De gauche à droite : Mitt Romney, Herman Cain et Rick Perry
En visite dans l'Ohio cette semaine, Mitt Romney a semblé hésiter sur le soutien aux lois anti-syndicats du gouverneur Kasich. L'occasion pour ses adversaires de lui reprocher, une fois encore, d'être une "girouette". Mais il semble que Perry et Cain font eux aussi face, à maintenant deux mois des premiers scrutins, à leur lot d'incertitudes.
Il y quelques mois, Mitt Romney a déclaré soutenir les lois anti-syndicats du gouverneur Kasich (R-OH), au moment des contestations ouvrières dans l'Etat industriel voisin du Wisconsin. De retour dans le "Buckeye State" ce mardi, Romney a déclaré qu'il resterait neutre dans le référendum lancé par Kasich à propos des droits des syndicats. Et le lendemain, il s'est excusé d'avoir semé la "confusion" et déclaré qu'il soutenait l'initiative de Kasich "à 110%".
Ces changements de positions, effectués le "doigt dans le vent" selon un membre de l'équipe de Perry, sont une habitude de l'ancien gouverneur du Massachusetts, qui est en campagne pour la Maison-Blanche depuis cinq ans, quasiment sans interruption. Avortement, droits des homosexuels, port d'armes... Romney a changé d'avis sur à peu près tous les sujets possibles depuis le début de sa carrière politique, en 1994.
Les accusations de "girouette" ("flip-flopper") n'ont pas tardé à fuser de la part de ses adversaires. Hier, Rick Perry invitait ses partisans à poster toutes les déclarations contradictoires de Romney sur Twitter, accompagnées du "hashtag" #flipflopmitt. Outre les républicains, les démocrates ne se sont pas privés d'attaquer Romney, un rival potentiellement dangereux s'il devait obtenir la nomination du parti de l'éléphant. Le parti démocrate de l'Ohio est même allé jusqu'à qualifier l'ancien homme d'affaires de "serial flip-flopper".
Si Perry se dresse comme le critique-en-chef de Romney, il a lui aussi fait preuve d'indécision au cours de la semaine. Au début de la semaine, il a rejoint le mouvement des "birthers", qui pensent qu'Obama n'est pas Américain. La veille, le gouverneur du Texas avait en effet déjeuné avec Donald Trump, qui en est depuis le printemps dernier le fer de lance. Puis, en milieu de semaine, Perry s'est retracté, sachant que la publication du certificat de naissance d'Obama, en mai 2011, a mis fin aux aspirations présidentielles de Trump.
Herman Cain, toujours dans le même registre, y est allé de sa petite gaffe. Ses revirements de position, depuis dix jours, sur le sujet de l'avortement, le mettent en position délicate alors que son avance dans le sondages, au niveau national, commence lentement à s'effriter.
Tous les sujets sont aujourd'hui abordés très fébrilement par tous les candidats républicains. Ceux-ci, voyant les primaires s'approcher rapidement, ne veulent contrarier aucune portion de leur très volatile électorat. En l'absence d'un leader incontestable, la moindre erreur rhétorique peut se transformer en une perte rapide de soutiens.
Ainsi, en jouant tous au jeu de la "girouette", les candidats s'assurent de ne pas subir de trop dommages, leurs adversaires en faisant de même. Cela montre que le plateau républicain pour 2012 est beaucoup plus faible que lors des années précédentes. Gagner du temps de la sorte leur assure de brouiller les pistes jusqu'à l'hiver, rendant l'issue de la course aussi incertaine que les valeurs en lesquelles ils croient vraiment.