15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 10:19

En milieu de semaine, Rick Perry a entamé une visite marathon des 99 comtés de l'Iowa dans l'espoir de faire un retour surprise le 3 janvier prochain (Photo AP)

 

 

Ce soir, à Sioux City (IA), les sept candidats républicains encore en lice débattront pour la treizième et dernière fois de l'année 2011. C'est la dernière occasion pour les challengers de Barack Obama de s'attaquer de front, à maintenant 19 jours du départ officiel de la course à la nomination. Alors que la campagne s'est grandement intensifiée depuis le début du mois, il faut s'attendre à un débat mouvementé lors duquel chacun des prétendants cherchera le K.O.

 

Conscient qu'il a toujours une bonne chance de stopper l'ascension de Newt Gingrich, Mitt Romney cherchera sans aucun doute à lancer, en face à face, le même type d'attaques qu'il ne cesse d'asséner, depuis le début de la semaine, contre l'ancien Speaker. En plus des spots de campagne dévastateurs préparés par son équipe, l'ancien gouverneur du Massachusetts s'en est pris à son rival N°1 de façon personnelle au cours de plusieurs interviews.

 

Hier, dans un entretien accordé au New York Times, Romney a qualifié Gingrich de "bouffon dont on a pas besoin pour le poste de président". Plus tôt dans la semaine, Romney s'en prenait au bona fides de son adversaire : "C'est un leader très peu digne de confiance dans la sphère conservatrice". Enfin, à CBS, Romney répondait mercredi à la critique de l'ancien président de la Chambre des représentants sur son pari à 10.000 de dollars en rappelant que celui-ci a utilisé 500.000 dollars de fonds de campagne pour offrir des bijoux à son épouse au printemps dernier.

 

Cette série d'attaques personelles participe de la nouvelle stratégie de Romney à l'approche des caucus de l'Iowa : conscient qu'il a manqué d'aggressivité il y a quatre ans pour contrer la poussée de Mike Huckabee, l'ancien homme d'affaires ne veut pas commettre la même erreur aujourd'hui. Il a abandonné l'idée de jouer au-dessus de la mélée et espère, au mieux, voler la victoire à Gingrich en Iowa, ou sinon, la laisser à un candidat présumé plus faible, tel que Ron Paul.

 

Newt Gingrich, qui avait promis qu'il n'attaquerait aucun de ses adversaires dans le but d'offrir au peuple américain une "campagne positive", a été obligé d'ôter les gants, lui aussi. Très adroitement, il a détruit la critique de Romney envers les "politiciens carriéristes" en répondant à l'ancien homme d'affaires qu'il serait lui aussi à Washington à l'heure qu'il est s'il n'avait pas perdu contre le sénateur Ted Kennedy en 1994 (cf. débat précédent).

 

Avec un peu moins de précaution, il s'en est pris au pedigree "capitaliste" de Romney, à qui il a reproché d'avoir bâti sa fortune personnelle sur des milliers de licenciements. Une critique très mal digérée au sein d'un parti ultra-libéral économiquement, et qui ne fait que donner raison à Romney sur le fait que les valeurs conversatrices de Gingrich peuvent légitimement être remises en question. Ce dernier aura à coeur de se rattraper ce soir, car il sait que la victoire est loin d'être acquise dans le "Hawkeye State".

 

Selon des informations internes aux campagnes de Mitt Romney et de Rick Perry, le soutien de Gingrich serait actuellement en train de s'effriter. Le Texan sait notamment que l'électorat évangéliste qui a nourri la soudaine montée de Gingrich dans les sondages est en train de quitter l'ancien Speaker. Les coups de butoir lancés par ses adversaires sur ses trois mariages, ses deux adultères avoués, sans oublier ses achèvements législatifs modérés des années 1990, commencent à faire leur effet.

 

En quête d'une alternative solide, il semble que cet électorat ultra-conservateur se tourne aujourd'hui vers Ron Paul, qui n'a jamais semblé aussi proche d'une victore surprise en Iowa. Son soutien s'accroît dans les sondages, comme le montrent les derniers chiffres : avec 17% des voix, Ron Paul se place en deuxième position et refait son retard sur Gingrich. Comme le disait Chris Cillizza, mardi dans le Washington Post, "Ron Paul est le meilleur ami de Romney en Iowa". Si jamais Paul y remportait la victoire, il serait aisé pour Romney de le faire passer pour une alternative ultra-conservatrice inacceptable dans les Etats suivants, car incapable de battre Barack Obama. 

 

Par ailleurs, comme Rick Perry, Michele Bachmann et Rick Santorum se sont lancés dans un tour de l'Iowa en bus qui apparaît comme un mouvement désespéré. Alors que toute la lumière est sur Romney et Gingrich, il fort peu probable qu'ils décollent dans les sondages puis s'imposent en Iowa. Quant à Jon Huntsman, présent au débat de ce soir, il a ouvertement abondonné le "Hawkeye State" dans le but de lancer toutes ses forces dans le New Hampshire, qui votera le 10 janvier 2012. Pour ces trois candidats, la joute télévisée de ce soir est sans doute que l'occasion, peut-être, d'un dernier coup d'éclat.

 

En définitive, il apparaît que la victoire se jouera entre Perry, Paul, Gingrich et Romney, ces deux derniers nous laissant augurer un débat très mouvementé. Gingrich sait qu'il ne peut pas perdre l'Iowa au profit du candidat mormon, sous peine de voir filer Romney avec la nomination de façon irrémédiable (voir l'analyse d'hier). En tant que leader des sondages, la pression se trouve encore une fois sur ses épaules, et il lui faudra livrer une performance aussi bonne que samedi dernier pour définitivement asseoir sa domination dans le "Hawkeye State".

 

 

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