Scott Audette/Reuters
Dans la course à deux têtes qui oppose Mitt Romney à Rick Perry pour la nomination républicaine, le débat d’hier soir à Orlando (FL) possédait une importance particulière. Tout d'abord, il se situe dans le "Sunshine State", qui votera en cinquième position en janvier 2012. De par sa position chronologique, c'est un Etat qu'il faut remporter. De plus, la confrontation d’hier soir arrive juste avant le "Presidency 5 Straw Poll", le "vote pour du beurre" de samedi, mais surtout quelques jours avant la fin du troisième trimestre de levée de fonds. C'était une belle occasion pour les deux favoris de briller et de récolter quelques précieuses donations qui pourront faire la différence.
Donner un vainqueur à un débat n’est jamais une chose aisée. Pour Chris Cilizza, du Washington Post, et Doyle McManus, du Los Angeles Times, Romney émerge comme le gagnant, tandis que le réseau Fox News, qui organisait le débat avec Google, semble pencher du côté de Perry. Cependant, dans le cadre de ce qui était la troisième confrontation en quinze jours entre prétendants républicains, la dynamique est clairement du côté de Romney. Il s’exprime de façon claire, possède le « look présidentiel » que le TIME Magazine lui prête avec raison, et surtout, il esquive avec brio les attaques de ses adversaires. Par exemple, lorsque Perry a tenté, hier soir, d’enclencher une attaque contre les changements de positions de Romney (sur l’avortement, l’immigration, les droits homosexuels, etc.) Romney se contente de répondre : « Bien essayé ». Et l’ancien gouverneur du Massachusetts de lancer une boutade provoquant les éclats de rire de l’audience.
Le retour en force de Romney dans les débats n’a rien d’étonnant, puisque Perry subit toute la pression qui incombe au favori des sondages nationaux, trop souvent érigé par erreur comme faisant la course en tête. C’est une aubaine pour son adversaire mormon, qui n’a pas à retenir ses coups. En tant que favori présumé, Perry n’a pas à signer de performance éclatante, simplement à parer les attaques et se mettre à l’abri. Seulement, il n’en a pas l’occasion, puisque tous les candidats, de Romney à Paul, en passant par Bachmann et Santorum, s’en prennent à lui. Ainsi, le Texan est apparu fragilisé au cours des trois débats, parce que ses positions sont trop peu claires pour être défendables.
Par exemple, après l'évocation par Perry des termes de "chaîne de Ponzi" et de "mensonge monstrueux" pour désigner le système de sécurité sociale américain, ses adversaires ne l’ont pas laissé s’en tirer sans quelques égratignures. En effet, le "Sunshine State" possède le deuxième taux de retraités des Etats-Unis. Par ailleurs, son soutien à un programme universitaire destiné à accorder aux enfants d’immigrés illégaux une exonération de frais de scolarité a été remis en question. Enfin, son décret autorisant la prescription de Gardasil à des mineures texanes a encore été vivement critiqué par Bachmann, qui a perdu beaucoup de terrain depuis août.
Malgré une performance moyenne hier soir, Perry gagnera sans doute la consultation de samedi. Mais d’ores et déjà, le résultat en est biaisé car Mitt Romney et Michele Bachmann n’y participent pas activement. Avant le prochain débat, le 11 octobre dans le New Hampshire, il sera intéressant de comparer les chiffres de Perry et de Romney. Que ce soit dans les sondages ou en termes d’argent récolté, il y a fort à parier que l’écart entre les deux candidats va se resserrer. Le rapport trimestriel montrera sans doute une bonne performance financière de Perry, qui profite de l’enthousiasme des premières semaines de campagne. Quant à Romney, il profitera sans doute d’un rebond dans les sondages grâce à ses bonnes performances des trois dernières semaines.