré à un fact-checking assez intéressant, en présentant les chiffres du chômage, de la dette, de la croissance, etc., qui ne sont pas à l'avantage de Barack Obama. Il a démontré avec succès que le bilan de son adversaire n'est pas satisfaisant.
Les propos du candidat républicain auraient eux-aussi mérité vérification, voire démontage en règle, mais Obama ne s'est pas plié à cet exercice en direct. De même, le candidat démocrate aurait pu relever la filiation entre Romney et Bush junior, que le premier tente de masquer depuis le début de la campagne. Là encore, une bonne occasion de reprendre le dessus a été manquée par Obama.
La victoire de Romney dans ce débat est donc indéniable. Va-t-elle se concrétiser dans les sondages, qui étaient jusqu'à hier largement à l'avantage d'Obama ? De nouveaux chiffres devraient bientôt tomber. Le candidat républicain s'est en tout cas donné les moyens d'un retour en force, qui lui permet maintenant d'espérer un come-back dans la course à la présidentielle.
Pour tout savoir sur l'élection présidentielle américaine de 2012 | |
L'Amérique de Mitt Romney, la seule biographie en français sur l'adversaire du président Barack Obama. | La Nouvelle Droite Américaine : La radicalisation du Parti républicain à l'ère du Tea Party, à paraître chez Demopolis le 30 août prochain. |
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