L'Amérique de Mitt Romney est la seule biographie en français sur l'adversaire de Barack Obama lors de l'élection présidentielle de 2012.
Grâce à sa victoire dans la primaire du Texas, Mitt Romney a officiellement atteint le nombre de délégués nécessaires pour être le nominé du Parti républicain lors de l’élection générale de novembre. Son objectif, annoncé depuis des mois, est de faire de Barack Obama « le président d’un seul mandat ».
Le résultat ne faisait guère de doute : avec Ron Paul comme seul adversaire lors du scrutin interne d’hier, Romney s’est imposé avec environ 70% des voix. Le nombre de délégués qu’il a remporté au Texas, estimé à 97 par l’Associated Press, est plus que suffisant pour lui permettre de surpasser la barre des 1.144 unités nécessaires pour s’adjuger la nomination républicaine lors de la Convention nationale de Tampa (Floride), qui aura lieu fin août.
La victoire de Romney est historique. L’ancien homme d’affaires est le premier nominé non-protestant de l’histoire moderne du GOP. Il sera le premier mormon de tous les temps à être investi par l’un des deux grands partis.
Contextuellement, la victoire de Romney pourrait paraître contradictoire : un candidat au tempérament calme et posé a acquis les faveurs d’une base conservatrice ardente, un homme du Massachusetts pilotant un parti ancré dans le Sud, une girouette (flip-flopper) dirigeant une famille politique qui est en quête perpétuelle de « puritisme » idéologique depuis plus de trente ans.
Pourtant, Romney s’est montré plus que capable, depuis un an quasiment, de rassurer une base électorale ultraconservatrice. Cela au prix d’une campagne menée tambour battant, qui aura su résister aux multiples assauts des candidats se réclamant du Tea Party lors des primaires.
Se profile à présent pour l’ancien gouverneur du Massachusetts une élection présidentielle qui sera jouée à couteaux tirés entre démocrates et républicains.
D’emblée, Mitt Romney débute la course avec les désavantages du challenger face au président sortant. Mais le GOP a de bonnes raisons d’espérer : les récents sondages menés à l’échelle nationale montrent que son candidat fait jeu égal ou presque avec Barack Obama.
Un signal positif pour les républicains à cinq mois de l’échéance de novembre, même si la prudence reste de mise : à la même époque en 2004, le sénateur démocrate John Kerry possédait deux points d’avance sur le président sortant Bush, avant de perdre finalement l’élection de novembre pour 120.000 voix en Ohio.
L’Ohio, comme à son habitude depuis quarante ans, risque de peser lourd dans le décompte final au Collège électoral. Mitt Romney a d’ores et déjà fait du « Buckeye State » la cible privilégiée de ses spots publicitaires. Seront également à surveiller de près la Floride et la Virginie, Etats dans lesquels les sondages sont très serrés.
Romney semble a priori avoir l’ascendant dans certains « Etats rouges » un temps visés par les démocrates, Arizona et Géorgie au premier chef. Le président sortant aura sans doute une marge de manœuvre plus limitée qu’il y a quatre ans, puisque deux de ses conquêtes symboliques, l’Indiana et la Caroline du Nord, semblent aujourd’hui pencher pour le camp républicain.
Cette partie d’échecs sur la carte des Etats-Unis s’annonce comme l’une des plus chères – sinon la plus chère – de l’histoire. Chaque camp, à la faveur des « Super PAC », qui permettent de lever des fonds de façon illimitée, pourrait dépasser la barre mythique du milliard de dollars. En 2008, Barack Obama avait déjà battu tous les records en amassant la bagatelle de 750 millions de dollars.
L’élection de novembre risque donc d’être serrée. Le sort de Barack Obama est clairement suspendu à l’état de l’économie dans cinq mois, et en particulier au marché de l’emploi américain. La barre historique des 7,2% de chômage, qui assure la réélection des présidents sortants depuis les années 1930, est quasiment hors de portée.
Mais les démocrates sauront sans aucun doute tirer profit du climat d’insurrection au Parti républicain. Le fait que Romney n’ait acquis la nomination de son parti qu’au prix d’un virage complet vers la droite est une occasion supplémentaire pour Barack Obama de tenter de diaboliser son adversaire.
Avec la prééminence du financement illimité des campagnes et un schéma clair entre diabolisation et critique acerbe sur l’état de l’économie du pays, cette élection s’annonce aussi passionnante que polarisante, voire désagréable et malsaine.
Barack Obama verra-t-il sa tête, comme celle de nombreux chefs d’Etats depuis le début de la crise, rouler aux pieds d’un éléphant républicain victorieux ? Pour savoir si Romney deviendra le 45e président des Etats-Unis d’Amérique, rendez-vous le 6 novembre.
Mais en attendant, et à titre personnel, le pari est d’ores et déjà gagné.
(Voir l'article du 4 décembre 2011 : Pour la victoire, Mitt Romney)