27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 18:40

http://img.src.ca/2012/02/22/635x357/AFP_120222_852za_santorum-romney-debat_sn635.jpg

Mercredi dernier, lors du débat de Mesa (AZ), Mitt Romney a semblé prendre le dessus sur Rick Santorum ; en sera-t-il de même aujourd'hui dans le Michigan ?

 

 

Aujourd'hui, 59 délégués sont en jeu dans le Michigan et l'Arizona : il s'agit du plus grand nombre de délégués attribués le même jour depuis le début des primaires républicaines. Si Romney part largement favori dans l'Arizona, le suspense plane quant au résultat de la primaire du Michigan. Le "Wolverine State", pour de nombreuses raisons, est d'une importance capitale dans la course à la nomination. Il ouvre aussi un mois de mars lors duquel 823 délégués seront en jeu, au cours de scrutins qui vont s'enchaîner très rapidement les uns après les autres.

 

Les derniers sondages montrent que la situation est très serrée dans le Michigan. Selon la moyenne des derniers sondages établie par le site RealClearPolitics, Romney serait en tête d'un point et demi, soit bien en dedans de la marge d'erreur de toutes les consultations effectuées depuis dix jours. Plus intéressant pour l'ancien gouverneur du Massachusetts : au contraire de Rick Santorum, il semble sur la pente ascendante après sa bonne prestation lors du débat de mercredi dernier.

 

Pour l'ancien sénateur de Pennsylvanie, une victoire sur les terres de Mitt Romney serait assurément un "gros coup". Romney, il y a trois semaines de cela, faisait figure de favori inconstestable dans le Michigan, un Etat dans lequel il a grandi et pour lequel son père, George Romney, a été gouverneur dans les années 1960. Rick Santorum, misant sur ses liens avec la communauté col-bleu très présente dans son Etat d'attache ainsi que dans le Michigan, a décidé de disputer l'Etat à Romney ; les derniers sondages lui donnent amplement raison.

 

La victoire dans le Michigan est capitale car elle lance une série de scrutins importants au mois de mars. Le point culminant, le tournant de cet enchaînement sera sans conteste le Super Tuesday du 6 mars, lors duquel 10 Etats et 437 délégués seront en jeu en même temps. Les deux scrutins de demain - sans oublier l'Etat de Washington ce samedi - font office de rampe de lancement vers le Super Tuesday, d'où la lutte acharnée que se sont livrés Romney et Santorum au cours des derniers jours.

 

Lors du Super Tuesday, un Etat en particulier comptera davantage que les autres : l'Ohio, avec ses 66 délégués, est toujours un très bon indicateur du rapport des forces en présence, à la fois lors des primaires et lors de l'élection générale. Démographiquement, sa composition est relativement similaire à celle du Michigan, d'où le fait que le vainqueur aujourd'hui partira avec un avantage conséquent le 6 mars. Ainsi, si Rick Santorum y est pour le moment leader dans les sondages, une victoire de Romney dans vingt-quatre heures pourrait tout relancer.

 

Après le Super Tuesday, le leader n'aura pas forcément une avance considérable en termes de délégués, en partie parce que ceux-ci sont majoritairement distribués à la proportionnelle avant le 1er avril. Plus que les chiffres donc, c'est le symbole de la victoire qui compte, l'étiquette de leader étant un atout majeur lorsque les primaires s'enchaînent vite les unesaprès les autres. Elle permet notamment de rallier les électeurs indécis qui tendent toujours à voter pour celui dont ils savent qu'il peut gagner.

 

Cet enjeu psychologique en dit long sur l'importance du Michigan pour les candidats : il s'agit de ne pas trébucher en prenant le premier barreau de l'échelle. Mitt Romney et ses comités de soutien ont investi en masse en negative advertising (publicités négatives critiquant les candidats adverses), quoique dans une proportion bien moindre qu'en Floride, un signe que Romney cherche déjà à économiser ses forces. Dans les sept jours à venir, il lui faudra gagner le Michigan et le Super Tuesday pour sortir du statut de favori par défaut.

 

En effet, il ne faut pas s'y tromper : Romney a beaucoup plus à perdre d'une défaite dans le Michigan parce qu'il "joue à domicile" et qu'il a encore clamé hier qu'il croyait en sa victoire. Une défaite dans son Etat de naissance en dirait long sur sa capacité à rassembler le parti, déjà largement menacée au cours des dernières semaines. Mais pour rassembler son parti, il est clair que Romney doit arrêter le negative advertising et proposer une approche plus souveraine, ce qu'il n'a pas été en mesure de faire jusqu'à présent.

 

En sortant du Michigan, l'enjeu sera double pour le vainqueur. Premièrement, il s'agira de se montrer plus rassembleur, changer de style de campagne, pour remporter les primaires. Surtout, deuxièmement, il faudra pour le leader républicain agir de la sorte pour unifier son parti en vue de l'élection générale. En tout état de cause, une primaire longue et destructrice entre les candidats, comme elle l'est actuellement, ne fait pas les affaires du parti de l'éléphant pour novembre.

 

Les sondages indiquent déjà qu'Obama semble prendre l'avantage dans de nombreux swing-states, ces Etats indécis qui décident du nom du président américain lors de l'élection générale. Selon une enquête menée hier par Politico, Barack Obama est avantagé par la tournure de la primaire républicaine, qui en durant, lui permet d'affaiblir les ressources de son futur adversaire tout autant qu'elle lui permet d'économiser les siennes.

 

Tel est l'enjeu, au fond, des résultats du Michigan : donner enfin un favori clair aux républicains, le parti de l'éléphant espérant que celui-ci scelle la nomination, au moins de façon psychologique, grâce à une victoire nette lors du Super Tuesday. Mais le scénario très serré qui s'annonce dans le Michigan, ainsi que le nombre relativement faible de délégués en jeu mardi prochain permettront-ils à Romney ou Santorum de le faire ? 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires