8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 08:13

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En visite mardi dans l'Arizona, Mitt Romney a reçu le soutien de l'ancien vice-président Dan Quayle (Photo AP)

 

 

Dangereusement menacé par Newt Gingrich dans les sondages, Mitt Romney est sur le point de lancer sa contre-offensive. Sans tarder, il lui faut stopper la montée de l'ancien président de la Chambre des représentants ; il ne reste à Romney que 27 jours pour refaire son retard. Comment le candidat mormon peut-il s'y prendre ?

 

Après être arrivé en tête de quatre sondages consécutifs en Iowa lors du début de semaine, des consultations à l'échelle nationale sont venues, hier, confirmer la bonne forme de Newt Gingrich. Selon Gallup, ce dernier est en très légère baisse dans les intentions de votes (36%), tandis que Romney gagne un pourcent, à 23%. Les sondages nationaux sont absolument insignifiants pour prédire l'issue de la course, qui se déroule Etat par Etat, mais ils montrent bien qui profite actuellement de l'élan populaire ; celui-ci est clairement favorable, depuis environ deux semaines, à l'ancien Speaker Newt Gingrich.

 

Plus inquiétant pour Romney, l'avance de Newt Gingrich se creuse dans les quatre Etats qui s'exprimeront les premiers dans la course à la nomination et qui ont une importance capitale dans le processus d'investiture. Selon des chiffres publiés hier par CNN, Gingrich domine Romney dans l'Iowa (33% contre 20%), la Caroline du Sud (43% contre 20%) et la Floride (48% contre 25%). Seul le New Hampshire reste en faveur de Romney : l'ancien gouverneur du Massachusetts y maintient son avance, 35% contre 26%.

 

Avec trois victoires sur quatre en janvier, Gingrich bénéficierait d'un élan considérable pour aborder les scrutins suivants. Romney ne peut pas se permettre de perdre deux scrutins de suite, c'est pourquoi la Floride, qui vote en quatrième position et qui lui est a priori plus favorable que la Caroline du Sud, prend une importance considérable.

 

Pour ralentir la marche en avant de Gingrich, Romney devra se départir de son style caractéristique depuis le début de l'année, qui consiste à concentrer ses attaques sur le président, en vue de l'élection générale, plutôt que sur ses adversaires, en espérant que ces derniers tombent d'eux-mêmes. Cette stratégie a été très efficace jusqu'à présent : Bachmann, en août, a été coiffée sur le poteau par la déclaration de candidature de Perry, lequel s'est ensuite auto-torpillé en débat faute d'entrain et de préparation. Puis ce fut au tour d'Herman Cain de monter dans les sondages, avant d'être mis hors-course par des soupçons de harcèlement sexuel et d'adultère.

 

L'ascension rapide de Gingrich dans les consultations de l'"Hawkeye State" est similaire en bien des points à celle de Mike Huckabee fin 2007. Au mois de décembre de cette année-là, Huckabee avait dépassé Romney, en tête dans l'Etat des mois durant, faute d'une opposition marquée de la part de l'ancien gouverneur du Massachusetts. A l'heure du vote, Romney n'avait rien pu faire, battu de neuf points par son adversaire et laissant filer la nomination à John McCain quelques jours plus tard dans le New Hampshire.

 

Cela va sans dire, Romney ne compte pas refaire la même erreur en 2012. Depuis le début de la semaine, il est pressé de toutes parts, staff et supporters notamment, d'attaquer Newt Gingrich, qui semble loin de s'auto-détruire comme le firent ses prédécesseurs au sommet des sondages. Le terrain est plutôt favorable à Romney, étant donné l'étendue des reproches qui peuvent être faits à Gingrich par les électeurs.

 

Il s'agit avant tout pour Romney de marquer des contrastes avec Gingrich. L'ancien Speaker a dû démissionner de son poste prestigieux en 1999, touché par une affaire d'adultère. Hier, l'ancien homme d'affaires a investi 300.000 dollars dans un spot télévisé vantant sa vie de famille stable ; celui-ci sera diffusé jusqu'en fin de semaine en "primetime" dans deux Etat cruciaux, l'Iowa et le New Hampshire. L'objet du clip ainsi que sa cible ne sont le fruit d'aucun hasard : deux tiers de l'électorat iowan, majoritairement conservateur, se déclare aujourd'hui prêt à changer leur choix de vote le jour des caucus. Romney s'apprête donc à tenter d'entailler la fragile base de soutien de Gingrich en Iowa ; une victoire consécutive dans le New Hampshire lui donnerait un avantage considérable avant d'aller en Caroline du Sud.

 

D'autres attaques sont à attendre de la part du camp Romney. En débat samedi soir, celui-ci ne manquera sûrement pas de s'en prendre aux vues très modérées de Gingrich en matière d'immigration par exemple. Mais avant cela, le quartier général de Romney, situé à Boston, a promis une exposition médiatique plus conséquente de son candidat dans les jours à venir. Comme l'a confié Romney lui-même : "On commence tout juste avec les publicités. (...) Vous allez me voir faire campagne plus aggressivement...". A Fox News, il a confié : "Nous allons faire en sorte que les différences entre mon expérience, mon approche des choses, et la sienne, soient bien exposées aux électeurs. (...) Soyez assurés que je ne serai pas calme ; je vais m'assurer que mon message est entendu fortement et distinctement"

 

Au crédit de Romney se trouve un impressionnant trésor de guerre dont ne peut se vanter Gingrich et qui pourrait menacer sa campagne sur le long terme. Avide de montrer encore un peu plus l'étendue de sa force financière dans le New Hampshire, où il est largement favori, Romney a fait parvenir hier des tracts de campagne directement chez les habitants du "Granite State", par voie postale. Il jouit d'un soutien quasi-unanime de la part des élus républicains de cet Etat, et ce à toutes les échelles.

 

Après avoir minimisé l'attente en Iowa pendant toute l'année, Romney doit s'y activer pour éviter un ras-de-marée qui serait propre à menacer la survie de sa candidature de par son influence sur les scrutins suivants, Caroline du Sud et Floride au premier chef. Comme le confiait hier un conseiller de Romney, dans toutes les élections, le gagnant doit surmonter le moment où il semble qu'il est sur le point de perdre. Favori tout au long de l'année et adversaire attendu des démocrates pour l'élection générale, il se pourrait fort bien que ce moment arrive en ce moment même pour Mitt Romney.

 

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