Chris Christie, le gouverneur du New Jersey, reste à Trenton
La tentation était grande... Mais Christie n'y a pas cédé. En vérité, il y avait sans doute autant de bonnes raisons que de mauvaises de se présenter à la présidentielle de 2012. Voici un court inventaire qui permet de voir plus clair dans les pensées du gouverneur depuis maintenant dix jours.
Deux bonnes raisons de se lancer aujourd'hui
1. Si ce n'est pas maintenant, c'est peut-être jamais.
Cette prévision est difficile à assurer, alors qu'il reste treize mois avant la présidentielle de 2012... Et cinq ans avant celle de 2016. Les conseillers de Christie l'ont avoué : le plan initial était "Christie 2016". Mais la faiblesse du champ des candidats ainsi que l'impopularité du président Obama ont forcé le gouverneur à reconsidérer ses plans.
En effet, Romney possède actuellement un net avatage sur ses rivaux républicains, ainsi que sur le president Obama. Si cette solidité, à la fois dans l'élection primaire et dans l'élection générale devait être confirmée en 2012, alors la prochaine élection à laquelle Christie pourrait prétendre serait celle de 2024. Pour cause, Romney aurait une option sur la réelection en 2016, tandis que son colistier emprunterait, comme il est de coutume pour les vice-présidents, la voie royale en 2020.
A l'horizon 2024, Christie n'aura-t-il pas disparu du paysage politique ? Nul moyen de le savoir, c'est pourquoi une campagne présidentielle résolvait le probleme.
2. L'expérience ne compte pas ; les médias, oui.
Comme le rapportait Joel McKinnon, un proche de l'ancien président George W. Bush, il y quelques jours : "Il faut savoir y aller quand vous êtes chaud [ie. dans les medias]... Demandez à Barack Obama". D'aucuns ont critiqué, ces derniers jours, le manque d'expérience de Christie, gouverneur depuis seulement un an et demi. Mais Barack Obama, au moment de déclarer sa candidature, en octobre 2007, avait à peine plus de deux ans d'expérience en tant que sénateur. Les deux situations sont comparables par l'engouement médiatique qu'ont suscité les deux hommes, à quatre ans d'intervalle.
L'appui des médias est un tremplin formidable pour lancer une campagne. Avec les premiers scrutins se rapprochant dangereusement du Nouvel An, Christie pouvait espérer lancer une vague médiatique jusqu'aux caucus de l'Iowa, début janvier, et forcer la décision grâce à l'effet de surprise. On sait désormais qu'il n'en sera rien.
Deux mauvaises raisons de se lancer aujourd'hui
1. Il est trop tard pour l'emporter.
Le dernier argument, positif à propos du calendrier des primaires, a pourtant sans doute été crucial dans la décision négative de Christie. En effet, il parait insensé d'espérer faire de bonnes performances dans des scrutins qui auront lieu dans moins de cent jours. Avant cela, monter une campagne - avec tout l'aspect organisationnel que cela comprend - en moins de cent jours relève de l'utopie.
La popularité de Christie, comme l'a montré ce matin un sondage ABC News/Washington Post, est relativement limitée chez les électeurs républicains. A plus forte raison, une majorité d'Américains ne le connaissent pas suffisamment. Surtout, il paraît impensable de déboulonner Perry en Iowa et Romney dans le New Hampshire, les deux Etats qui s'exprimeront les premiers. Sans la victoire dans un des deux Etats inauguraux, l'effet d'entrainement médiatique ne se met pas en route, et partant, les électeurs vous oublient.
2. Il est trop risqué de perdre.
Si Christie s'était présenté et, in fine, avait remporté les primaires républicaines, voire la Maison-Blanche, alors son pari était plus que gagné. Mais à l'inverse, le gouverneur avait tout à perdre d'une défaite. Il ne s'agissait pas juste de la nomination de son parti, mais de son poste même de gouverneur, qu'il remettra en jeu en 2013.
En effet, perdre en 2012 aurait considérablement érodé sa popularité dans son Etat. Toutes les mauvaises raisons de se présenter a la présidentielle - et dont la liste ici présente est loin d'etre exhaustive - lui auraient été reprochées. A la clé : une fin de carrière tout aussi anticipée que l'aurait été une campagne pour la Maison-Blanche.
En restant dans les tribunes, Christie se laisse la possibilité de conquérir un second mandat de gouverneur en 2013, une expérience accrue et qui sait, une campagne nationale en 2016. Car toujours est-il, les chiffres d'octobre 2011 ne sont pas ceux de novembre 2012, et si Obama devait l'emporter, alors les dix jours d'hésitation de Christie l'auront placé dans tous les esprits pour la prochaine échéance.