21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 17:07

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Mitt Romney et Barack Obama lors du deuxième débat présidentiel, le 16 octobre à Long Island (New York) (Photo A. Behar/SIPA)

 

 

Barack Obama a été meilleur dans le deuxième débat que lors du premier. Il a gagné ce débat d’une très courte tête, selon les premiers sondages, mais le candidat républicain s’était démarqué de manière plus exceptionnelle au cours de la première joute.

 

En décomposant ces échanges face à une audience de 82 Américains « indécis », on distingue clairement trois parties :

 

 

1. Avantage à Romney, le modéré


Mitt Romney a remis ses habits de « modéré » qu’il avait adoptés lors du premier débat, il s’en est plutôt bien sorti au départ. Il a réitéré le fait qu’il ne diminuerait pas les impôts pour les plus riches contrairement à ce que Barack Obama disait. Il a grandement insisté sur l’égalité hommes-femmes dans les salaires : aucun hasard, il sait qu’il a un important déficit chez les femmes et que c’est grâce à elles qu’il peut rattraper son retard. Mais en s’exprimant contre une contraception financée par des fonds fédéraux mais pour une contraception pour tous, c’est difficile de séduire une majorité de femmes. Il aura, cela dit, le soutien de femmes mariées sur ce point, qui forment une grande part de l’électorat féminin. Ensuite, lorsqu’a été évoqué George W. Bush, il a réussi à démontrer et surligner deux ou trois points qui le distanceraient du précédent président républicain, notamment concernant le déficit, les guerres et l’immigration.

 

 

2. Obama – Romney : égalité


Dans une deuxième partie, les candidats ont été plutôt à égalité : Barack Obama a fait quelques erreurs et Mitt Romney aussi. Concernant l’immigration, il n’a pas réussi à proposer un plan viable et il est tombé dans le piège d’Obama à propos du « DREAM Act » - un projet de loi proposé par les républicains en 2000 – et que Romney a prévu de ne pas adopter s’il obtenait la présidence, contrairement à Barack Obama qui a fait campagne sur ce point. 

 

A propos du « gun control », ni le président, ni Romney n’ont fourni une réponse adéquate : les deux candidats ont émis leur volonté de travailler de manière bipartisane.

 

Enfin, à propos de la Libye, nous avons assisté à un tournant du débat. Le candidat républicain a essayé de défier le président en affirmant « Monsieur le président, vous n’avez pas identifié les attaques de Benghazi comme étant terroristes, ou seulement 14 jours après les attentats et les assassinats de l’ambassadeur américain. » La journaliste l’a alors coupé en précisant que le président l’avait dit dès le lendemain lors d’une conférence de presse.

 

 

Cela restera un moment clé du débat. Et, dans l’opinion publique, ces 20 secondes de débat vont faire que l’on retiendra que Barack Obama a gagné.

 

 

3. Faute de Romney, avantage Barack Obama


Mitt Romney a ensuite eu beaucoup plus de difficultés, laissant Obama prendre l’avantage à la fin du débat. Le président a notamment attaqué sur la Chine, précisant que la carrière de businessman de Mitt Romney l’empêcherait de freiner la délocalisation des emplois dans ce pays. Enfin, sa plus grosse victoire s’est faite sur la dernière question d’un des électeurs qui leur a demandé quel était le plus important préjugé qu’on émettait à leur égard : le candidat républicain anticipe l’attaque à propos de cette vidéo où il parle des « 47% d’assistés qui votent pour Obama ». Or Barack Obama avait la parole pour clore le débat, il a donc assuré une très bonne prestation en deux minutes et clamé haut et fort que Mitt Romney n’a pas du tout l’intention de mener des politiques centristes comme le candidat républicain pouvait le défendre dans la première partie du débat. Finir le débat avec un tel argument en demandant quatre années de plus, c’était un vrai moment fort.

 

 

Plus généralement, après la crise de 2008, l’économie reste un thème crucial de la campagne et a été évoqué mardi soir. Barack Obama a essayé de souligner qu’ils avaient tous deux des propositions assez similaires. Mitt Romney a cependant de nouveau insisté sur le fait que 12 millions d’emplois seraient créés en quatre ans s’il était élu. Le bureau du budget au Congrès, le très sérieux CBO, avait en effet annoncé dans ses projections un taux de chômage à 5.6% d’ici 2016. Mitt  Romney a donc promis ces 5,6% de chômage (http://www.cbo.gov/sites/default/files/cbofiles/attachments/01-31-2012_Outlook.pdf). C’est un chiffre très officiel dont il se sert tout en faisant remarquer que les politiques de Barack Obama ne favoriseront pas la croissance nécessaire à cette diminution du chômage, notamment à cause des impôts supplémentaires sur les sociétés et les plus fortunés. Un moye de rappeler qu’il fallait remplacer la « stagnation » d’Obama par une « Romney recovery », une reprise à la Romney.

 

 

Le sprint final


Désormais, c’est le sprint final, il reste trois semaines, les candidats ne doivent plus réfléchir trop longuement et investir de l’argent dans les spots télé et radio – comme Romney l’a fait – dans l’Ohio, en Floride, dans le Colorado, dans l’Iowa, etc. Il y a sept Etats-clés, pas plus : Mitt Romney a réussi, grâce au premier débat, à remonter dans les sondages dans ces « swing states ». Il a perdu d’une courte tête ce deuxième débat et il faut qu’il investisse encore plus pour compenser sa performance. La victoire est encore jouable pour lui, mais ce sera plus difficile que s’il n’y avait pas eu de deuxième débat.

 

 

Il y en a un troisième, qui a lieu lundi prochain, au cours duquel  les candidats vont aborder les questions de politique étrangère. Le cadre sera très particulier puisque cela se passe en Floride, un Etat-clé capital. Mitt Romney s’est trompé sur la Libye lors de ce deuxième débat, les choses peuvent encore bouger, peut-être que Barack Obama se trompera lui aussi. Cela dit, les républicains ont plus d’argent à mettre dans les pubs électorales et ça pourrait les aider. Le troisième débat sera au moins aussi serré que celui-ci, sans changer forcément la donne, l’élection va donc se jouer sur le fil du rasoir.


 

Propos recueuillis par Melissa Bounoua, du Plus du Nouvel Observateur. Article paru le 17 octobre 2012.


 

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