Herman Cain à Washington, DC, le 31 octobre 2011 (Photo AP)
En concédant aux médias, heure après heure, de nouvelles révélations sur les faits de harcèlement sexuel qui lui sont reprochés, le candidat républicain à la présidentielle de 2012 joue avec le feu. En tête des sondages depuis quelques jours, Cain pourrait voir sa cote de popularité dégringoler d'un coup d'un seul, et avec elle, l'espoir naissant que ce novice suscitait de remporter la nomination du parti de l'éléphant.
Le journal Politico, dimanche soir, annonçait le comportement déplacé qu'aurait eu Cain envers deux de ses employées à l'Association Nationale des Restaurants (National Restaurants Association, NRA) dans les années 1990. Alors PDG du groupe, Herman Cain aurait négocié avec les deux femmes un départ à l'amiable, moyennant finances, en l'échange de quoi personne n'évoquerait les faits à l'avenir.
Seulement, Politico affirme aujourd'hui être en possession du nom des deux femmes, confirmé par une petite dizaine de sources souhaitant rester dans l'anonymat. Le journal affirmait hier qu'il détenait les informations depuis dix jours ; après avoir pressé l'équipe de campagne de Cain de s'expliquer sur l'affaire, en vain, Politico a décidé de dévoiler les faits au public (voir article précédent).
Répondant aux questions des médias, de show en show, lundi et mardi, Herman Cain a changé sa version des faits à de nombreuses reprises. Lundi, il martelait qu'il ne s'était rien passé à la NRA en 1996 ; mardi, il a confié à Fox News "vaguement se souvenir" d'avoir simplement comparé la taille d'une employée à celle de son épouse Gloria, qui lui arrive "en dessous du menton", ainsi que "deux ou trois autres choses". Hier, il affirmait de pas être au courant d'un arrangement financier avec les deux employées, quand aujourd'hui, il avouait l'existence d'un accord se chiffrant en "milliers de dollars".
Sans évoquer la France, les Etats-Unis ont eu leur lot de scandales politiques relatifs aux bonnes moeurs en 2011. L'hiver dernier, le sénateur du Nevada John Ensign, un républicain, avait dû démissionner après qu'il fut découvert qu'il entretenait une relation extra-conjugale. En juin 2011, le représentant Anthony Weiner (D-NY) avait dû renoncer à son poste suite à la publication de photos très suggestives de lui sur son compte Twitter.
L'affaire Cain n'est pas sans rappeler celle de Bill Clinton qui, déjà en 1992, avait paniqué lorsqu'il lui avait été reproché d'avoir esquivé son service militaire dans les années 1960. A l'époque, Clinton avait présenté trois versions différentes au public américain pour expliquer son refus de remplir son service aux forces armées de la nation.
Après avoir envoyé son porte-parole au front, puis s'être expliqué lui-même devant les médias, Herman Cain a laissé entendre que sa femme Gloria pourrait s'exprimer sur l'affaire sur Fox News, en fin de semaine. Sa référence à la classique "chasse aux sorcières" pour critiquer le comportement des médias montre que l'ancien PDG de Godfather's Pizza est dépassé par les événements.
Cela arrive au plus mauvais moment pour Cain, puisqu'il était parvenu à se hisser en tête des intentions de vote au niveau national en seulement quelques semaines. Avec Romney qui reste impassible, Perry qui revient lentement dans la course et Newt Gingrich qui promet qu'"il s'imposera par une marge plus qu'impressionnante", Herman Cain a décidement tout à perdre dans l'affaire de la NRA.